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Politique - Crise au Liban

Seuls le Hezbollah et quelques alliés favorables au dialogue, Aoun tranchera jeudi

Gebran Bassil fait assumer au Hezbollah la responsabilité de la paralysie du gouvernement Mikati.

Seuls le Hezbollah et quelques alliés favorables au dialogue, Aoun tranchera jeudi

Le président libanais Michel Aoun s'entretenant avec le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, le 12 janvier 2022 à Baabda. Photo Twitter/ @LBpresidency

A l'issue d'un deuxième jour de concertations politiques avec des alliés du Hezbollah, il s'avère que seul le parti chiite et quelques formations gravitant dans son orbite sont en faveur du "dialogue national urgent" que souhaite convoquer le président de la République, Michel Aoun. Face au boycott de plusieurs acteurs politiques, principalement opposés au chef de l'Etat, ce dernier devrait décider demain de l'organisation ou non de ce dialogue, qui sonne comme une tentative de sauver son mandat qui s'achève en octobre sur un bilan désastreux dans un pays en grave crise.

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Lancé le 27 décembre 2021, l'appel au dialogue de Michel Aoun aborderait des questions particulièrement sensibles, comme la stratégie nationale de défense, c'est-à dire les armes du Hezbollah, un dossier qui irrite le parti chiite, allié de longue date du chef de l'Etat. Les débats devraient porter aussi sur le plan de redressement économique d'un pays frappé de plein fouet par la pire crise économique de son histoire moderne, ainsi que la décentralisation administrative et financière élargie. Mais les détracteurs de Michel Aoun et son camp ont déjà en ligne de mire les législatives de mai prochain et ne veulent pas renflouer le mandat présidentiel.

Bassil critique le Hezbollah

Mercredi, Michel Aoun a reçu à Baabda son gendre, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil. S'exprimant à la tribune du palais présidentiel, le leader chrétien s'est affirmé favorable à la tenue d'un dialogue même si la réunion n'inclura pas toutes les formations politiques, alors que le gouvernement de Nagib Mikati est paralysé depuis trois mois en raison d'un conflit autour de l'enquête sur l'explosion au port de Beyrouth. Une paralysie que M. Bassil a ouvertement fait assumer à son allié chiite de longue date, le Hezbollah. "Le Hezbollah, le tandem chiite et plusieurs autres protagonistes sont responsables, au même titre que le chef du gouvernement qui ne remplit pas ses devoirs", a tonné le leader chrétien. Et de marteler : "Mieux vaut ne pas avoir un gouvernement, plutôt qu'un cabinet qui ne prenne pas de décision". Il a, en outre, souligné que ceux qui ne veulent pas participer au dialogue "refusent de trouver des solutions" aux trois sujets évoqués par le président Aoun. M. Bassil a ainsi estimé que "ceux qui boycottent le dialogue le font pour des raisons électorales et politiques". Une critique claire visant Saad Hariri, Walid Joumblatt, Sleiman Frangié, et Samir Geagea, qui ont rejeté l'appel du chef de l’État.

Un peu plus tôt, le chef de l'Etat s'était entretenu avec une délégation de la Rencontre consultative, un groupe de parlementaires sunnites proches du régime syrien de Bachar el-Assad. "Lorsque le président convoquera au dialogue, nous prendrons la décision convenable quant à une participation ou non au processus", a affirmé Fayçal Karamé, député de Tripoli (Nord). "En tant que Rencontre consultative, nous ne pouvons qu'être en faveur du dialogue, surtout dans le contexte des circonstances actuelles dans le pays", a-t-il ajouté. Selon les informations de notre correspondante Hoda Chédid, le groupe de M. Karamé a toutefois confirmé au président Aoun sa participation au dialogue.

Le décryptage de Scarlett HADDAD

À Baabda, un dialogue à responsabilité partagée

Le chef de l’État s'est également entretenu avec le député Assaad Hardane qui dirige le groupe parlementaire du Parti social national syrien (PSNS), et le député Hagop Pakradounian, à la tête du Tachnag. "Nous sommes en faveur du dialogue, surtout à l'ombre d'une société divisée. Le dialogue doit toujours prévaloir, et nous remercions le président pour son invitation", a déclaré M. Hardane. Quant à M. Pakradounian, il a confirmé que sa formation participera au dialogue, "si elle en reçoit l'invitation". "Le dialogue est la solution pour sauver ce qui reste du pays", a estimé le député.

