Alors que la communauté internationale, ainsi que plusieurs protagonistes locaux, redoutent un report des législatives de mai sous prétexte d’un problème de fonds, le Conseil des ministres a tenté de donner hier un signal positif sur ce plan en assurant une partie du financement du scrutin.
Réuni hier sous la présidence du chef de l’État Michel Aoun, le Conseil des ministres a approuvé le transfert d’un crédit des réserves du budget de l’État, dont le montant s’élève à 40 milliards de livres, à celui du ministère de l’Intérieur, afin de couvrir les frais des élections. Une avance de trésor de 60 milliards de livres pour le compte du ministère des Affaires étrangères devra être adoptée par la Chambre dans la perspective du vote des Libanais résidant à l’étranger, programmé pour les 6 et 8 mai prochains.
Une source proche du ministre de l’Intérieur explique à L’Orient-Le Jour que Bassam Maoulaoui avait demandé un crédit de 300 milliards de livres, mais que le gouvernement ne lui a accordé que 40 milliards. « Le Parlement devra voter une avance de trésor de 260 milliards, en plus de la somme (de 60 milliards) destinée à financer le vote de la diaspora », ajoute la source.
Cette décision du Conseil des ministres intervient après des propos du président Aoun, rapportés dans la presse, dans lesquels il redoutait une « annulation du scrutin » faute de fonds, dans un pays plombé par une crise économique et financière inédite. Le Premier ministre, Nagib Mikati, a toutefois balayé ces craintes. « Nous avons économisé les fonds nécessaires » à la tenue du scrutin, avait-il dit dans des déclarations rapportées hier dans la presse.
Dans son intervention en début de séance gouvernementale, le chef de l’État a remis sur la table la question des mégacentres destinés à permettre aux citoyens de voter dans leur lieu de résidence, au lieu de se rendre dans leur circonscription d’origine. « Il est nécessaire de créer des mégacentres pour que les citoyens puissent exercer leur droit de vote sans être obligés de se rendre dans leurs villages éloignés de leur lieu de résidence, ce qui pourrait laisser des incidences sur le taux de participation au scrutin », a estimé M. Aoun. Réagissant à cette requête, le Premier ministre a demandé au ministre de l’Intérieur de préparer une étude portant sur les mégacentres, et de la présenter au Conseil des ministres qui l’examinera lors de sa prochaine séance.
Les décisions relatives aux législatives prises hier par le gouvernement Mikati ne sont pas directement liées aux questions relatives à la situation économique, ni au plan de redressement économique exigé par le Fonds monétaire international. Elles ont pourtant été approuvées sans que les ministres chiites ne s’y opposent. À la mi-janvier, le tandem Hezbollah-Amal avait cependant publié un communiqué dans lequel il annonçait la fin de trois de mois de boycott sur fond de désaccords sur l’enquête du port menée par le juge Tarek Bitar et le retour sur la table du Conseil des ministres pour étudier les questions à caractère économique, social et financier exclusivement. Comment alors expliquer le comportement des ministres chiites hier ? « Nous n’avons pas changé de position. Nous avons approuvé une décision qui touche les gens et leur volonté qu’ils exprimeront le jour des législatives », explique à L’Orient-Le Jour le ministre des Travaux publics, Ali Hamiyé (Hezbollah).
Pas de nominations, martèle le tandem chiite
Dans son intervention lors de la réunion, Nagib Mikati a répondu aux allégations du tandem Amal-Hezbollah, selon lesquelles le projet de budget n’a pas été voté par le gouvernement lors de la dernière séance du Conseil des ministres, jeudi dernier. « Le budget pour l’année 2022, qui a été renvoyé au Parlement, a été étudié durant huit séances en détails et c’est le mieux que l’on puisse faire à l’heure actuelle », a-t-il lancé, dans une volonté manifeste de clore définitivement le débat autour de la loi des finances. « C’est fini, le dossier est clos. Le budget sera revu et modifié au Parlement », affirme pour sa part un responsable du Hezbollah qui a requis l’anonymat. En contrepartie de ce revirement sur le budget, le duo chiite a pu reporter sine die la nomination du directeur général adjoint de la Sécurité de l’État, pourtant chiite, consacrant ainsi le compromis conclu à la mi-janvier avec M. Mikati : le Conseil des ministres ne pourra se réunir que pour débattre des questions économiques et sociales.
Jeudi dernier, le chef de l’État avait toutefois pu faire passer, en dehors de l’ordre du jour, la nomination de deux nouveaux membres du Conseil militaire ainsi que celle d’un nouveau commissaire du gouvernement près le Conseil du développement et de la reconstruction. Une démarche qui avait suscité la colère des ministres chiites. De source informée, L’Orient-Le Jour a appris que le ministre des Finances Youssef Khalil ne signera pas le décret relatif à ces nominations. Des contacts ont par la suite été menés entre le chef du gouvernement et Ali Hassan Khalil, bras droit du président de la Chambre Nabih Berry, et Hussein Khalil, conseiller du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. « Nous avons blâmé M. Mikati pour ce qui s’est passé jeudi. Mais il n’y a pas eu de discussions sur la question de la nomination du directeur adjoint de la Sécurité de l’État », assure un responsable du Hezbollah sous couvert d’anonymat.
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LA LIBRE EXPRESSION
11 h 38, le 16 février 2022