
Des partisans du Hezbollah suivant un discours télévisé du chef du parti, Hassan Nasrallah, le 16 février 2022 lors d'une retransmission en direct sur grand écran dans la banlieue sud de Beyrouth. Photo REUTERS/Aziz Taher
« Nous restons pour protéger et construire. » Tel est le slogan du Hezbollah pour les élections législatives du 15 mai, officiellement annoncé mercredi par le secrétaire général du parti chiite Hassan Nasrallah, qui a une nouvelle fois assuré que sa formation était opposée à un report ou à une annulation du scrutin dans un Liban en plein effondrement économique.
Dans un discours télévisé retransmis en direct pour commémorer les assassinats de plusieurs dirigeants du parti pro-iranien, notamment les cheikh Abbas Moussaoui et Ragheb Harb, ainsi que Imad Moughniyé, Hassan Nasrallah s’est aussi déclaré favorable à un soutien militaire et financier à l’armée libanaise. Des propos qui contrastent avec les critiques qu’il avait récemment formulées contre la troupe. Il a également fait savoir que le Hezbollah « a la capacité de transformer les milliers de missiles qu’il possède en missiles de précision », et qu’il fait cela « depuis des années » déjà.
Élections « cruciales »
« Chaque jour, des médias lancent des accusations selon lesquelles certains souhaitent le report ou l’annulation des élections. Ces médias se concentrent sur le Courant patriotique libre (de Gebran Bassil, allié chrétien du parti chiite, NDLR) et le Hezbollah. Je ne les ai pas vus se focaliser sur le mouvement Amal », a déploré Hassan Nasrallah. « Je pense que ceux qui évoquent un risque de report ou d’annulation des élections sont ceux qui le souhaitent en réalité. Donc pas besoin de réitérer les assurances concernant la tenue des élections en leur temps », a-t-il lancé.
« Nous nous préparons sérieusement, activement et de manière responsable à ce scrutin, comme cela a été le cas par le passé. Toutes les élections sont cruciales au Liban. Aujourd’hui, cela est encore plus clair. Nous allons vers des élections clairement fatidiques », a insisté le dignitaire chiite. « Notre slogan pour les prochaines élections est le suivant : Nous restons pour protéger et construire », a annoncé le chef du Hezbollah.
Les législatives du 15 mai sont vues par nombre de Libanais comme une opportunité de changer la classe politique au pouvoir depuis des décennies, alors que le Liban traverse la pire crise économique de son histoire moderne. Alors que la communauté internationale, ainsi que plusieurs protagonistes locaux, redoutent un report des législatives de mai sous prétexte d’un problème de fonds, le Conseil des ministres a tenté de donner mardi un signal positif sur ce plan en assurant une partie du financement du scrutin. Peu avant le discours de Hassan Nasrallah, son adjoint, Naïm Kassem, avait affirmé que le parti chiite est « l’un des plus enthousiastes pour la tenue des législatives ».
Soutien à l’armée
Hassan Nasrallah est revenu durant son discours sur la teneur du slogan adopté par son parti, profitant de cette occasion pour défendre à nouveau le triptyque « Armée, peuple, résistance ». « Nous protégeons avec cette résistance. L’armée libanaise aussi fait partie de cette équation et nous tenons à ce qu’elle soit soutenue en argent et en armes. Le reste des pays du monde doivent pouvoir apporter leur soutien à l’armée, car le but doit être de renforcer la troupe pour protéger le Liban. Nous respectons cette armée et son rôle et considérons qu’elle constitue la garantie principale pour le pays », a assuré le chef du parti pro-iranien. Pourtant, lors d’un récent entretien télévisé, Hassan Nasrallah avait critiqué « l’influence américaine sur l’armée libanaise ». Ces propos avaient interpellé, notamment dans les milieux de l’institution militaire et les cercles proches de son commandant en chef, le général Joseph Aoun, candidat potentiel à la présidentielle d’octobre prochain.
« La troisième composante de cette équation est la population. Car si la résistance est menacée et encerclée par la population, elle ne pourra plus la protéger. Le peuple est un élément essentiel de l’équation. L’environnement favorable (à la résistance) est essentiel aux victoires », a ensuite affirmé Hassan Nasrallah, alors que les critiques contre le Hezbollah au sein de la population libanaise éprouvée par la crise se font de plus en plus ressentir.
"Missiles de précision"
À cet égard, le numéro un du Hezbollah est apparu sur la défensive face aux critiques : « Vous étouffez le pays et vous en faites assumer toutes les conséquences à la résistance et ses armes. Vous dites délaissez la résistance et vous aurez de quoi manger. Aujourd’hui, c’est l’environnement de la résistance qui est ciblé », a-t-il estimé, sans cependant nommer ses détracteurs.
Abordant la question sensible des armes du parti, le dignitaire chiite a affirmé ne « pas avoir peur » d’un dialogue autour de la « stratégie de défense », à savoir l’arsenal du Hezbollah. Un sujet remis sur le tapis récemment par le chef de l’État et son camp, alors que les liens entre les deux parties sont tendus.
Hassan Nasrallah a dans ce contexte affirmé que son parti « a la capacité de transformer les milliers de missiles qu’il possède en missiles de précision ». « Nous avons commencé cela il y a des années », a même assuré le leader chiite. « Depuis longtemps nous avons commencé à produire des drones. Nous n’avons pas besoin d’en importer de l’Iran », a-t-il ajouté. « Nous construisons même lorsque nos moyens sont réduits. Car il est vrai que la vie n’est pas constituée que de missiles. Mais les missiles protègent le pays, l’État, la population, la frontière. Mais nous ne sommes pas qu’un parti de missiles », a encore affirmé Hassan Nasrallah.
Le leader chiite a enfin commenté la tenue à Beyrouth, samedi, d’un meeting de l’opposition bahreïnie, malgré une interdiction des autorités et qui a marqué un énième défi du Hezbollah à l’État qui traverse une grave crise diplomatique avec les pays du Golfe. « Ceux qui se sont réunis dans la salle Rissalat (située dans la banlieue sud de Beyrouth) sont ceux qui protègent la liberté au Liban », a martelé Nasrallah. Le ministre de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, avait mis en garde à plusieurs reprises contre la tenue de ces rassemblements à l’initiative du groupe d’opposition chiite bahreïni al-Wifaq.
Dans son discours, Hassan Nasrallah s’est abstenu de commenter à nouveau le retrait de Saad Hariri de la scène politique. Il n’a pas évoqué non plus le dossier des pourparlers entre le Liban et Israël sur le tracé de la frontière maritime en vue d’exploiter les carburants offshore dans la zone. Parallèlement à la prise de parole du chef du Hezbollah, une bagarre a éclaté à l’Université libano-américaine de Beyrouth (LAU) entre des étudiants partisans du parti chiite et d’autres qui s’y opposent.
« Nous restons pour protéger et construire. » Tel est le slogan du Hezbollah pour les élections législatives du 15 mai, officiellement annoncé mercredi par le secrétaire général du parti chiite Hassan Nasrallah, qui a une nouvelle fois assuré que sa formation était opposée à un report ou à une annulation du scrutin dans un Liban en plein effondrement économique.Dans un discours...
commentaires (25)
Protéger les acquis de l'iran au liban et construire la fortune des agents locaux de l'iran! Belle devise.
Wlek Sanferlou
13 h 50, le 17 février 2022