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Société - Crise au Liban

"Nous sommes en enfer" : manifestations à travers le Liban contre la détérioration des conditions de vie

Les manifestants appellent le peuple à descendre dans la rue afin de réclamer ses droits. 

Des protestataires bloquant une route à Beyrouth à l'aide de pneus enflammés afin de protester contre la détérioration de leurs conditions de vie, le 29 novembre 2021. Photo REUTERS/Mohamed Azakir

"Nous sommes en enfer"; "Je n'ai plus rien à perdre"; "Descends dans la rue et défends tes droits" : des manifestants ont exprimé leur colère lundi dans la rue, dès 6h du matin, à travers le territoire libanais, afin de protester contre la détérioration de leurs conditions de vie alors que le pays n'en finit plus de s'enliser dans une crise socio-économique et financière meurtrière. 

A Beyrouth, la circulation a été bloquée à Verdun, Corniche Mazraa, au niveau de la Cité sportive et de la place des Martyrs dans le centre-ville. Des dizaines de personnes présentes sur cette place centrale affirment être venues de tout le Liban pour exprimer leur "colère", rapporte notre journaliste Lyana Alameddine. "Nos salaires ne nous suffisent plus", déplore Ali Beydoun, un quadragénaire de Bent Jbeil, dans le Sud, alors que des chansons révolutionnaires résonnent en fond sonore. 

Dans le Kesrouan, l'autoroute de Zouk-Jounieh a également été temporairement bloquée au niveau de Zouk Mosbeh à l'aide de voitures.

"Défends tes droits"
Au Liban-Nord, des protestataires ont coupé la route principale reliant Tripoli, Minié, Denniyé et le Akkar à l'aide de barricades et de camions, celle de Beddaoui avec des camions, et également l'entrée nord de Tripoli en face de l'hôtel de Palma. Les accès menant à la place al-Nour à Tripoli où se sont rassemblés des dizaines de manifestants ont également été bloqués, rapporte notre correspondant dans la région Michel Hallak. "Peuple libanais, descends dans la rue et défends tes droits", scandait un groupe de militants. "Nous appelons tous les habitants de Tripoli et le peuple libanais à descendre dans la rue", lançait notamment un homme, alors d'autres réclamaient "une révolution contre le président libanais, Michel Aoun", qui effectue lundi une visite officielle au Qatar pour l'ouverture de la Coupe arabe de football.

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Un groupe de contestataires est entré de force, en début d'après-midi, dans le Sérail de Halba et écrit des slogans de la Thaoura sur les murs et les portes du bureau du mohafez de la région et du bâtiment. Les manifestants ont pénétré, par la suite, dans des bureaux de l'administration chargés de traiter les questions de soins de santé, afin de réclamer que des médicaments et du lait pour enfants leur soient assurés. Une brigade de la force anti-émeute est intervenue et a demandé aux contestataires de quitter le bâtiment.

Une trentaine de manifestants se sont également rassemblés, en début d'après-midi, près du domicile du Premier ministre, Nagib Mikati, à Tripoli. 

"Nous sommes en enfer"
Dans le sud du Liban, des manifestants ont également coupé les routes au niveau de Saïda ainsi que les accès menant à diverses localités de la région, notamment à l'aide de bennes à ordures enflammées. Des protestataires se sont rassemblés également devant les bureaux des agents de change dans la rue des banques à Saïda et ont réclamé leur fermeture. L'armée était déployée en plusieurs points. "Nous sommes descendus pour protester contre la classe politique corrompue qui a volé les biens du peuple libanais, qui nous a fait sombrer dans la faim. Comme l'avait prédit le président de la République, nous sommes en enfer", a déploré un homme parmi les manifestants bloquant une route au niveau de Saïda. En septembre 2020, le chef de l'Etat libanais avait averti que le pays se dirigerait "vers l'enfer'' si un cabinet n'était pas formé. Bien qu'un gouvernement ait été mis en place par le Premier ministre, Nagib Mikati, le pays poursuit son effondrement pluridimensionnel. 

Route coupée à Saïda par des manifestants à l'aide de pneus enflammés afin de protester contre la détérioration de leurs conditions de vie, le 29 novembre 2021. Photo envoyée par notre correspondant Mountasser Abdallah

"Personne ne compatit avec nous, alors que nous peinons à nous approvisionner en eau, en électricité, en carburant et en aliments. Ce qui représente nos droits les plus basiques", a encore regretté le manifestant, interrogé par notre correspondant Mountasser Abdallah. "Nous continuerons à nous révolter jusqu'à ce que nous obtenions nos droits", a-t-il ajouté. "Quelle honte, ils ont vendu la livre libanaise contre le dollar", lançaient d'autres manifestants, alors que la monnaie nationale a atteint, jeudi, un nouveau triste record, le billet vert s'échangeant contre plus de 25.000 LL.

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"La classe politique dirigeante est corrompue. Vous avez vu ce qui s'est passé lors des élections syndicales de l'Ordre des avocats. Les partis politiques ont triché et remporté les élections", a lancé un autre manifestant, selon notre correspondant. "Je n'ai plus rien à perdre", déplorait pour sa part un père de famille, qui a confié à notre correspondant qu'il ne parvenait plus qu'à peine à subvenir aux besoins alimentaires de ses enfants.

Les appels à la mobilisation avaient été massivement partagés sur les réseaux sociaux depuis dimanche soir, sans que l'on ne sache vraiment l'identité des groupes qui les ont lancés. Suite à ces appels, le ministre de l'Education, Abbas Halabi, a laissé aux écoles la responsabilité de décider si elles voulaient ouvrir ou non leurs portes lundi matin. Selon nos correspondants, de nombreuses écoles de la Békaa et de Saïda sont restées fermées en ce début de semaine. 

