Des tribunaux libanais ont rejeté jeudi des poursuites bloquant l'enquête sur l'explosion dévastatrice au port de Beyrouth, ouvrant ainsi la voie à la reprise de l'enquête par le juge d'instruction Tarek Bitar, ont rapporté l'AFP ainsi qu'une source à L'Orient-Le Jour.
La Cour de cassation a rejeté deux plaintes déposées par l'ancien Premier ministre Hassane Diab et l'ex-ministre de l'Intérieur Nohad Machnouk jugeant illégale leur convocation par le juge Bitar. La Cour de cassation a statué qu'il n'y avait pas de preuve suggérant que le juge d'instruction avait commis des erreurs. Elle a également rejeté deux plaintes similaires déposées par les députés Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter.
La 6e chambre pénale de la Cour de Cassation, présidée par Randa Kfoury, a rejeté le recours pour suspicion légitime présenté par l'ex-ministre Youssef Fenianos contre Bitar. La même chambre a accepté le recours pour suspicion légitime présenté par l'Ordre des avocats de Beyrouth, qui représente la majorité des proches des victimes, contre le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Khoury. Cela signifie que le M. Khoury ne peut plus se pencher sur l'affaire de la double explosion au port. M. Khoury est pointé du doigt par les proches des victimes qui considèrent qu’il ne remplit pas son rôle de représentant de la communauté.
Plus d'un an après le drame, aucun coupable n'a été identifié et les responsables soupçonnés de négligence ont largement esquivé tout interrogatoire. Depuis le début de l'enquête en février, M. Bitar est soumis à d'intenses pressions, notamment de la part du Hezbollah qui l'accuse de politiser l'enquête, et exige son remplacement.
Enfin, la Cour de Cassation, toutes chambres réunies, a défini la Cour de cassation comme étant la juridiction compétente pour statuer sur les demandes de dessaisissement du juge Bitar. Cela signifie que les dix chambres civiles et pénales de la Cour de cassation sont les seules compétentes lorsque des demandes de dessaisissement à l'encontre du juge sont présentées.
L'enquête sur l'explosion meurtrière ayant ravagé le 4 août 2020 le port de Beyrouth et plusieurs quartiers de la capitale était suspendue depuis trois semaines en raison de plusieurs poursuites judiciaires lancées contre le juge Bitar, exigeant sa mise à l'écart. Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités sont accusées par les familles des victimes et des ONG d'ingérence politique pour torpiller l'enquête et éviter des inculpations. Les responsables politiques de tous bords refusent d'être interrogés par M. Bitar, même si les autorités ont imputé le drame au stockage sans mesures de précaution d'énormes quantités de nitrate d'ammonium au port. Des politiques mis en cause ont intenté 16 procès devant différents tribunaux contre le juge Bitar pour entraver l'enquête, selon la source judiciaire à l'AFP. C'est dans ce contexte que, plus tôt jeudi, trois juges ont présenté leur démission pour protester contre les ingérences politiques dans la justice.
commentaires (9)
Très bonne nouvelle en attendant un énième recours déposé par des corrompus et mafieux politiques et avocats. Le Liban ne pourra se redresser qu’avec des hommes et des femmes qui résistent au clientélisme politique et religieux. Bonne journée
Karam Georges
08 h 01, le 26 novembre 2021