"Évaluation des entretiens"

Selon les informations de notre correspondante Hoda Chédid, le président Aoun a entamé mercredi après-midi une évaluation des entretiens qu'il a menés avec les protagonistes politiques, afin de prendre la décision finale (au sujet du maintien -ou non- du dialogue), qui pourrait être annoncée demain jeudi, soit dans un communiqué, soit dans le cadre de propos qu'il tiendrait devant ses visiteurs.

Commentant dans un communiqué l'appel au dialogue, le chef des Forces libanaises Samir Geagea, rival politique de Michel Aoun, a accusé le président de "perdre un temps précieux", estimant impossible de parvenir à un accord sur les dossiers à l'ordre du jour d'une telle réunion élargie. Il a en revanche appelé à donner la priorité à une reprise des séances du gouvernement. Il y a quelques jours, Saad Hariri, ex-Premier ministre et chef du courant du Futur, et le leader druze Walid Joumblatt (PSP), avaient également décliné l'invitation du président Aoun, rejetant l'appel au dialogue sans même se rendre au palais de Baabda.

Mais c'est surtout le chef des Marada, Sleiman Frangié, qui a créé la surprise en rejetant mardi depuis Baabda le dialogue national. "Le dialogue devrait avoir lieu entre deux parties aux avis divergents, et non pas appartenant au même camp, sinon il s’agirait uniquement d’un dialogue pour la forme", a-t-il lancé. "C’est pour cela que nous ne participerons pas à la table de dialogue", a-t-il souligné, précisant toutefois qu’il approuverait toute prise de position adoptée à l’issue d’une telle réunion. Quant au chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, il avait déclaré hier après son entretien avec le président Aoun que le parti chiite est "en faveur du dialogue", estimant que tout appel à une telle initiative "en temps de pressions et de surenchères est plus que nécessaire". Talal Arslane, allié druze du Hezbollah et de M. Aoun, s'était de même montré favorable au dialogue, jugeant "injustifiable de refuser une telle invitation", dans une critique au trio Hariri-Geagea-Joumblatt, ce dernier étant son principal rival sur la scène druze.

A l'issue d'un deuxième jour de concertations politiques avec des alliés du Hezbollah, il s'avère que seul le parti chiite et quelques formations gravitant dans son orbite sont en faveur du "dialogue national urgent" que souhaite convoquer le président de la République, Michel Aoun. Face au boycott de plusieurs acteurs politiques, principalement opposés au chef de l'Etat, ce dernier devrait...

commentaires (5)

Censurée

Sissi zayyat

14 h 04, le 13 janvier 2022

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Commentaires (5)

  • Censurée

    Sissi zayyat

    14 h 04, le 13 janvier 2022

  • Aoun a perdu sa credibilite. S’il etait sincere il aurait propose le dialogue la premiere annee, comme promis. Il ne l’a pas fait, alors a quelques mois de son depart personne ne le prend au serieux. Son projet ne sert qu’à retrouver un peu de sa popularité chretienne d’antan.

    Goraieb Nada

    08 h 52, le 13 janvier 2022

  • LE HEZBOLLAH FAVORABLE AU DIALOGUE. BASEZ-VOUS AOUN ET IGNOREZ LEURS DECLARATIONS D,HIER : « C’est l’existence de la résistance qui est déterminante pour la désignation des Premiers ministres au Liban et pour la formation des gouvernements. » . PLUS DE PROVOCATIONS ET DE BAFOUEMENT DE TOUTES LES COMPOSANTES DE L,ETAT ? DISCUTER AVEC CES MERCENAIRES IRANIENS DE L,AVENIR ET DU DESTIN DU PAYS C,EST DE LA PURE TRAITRISE. IL FAUT LES DISSOUDRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 08, le 13 janvier 2022

  • "Le Hezbollah, le tandem chiite et plusieurs autres protagonistes sont responsables, au même titre que le chef du gouvernement qui ne remplit pas ses devoirs". Les responsables du blocage du gouvernement sont les ministres qui bloquent et le chef de cabinet qui refuse de débloquer. Pas besoin d'avoir un QI de 150 pour sortir une telle évidence !

    Yves Prevost

    20 h 37, le 12 janvier 2022

  • L,ADAGE DIT QUE QUAND LES ANES SE REUNISSENT SEULS DES CONCERTS EPAIS DE BRAIEMENTS TROUBLENT LE SILENCE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 26, le 12 janvier 2022

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