"Nous sommes en enfer"; "Je n'ai plus rien à perdre"; "Descends dans la rue et défends tes droits" : des manifestants ont exprimé leur colère lundi dans la rue, dès 6h du matin, à travers le territoire libanais, afin de protester contre la détérioration de leurs conditions de vie alors que le pays n'en finit plus de s'enliser dans une crise socio-économique et financière...

commentaires (10)

Qui est derrière les pneus brûlés ? On n’ entend pas le sud ( chiites ) faire une révolution, che strano , comme on dit en italien ……

Eleni Caridopoulou

16 h 53, le 29 novembre 2021

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Commentaires (10)

  • Qui est derrière les pneus brûlés ? On n’ entend pas le sud ( chiites ) faire une révolution, che strano , comme on dit en italien ……

    Eleni Caridopoulou

    16 h 53, le 29 novembre 2021

  • Oui mais ces riches manifestants écologiques ont les $$$ nécessaires pour aller trouver et acheter des pneus afin de les brûler. Aujourd'hui le pneu, même d'occasion, est un luxe. Aussi ces manifestants n'ont rien de rachitique; ce sont tous des gros bras apparemment bien nourris et bien montés sur leurs motos. Il y a beaucoup de jobs au Liban que les syriens, les sri lankais, les éthiopiens etc. font ou faisaient. Mais ces libanais veulent tous vivre comme des nababs au lieu d'aller travailler.

    Mago1

    15 h 29, le 29 novembre 2021

  • Jésus était-il pacifique lorsqu'il a chassé les marchands du Temple ? Non ! Alors, il serait temps de cesser de s'acharner sur les populations (civiles) qui manifestent...

    CHAHINE Omaya

    15 h 21, le 29 novembre 2021

  • L,ADAGE DIT QUE LE PEUPLE QUI OUBLIE QU,IL EN EST UN IL PERD JUSQU,A SA DIGNITE. RESTEZ PEUPLE CAD CIVILISE. MANIFESTEZ DIGNEMENT. VOUS ETES MAITRES DE VOTRE DESTINEE. LES MAFIEUX... LEUR JOUR NOIR VIENDRA. ILS NE PEUVENT PAS FUIR NI LE PEUPLE NI LA JUSTICE CAR IL Y EN A TOUJOURS UNE A LA FIN DU CHEMIN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 43, le 29 novembre 2021

  • Tant que l'armee et les forces de l'ordre continueront a soutenir le regime pourri, rien ne se fera.

    IMB a SPO

    14 h 24, le 29 novembre 2021

  • Que du blabla

    camel

    11 h 18, le 29 novembre 2021

  • Mieux vaut mourir en combattant les traitres du pays plutôt que de mourir de faim ou de maladie faute de nourriture ou de médicaments. L’armée devrait devrait se montrer plus conciliante avec ce peuple dépouillé et humilié en le laissant s’exprimer et aller dégager les malotrus dans leur palais et les instituts qu’ils ont usurpés par les armes. Elle devrait même leur prêter main forte pour leur faciliter le travail pour unir les libanais sous la bannière du pays tel un seul homme. N’est elle pas la garante de la sécurité du vivre ensemble et du bien être de la population? Montrez-nous cher général que vous êtes pour la liberté d’expression et la souveraineté de ce pays on n’en peut plus des traitres et des mercenaires qui nous dictent leur loi pour persévérer dans leur massacre collectif pendant que l’armée assiste impuissante au spectacle désolant sans agir.

    Sissi zayyat

    11 h 13, le 29 novembre 2021

  • Le méga soulèvement quand en arrête de brullé es pneux et d'en rajouté de l'uile dessu ! La fumée noire ne fait qu'enflamer l'enfer ou trame le Liban. Ne bloquée pas les routes surtout pas avant les vacances ça ne fait que détourné les visiteurs que les marchands attendent. Organisé un soulèvement civilisée, propre, sans fumée et sans "motos" digne de ce peuple. Rappelons nous Samir Kassir et l'indépendance 2005.

    Sarkis Dina

    11 h 03, le 29 novembre 2021

  • ils ne les laissent pas travailler ces manifestants ! oser bloquer des routes ? le crime du siecle. ils veulent faire porter leurs revendications ? ils n'ont qu'a le faire sur leurs balcons, maintenant revenus terrains agricoles !

    Gaby SIOUFI

    09 h 59, le 29 novembre 2021

  • A QUAND LE MEGA SOULEVEMENT DES VENTRES VIDES ET DES POCHES VOLEES, TOUTES CONFESSIONS UNIES, POUR LE NETTOYAGE DES ETABLES ET DE LEURS PANURGES ET DE TOUS LES CORROMPUS ET MAFIEUX ET EN TETE CEUX DU MEGA SCANDALE DES BARGES TURQUES ET DE L,EDL MOITIE DE LA DETTE DU PATS, SANS CELA LE PAYS NE SERAIT PAS EN FAILLITE... ET BIEN SUR LE BON ET DEFINITIF DEBARRAS DES MERCENAIRES IRANIENS. PEUPLE DU LIBAN, SOYEZ DIGNES DE VOS ANCETRES QUI ONT COMBATTU LES OTTOMANS ET ARAFAT ET SES HORDES ET LES ONT CHASSES. SOYEZ DIGNES AUJOURD,HUI DE VOTRE HISTOIRE ET DE VOTRE PAYS. CRIES HAUT : LA LIBERTE OU LA MORT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 52, le 29 novembre 2021

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