Le chef de l'Etat, Michel Aoun, a affirmé lundi, dans un entretien à al-Jazeera lors de son voyage au Qatar, qu'"il quittera le palais de Baabda à la fin de son mandat sauf si le Parlement décide qu'il doit rester". Plus tôt dans la journée, le président avait toutefois affirmé, dans une autre interview à la presse qatarie, que la prolongation de son mandat "n'était pas une option", assurant que l'expression qu'il avait utilisée et selon laquelle il "n'accepterait pas de vide présidentiel" si les législatives de 2022 ne se tenaient pas, avait été "exploitée de façon erronée".
Dès son arrivée à Doha, M. Aoun s'est entretenu avec l'émir Cheikh Tamim Ben Hamad al-Thani, au sujet des crises multiples, gouvernementale, politique et diplomatique avec les pays arabes du Golfe, qui secouent le Liban. Ce dernier a affirmé au président être "prêt à aider Beyrouth, dans tous les domaines liés au redressement du Liban".
"Je quitterai le palais de Baabda à la fin de mon mandat sauf si le Parlement décide que je dois rester", a déclaré M. Aoun à al-Jazeera. Peu avant, il avait confié au journal al-Raya que la prolongation de son mandat "n'est pas une option". "Le nouveau président devra avoir une bonne représentativité et être un élément d'entente et non de séparation", avait-il ajouté.
Michel Aoun, dont le mandat s'achève en octobre 2022, avait fait savoir la semaine dernière, dans des propos rapportés par le quotidien al-Akhbar (proche du Hezbollah) qu'il pourrait refuser de quitter le palais de Baabda si les législatives, prévues au printemps 2022, n'avaient pas lieu. Si le scrutin se tient, les députés devront alors procéder à la présidentielle, et pour cela s’entendre sur un candidat de compromis ou, à défaut, risquer le vide ou le maintien de l'actuel président. Le président Aoun a par ailleurs assuré que les législatives se dérouleront à temps, soulignant que "toutes les procédures nécessaires à leur organisation seront lancées".
Désaccord avec le Hezbollah concernant Bitar
Le président Aoun a par ailleurs réitéré à la chaîne qatarie que son pays souhaite entretenir "les meilleures relations avec l'Arabie saoudite et les pays du Golfe", assurant avoir évoqué la crise diplomatique avec l'émir qatari. Une crise provoquée par des déclarations du ministre de l'Information, Georges Cordahi, avant qu'il ne prenne ses fonctions au gouvernement, concernant la crise au Yémen et l'implication dans le conflit de plusieurs pays du Golfe. A ce sujet, le chef de l'Etat a noté "ne pas avoir demandé à quiconque de démissionner", assurant que "le ministre Cordahi agira en fonction de ce qui convient le mieux au Liban".
S'exprimant au sujet du drame du 4 août 2020, il a par ailleurs souligné qu'il ne s'accorde pas avec le Hezbollah au sujet du dessaisissement du juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête. Le parti chiite réclame que le magistrat soit dessaisi et les ministres du tandem Amal-Hezbollah au sein du gouvernement boycottent depuis près de deux mois le cabinet, tant qu'aucune décision n'est prise à ce sujet.
Alors que la livre libanaise connaît ses pires record de dévaluation, Michel Aoun a encore estimé que le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé est "responsable des fonds perdus", sans préciser s'il faisait référence au déficit de l'Etat, à la fonte des réserves de devises de la banque centrale ou aux dépôts des Libanais bloqués en banque. Dimanche dernier, Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre et gendre du président, était revenu à la charge contre le patron de la banque centrale, appelant le gouvernement à le limoger.
Investissements au Liban
Avant la diffusion de cette interview avec al-Jazeera, le chef de l'Etat s'est entretenu avec le cheikh Tamim, qui lui a affirmé que son pays est "prêt à aider Beyrouth, dans tous les domaines liés au redressement du Liban", selon des propos rapportés par la présidence de la République. Il a ajouté que le Qatar pourra "contribuer aux investissements au Liban, après adoption des lois" relatives aux aides financières, réclamées depuis des années par la communauté internationale, notamment en matière de gestion des marchés publics, de transparence et de lutte contre la corruption. L'émir a annoncé qu'il enverrait "prochainement" son chef de la diplomatie, Mohammad Ben Abdel-Rahmane al-Thani, à Beyrouth afin de suivre les derniers développements, espérant par ailleurs que la crise diplomatique avec les pays du Golfe soit rapidement résolue.
De son côté, le chef de l'Etat libanais a remercié l'émir du Qatar pour les aides envoyées dernièrement au Liban et à l'armée, affirmant "accueillir favorablement tout investissement fait par Doha dans des projets de développement, notamment dans les domaines énergétiques, de l'électricité, dans le secteur bancaire et autres". A l'issue de la réunion, le président Aoun a ajouté avoir appelé l'émir à "demander aux hommes d'affaires qataris d'investir au Liban, où sont offertes de nombreuses opportunités dans tous les secteurs". Les deux dirigeants ont également discuté de la reconstruction du port de Beyrouth, des projets liés au secteur de l'énergie et à l'extraction des hydrocarbures, et se sont entendus sur la redynamisation du Haut-Comité conjoint libano-qatari, afin que des accords de coopération puissent être rapidement signés.
Cette visite officielle au Qatar, l'un des rares déplacements du président libanais à l'étranger ces dernières années, intervient alors que le nouveau gouvernement, formé le 10 septembre dernier et supposé lancer une série de réformes cruciales, ne s'est plus réuni depuis le 12 octobre, en raison des tensions autour de l'enquête sur les explosions meurtrières au port de Beyrouth, et de la crise avec les pays arabes du Golfe. Le Qatar aurait offert ses bons offices pour une médiation entre Beyrouth et ces monarchies.
L'émir du Qatar a invité M. Aoun à Doha pour assister à la cérémonie d'ouverture de la Coupe arabe du football, qui doit avoir lieu demain mardi.
M. Aoun est accompagné par une délégation comprenant notamment le ministre de l’Énergie Walid Fayad, le conseiller et ancien ministre Pierre Raffoul, ainsi que le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim. M. Fayad devrait discuter avec les dirigeants qataris de questions énergétiques et de l'expertise de l'émirat dans le secteur de l'exploration et de l'extraction des hydrocarbures.
commentaires (15)
qu'est ce qui se cache derriere la renonciation de plusieurs membres - de poids- a leur poste a l'olj ? serait ce que bcp disent que l'OLJ penche vers qui est assis sur le tabouret de baabda ?
Gaby SIOUFI
17 h 40, le 30 novembre 2021