Le président du Parlement libanais, Nabih Berry. Photo ANI
Le président du Parlement libanais, Nabih Berry, qui se trouve au Caire depuis mercredi pour participer à la 32e réunion de l'Union parlementaire arabe, a appelé jeudi cet organisme à superviser les élections législatives libanaises du 15 mai et rejeté "toute tentative de les reporter". Des propos qui interviennent alors que plusieurs observateurs accusent la classe au pouvoir de vouloir repousser le scrutin, par crainte d'une perte de popularité dans un pays en plein effondrement. M. Berry a en outre plaidé pour "les meilleures relations" avec les pays arabes, alors qu'une grave crise diplomatique oppose Beyrouth à plusieurs monarchies du Golfe, sur fond de divergences autour du rôle du Hezbollah dont M. Berry est l'allié.
"Le Liban tient à organiser les législatives avec transparence, loin de toute pression, et refuse catégoriquement toute tentative de les reporter", a affirmé le président de la Chambre à l'ouverture de conférence. Il a dans ce cadre appelé l'Union parlementaire arabe à "prendre part au scrutin en formant une commission pour superviser l'opération électorale".
Les législatives du 15 mai sont perçues par nombre de Libanais comme une opportunité de changer la classe politique au pouvoir depuis des décennies, alors que le Liban traverse la pire crise économique de son histoire moderne. Mais la communauté internationale, ainsi que plusieurs protagonistes locaux, redoutent un report de l'échéance, notamment sous prétexte d’un problème de fonds. Le Conseil des ministres a tenté de donner mardi un signal positif sur ce plan en assurant une partie du financement du scrutin. Cette approbation est intervenue quelques jours après que le président Michel Aoun ait affirmé dans la presse redouter une "annulation" des législatives, faute de financements suffisants.
Mercredi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a répété que son parti était en faveur de la tenue de ces élections.
Relations avec les pays arabes
Sur le plan diplomatique, Nabih Berry a affirmé que "le Liban tient à avoir les meilleures relations avec ses frères arabes, sur la base du respect mutuel de la souveraineté des Etats, de leur indépendance, de leur sécurité, de leur stabilité et leur liberté". Il a par ailleurs appelé "tout le monde à formuler un nouveau contrat de solidarité et de coopération arabes dans divers domaines, notamment au niveau sécuritaire, afin de contrer toute tentative de reproduire un projet terroriste takfiriste", en allusion au groupe jihadiste sunnite Etat islamique ainsi qu'à l'organisation el-Qaëda.
En outre, M. Berry a exprimé "le soutien du Liban aux efforts de dialogue entre l'Arabie saoudite et l'Iran, sous les auspices de l'Irak". Il a dans ce contexte "espéré que cela aura des conséquences positives dans l'intérêt des deux pays, ainsi que des nations arabes et musulmanes".
Ces propos interviennent alors que le Liban tente de restaurer ses liens avec les monarchies du Golfe, après la crise diplomatique déclenchée en octobre dernier par l'ancien ministre de l'Information Georges Cordahi sur le rôle de Riyad dans la guerre au Yémen. Si depuis la démission du ministre, des avancées avaient semblé se profiler, elles ne se sont pas concrétisées. Le Koweït avait soumis douze propositions aux autorités libanaises, lors d'une visite de son chef de la diplomatie à Beyrouth le mois dernier, afin de s'orienter vers un dégel diplomatique. Cette feuille de route comprenait plusieurs requêtes générales de la communauté internationale, comme l'organisation des législatives et le lancement de réformes, ainsi que certains points comme l’appel au respect de la résolution 1559, adoptée en 2004 et qui porte, entre autres, sur "le désarmement et la dissolution de toutes les milices", à savoir le Hezbollah, financé par l'Iran. Fin janvier, le chef de la diplomatie koweïtienne, cheikh Ahmad Nasser al-Mohammad al-Sabah, avait annoncé que la réponse du Liban aux propositions était "à l'étude" et que des décisions seraient prises concernant la suite à donner à cette initiative.
Enfin, M. Berry a insisté sur la nécessité que la "Syrie retrouve sa position et son rôle au sein du système officiel arabe", estimant que "l'arabité demeure manquante sans elle". Damas "était et restera, de par sa localisation, son rôle et sa stratégie, un passage obligatoire pour réaliser la coopération arabe dans laquelle elle constitue un élément positif", a affirmé le président de la Chambre. Réputé proche de Damas, la relation de Nabih Berry avec le président Bachar el-Assad s'est toutefois refroidie depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011. Damas avait été mis au banc de la Ligue arabe, mais des efforts de normalisation sont en cours, et plusieurs pays de la région ont rétabli leurs relations avec le régime Assad.
UN ADAGE DIT QUE L,ANE SE DECRIT COMME PORTEUR DE SAGESSE.
14 h 30, le 18 février 2022