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Dernières Infos - Crise au Liban

Aoun poursuit ses entretiens avant de décider de la tenue du "dialogue national"

Aoun poursuit ses entretiens avant de décider de la tenue du

Les députés de la Rencontre consultative s'entretenant à Baabda avec le président de la République Michel Aoun, le 12 janvier 2022. Photo Twitter/@LBpresidency

Pour la deuxième journée consécutive, le président libanais Michel Aoun a mené mercredi une série d'entretiens avec les forces politiques gravitant autour de son allié le Hezbollah, dans la perspective de la tenue du "dialogue national urgent" auquel le chef de l’État avait appelé fin décembre, dans une ultime tentative de sauver ce qui peut l'être de son mandat au bilan déplorable. Une initiative boycottée par plusieurs composantes politiques hostiles au président Aoun, alors que le pays subit une paralysie gouvernementale depuis trois mois déjà.

Mercredi, Michel Aoun s'est d'abord entretenu au palais de Baabda avec une délégation de la Rencontre consultative, un groupe de parlementaires composé de députés sunnites proches du régime syrien de Bachar el-Assad.

"Lorsque le président convoquera au dialogue, nous prendrons la décision convenable quant à une participation ou non au processus", a affirmé Fayçal Karamé, député de Tripoli (Nord), à l'issue de l'entretien avec le chef de l’État. "En tant que Rencontre consultative, nous ne pouvons qu'être en faveur du dialogue, surtout à l'ombre des circonstances actuelles dans le pays", a-t-il ajouté. Commentant la position du Premier ministre Nagib Mikati, qui avait affirmé à M. Aoun qu'il participera au dialogue en sa qualité de chef de gouvernement, et non de député sunnite, alors que l'ex-Premier ministre Saad Hariri a dit "non" à l'initiative présidentielle, Fayçal Karamé a déclaré: "Le président du Conseil incarne la conformité au Pacte national, où qu'il soit". Et de préciser qu'avec M. Mikati, la représentativité des sunnites "est assurée".

Le chef de l'Etat s'est également entretenu avec le député Assad Hardane qui dirige le groupe parlementaire du Parti social national syrien (PSNS), et le député Hagop Pakradounian, à la tête du Tachnag. "Nous sommes en faveur du dialogue, surtout à l'ombre d'une société divisée. Le dialogue doit toujours prévaloir, et nous remercions le président pour son invitation", a déclaré M. Hardane après son entretien avec le chef de l'Etat.

Le député Assad Hardane (d) qui dirige le groupe parlementaire du Parti social national syrien (PSNS), s'entretenant avec le président Michel Aoun. Photo Twitter/@LBpresidency

Quant à M. Pakradonian, il a confirmé que sa formation participera au dialogue, "si elle en reçoit l'invitation". "Le dialogue est la solution pour sauver ce qui reste du pays", a estimé le député.

Le député Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre, formation fondée par le président de la République, s'est lui aussi entretenu mercredi avec le chef de l'Etat.

Le dialogue voulu par le chef de l’État est axé sur trois grands sujets sensibles: la stratégie de défense nationale, qui irrite le Hezbollah (allié de longue date de M. Aoun), la décentralisation administrative et financière, et le plan de redressement économique d'un pays en plein effondrement. Pour les protagonistes hostiles à Baabda, de tels sujets ne devraient pas être discutés quelques mois avant les élections législatives programmées pour mai prochain, une échéance à laquelle nombreux partis politiques accordent la priorité. C'est ce qui explique la décision du Courant du Futur de Saad Hariri et des Forces libanaises de Samir Geagea, de ne pas participer au dialogue voulu par le chef de l’État. A son tour, le leader druze Walid Joumblatt, aux rapports en dents de scie avec la présidence, a fait savoir qu'il ne soutient pas l'initiative, accordant la priorité à la relance du Conseil des ministres, paralysé depuis trois mois par le tandem chiite Amal-Hezbollah, en raison de profonds désaccords sur l'enquête sur la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth.

A ce sujet, M. Joumblatt a déclaré, dans un entretien au quotidien al-Joumhouria publié mercredi, que "depuis le début", il a décidé de ne pas participer au dialogue, parce qu'il est "inutile". "Qu'est-ce qui fera l'objet de discussions durant ce dialogue ?", s'est interrogé le chef du Parti socialiste progressiste, rappelant que "le débat articulé autour de la stratégie de défense est stérile, le camp adverse l'ayant refusé depuis le mandat du président Michel Sleiman". Une allusion au Hezbollah et à ses alliés qui avaient rejeté la Déclaration de Baabda de juin 2012, adoptée lors d'un dialogue national tenu sous la houlette de l'ex-chef de l’État.  "Quant aux questions économiques et financières, notamment le plan de redressement, elles relèvent du Conseil des ministres. Il vaudrait mieux que le gouvernement se réunisse au lieu d'adopter une fuite en avant vers un dialogue qui ne donnera aucun résultat", a estimé M. Joumblatt.

C'est surtout le chef des Marada, Sleiman Frangié, qui a créé la surprise en  rejetant mardi depuis Baabda le dialogue national. "Le dialogue devrait avoir lieu entre deux parties aux avis divergents, et non pas appartenant au même camp, sinon il s’agirait uniquement d’un dialogue pour la forme", a-t-il lancé . "C’est pour cela que nous ne participerons pas à la table de dialogue", a-t-il souligné, précisant toutefois qu’il approuverait toute prise de position adoptée à l’issue d’une telle réunion.

Quant au chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, il avait déclaré hier depuis Baabda que le parti chiite est "en faveur du dialogue", estimant que tout appel à une telle initiative "en temps de pressions et de surenchères est plus que nécessaire". De même Talal Arslane, allié druze du Hezbollah et de M. Aoun, s'était montré favorable au dialogue, jugeant "injustifiable de refuser une telle invitation", dans une critique au trio Hariri-Geagea-Joumblatt, ce dernier étant son principal rival sur la scène druze. 

Selon les informations rapportées par notre correspondante Hoda Chedid, le chef de l’État ne se prononcera pas sur le maintien ou l’annulation de son initiative avant la fin de tous ses entretiens avec les partis politiques concernés.

Pour la deuxième journée consécutive, le président libanais Michel Aoun a mené mercredi une série d'entretiens avec les forces politiques gravitant autour de son allié le Hezbollah, dans la perspective de la tenue du "dialogue national urgent" auquel le chef de l’État avait appelé fin décembre, dans une ultime tentative de sauver ce qui peut l'être de son mandat au bilan déplorable....