Le tandem chiite Amal-Hezbollah a annoncé samedi soir qu'il était prêt à revenir à la table du Conseil des ministres, après trois mois de blocage dans un Liban en pleine crise. Les deux formations chiites, qui refusent d'être "injustement accusées de blocage", ont assuré que les ministres qui leur sont associés étaient prêts à participer à toutes les réunions gouvernementales consacrées à l'approbation du projet de budget de l'État et aux discussions sur le plan de redressement économique.
"Les événements se sont enchaînés et les crises internes politiques et économiques se sont amplifiées de manière inédite avec l'effondrement important de la livre libanaise, le déclin du secteur public et l'effondrement du pouvoir d'achat des citoyens", ont souligné les deux partis dans un communiqué conjoint. "Afin de répondre aux besoins des citoyens et aux appels lancés par les différents secteurs, et pour empêcher qu'on nous accuse injustement de blocage alors que nous sommes ceux qui veillons le plus sur le Liban, son peuple et sa sécurité sociale, nous annonçons que nous acceptons de participer aux réunions du gouvernement consacrées à l'approbation du projet de budget de l'État, aux discussions sur le plan de redressement économique et à tous les dossiers liés à l'amélioration des conditions de vie des Libanais", ont-ils assuré.
Ce plan et la loi des finances pour l'exercice 2022 font partie des prérequis pour un accord avec le Fonds monétaire international, afin d'aider le pays à sortir de la crise. Des discussions avec une délégation du FMI doivent d'ailleurs avoir lieu à partir de demain à Beyrouth.
Commission d'enquête parlementaire
Dans leur communiqué, les deux partis ont encore souligné que "la seule voie possible pour résoudre les crises et alléger les souffrances des Libanais réside dans la présence d'un gouvernement fort, capable, qui bénéficie de la confiance de tous". Ils rappellent dans ce cadre avoir fait "de grande concessions" pour faciliter la naissance d'un tel cabinet au cours des treize mois de tractations ayant suivi la démission de l'équipe de Hassane Diab, dans la foulée de la double explosion au port de Beyrouth. Les deux partis ont encore rappelé que leur décision de boycotter le cabinet était due aux "décisions anticonstitutionnelles et des violations flagrantes de la loi" du juge d'instruction près la cour de justice, Tarek Bitar, dans son enquête sur le drame du 4 août 2020, ainsi que de sa "politisation, son attitude clientéliste, l'absence de justice de ses actions et le fait qu'il ne prend pas en compte des critères unifiés" pour mener à bien sa mission. Après "l'échec des tentatives juridiques, politiques et populaires visant à pousser le juge à revenir aux usages de la loi, nous avons trouvé que suspendre notre participation au Conseil des ministres était une procédure constitutionnelle, qui pouvait pousser l'exécutif à traiter ce sujet", ont ajouté le Hezbollah et Amal. Les deux partis continuent de réclamer dans ce cadre au pouvoir exécutif d'agir pour que soit mise sur pied une commission d'enquête parlementaire, conformément à ce que stipule la Constitution, sur le drame du 4 août.
Réagissant à l'annonce du tandem chiite, le chef du gouvernement a salué le communiqué conjoint des deux formations qui répond "aux appels lancés afin que tout le monde assume ses responsabilités nationales, notamment au vu de la situation critique que traverse le pays". Le Premier ministre a une nouvelle fois assuré qu'il "convoquera le gouvernement lorsqu'il recevra le projet de budget de l'Etat de la part du ministère des Finances". Il a également indiqué "avoir appelé au téléphone le président Michel Aoun afin de discuter de la situation". M. Mikati a enfin salué les efforts déployés par les ministres afin de "mettre en œuvre le plan de redressement". Plus tard dans la soirée, la présidence du Conseil a annoncé qu'un appel avait également eu lieu entre Nagib Mikati et le chef du mouvement Amal, Nabih Berry, qui est également le président de la Chambre.
Le gouvernement de Nagib Mikati, formé le 10 septembre, ne s'est plus réuni depuis le 12 octobre, en raison de dissensions entre les différentes forces politiques concernant l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth. Le Hezbollah réclamait en effet la mise à l'écart du juge Tarek Bitar, avant de mettre un terme au boycott que lui et son allié Amal imposent au cabinet à travers les ministres qui leur sont affiliés. Le président de la République, Michel Aoun, qui achève sa dernière année de mandat sur un bilan catastrophique, avait réclamé à maintes reprises la reprise des réunions du gouvernement. Le chef du gouvernement s'était toutefois montré réticent à convoquer son équipe, craignant que l'opposition du tandem chiite à ces réunions ne provoque la chute de son cabinet. Début janvier, le Premier ministre avait conditionné la convocation de son équipe ministérielle à la présentation du budget de l'État pour 2022.
Plus tôt dans la journée, Gebran Bassil, le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) avait dénoncé une nouvelle fois ce blocage du cabinet et menacé de demander à la Chambre un vote pour retirer la confiance parlementaire à l'équipe de Nagib Mikati.
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LES REUNIONS CONDITIONNEES SONT TOUJOURS DU BLOCAGE PAR LES MILICES DE MERCENAIRES IRANIENS.
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 36, le 16 janvier 2022