Le Hezbollah considère qu’il est entré dans une nouvelle phase dans laquelle « il n’y a plus de place » pour le compromis. C’est ce que rapportent à L’Orient-Le Jour plusieurs responsables au sein du parti de Dieu alors que le comportement de la formation chiite depuis quelques semaines interpelle particulièrement. Le parti de Hassan Nasrallah a en effet fait le choix de l’escalade sur plusieurs fronts après avoir pourtant prouvé pendant des années qu’il savait manœuvrer à son avantage dans les méandres de la politique libanaise.
Ce durcissement est lié à deux évolutions sur le plan interne, d’après les responsables du parti. La première est relative à l’enquête du juge Tarek Bitar sur la double explosion au port de Beyrouth. Le parti pro-iranien semble la percevoir comme une menace existentielle, alors qu’un faisceau d’indices laisse penser qu’il peut être directement impliqué dans l’importation et le stockage des centaines de tonnes de nitrate d’ammonium qui ont provoqué la déflagration. La seconde concerne les affrontements armés qui ont opposé des membres du tandem chiite à des éléments armés appartenant vraisemblablement aux Forces libanaises (FL) de Samir Geagea dans le secteur de Tayouné, à Beyrouth. Le Hezbollah perçoit ces deux événements comme une « volonté des autres communautés de l’isoler ». « Nous avons prévenu nos alliés (Amal et le Courant patriotique libre, NDLR) que notre politique allait désormais changer », confie un haut cadre du parti.
La formation chiite semble considérer que l’enjeu est pour elle d’ordre existentiel, mais sa réaction contribue, paradoxalement, à l’isoler encore plus sur la scène interne. La première traduction de ce changement de stratégie politique était visible dans sa réaction aux mesures diplomatiques prises par les pays du Golfe suite aux déclarations du ministre de l’Information Georges Cordahi, critiquant l’intervention saoudienne au Yémen. De nombreux observateurs s’attendaient à ce que le parti « sacrifie » Georges Cordahi en contrepartie d’une accalmie, comme il avait l’habitude de le faire auparavant. Le président Michel Aoun lui-même « s’attendait à ce que les choses se passent ainsi », d’après une source au sein du palais de Baabda. Il souhaitait que le ministre de l’Information démissionne afin d’éviter une tension accrue avec le Golfe au cours de la dernière année de son mandat présidentiel. Mais le Hezbollah est resté inflexible dans cette affaire, faisant de Cordahi un objet politique de négociation directe des relations avec l’Arabie saoudite. Le parti chiite a ensuite monté le ton vis-à-vis de Riyad, lorsque son numéro deux, Naïm Kassem, a exigé des excuses saoudiennes. « Le Hezbollah veut aller au bout de la bataille en provoquant les pays du Golfe pour les pousser à prendre encore plus leur distance avec le Liban », estime un diplomate arabe ayant requis l’anonymat.
Double message
Comment expliquer cette escalade ? Elle s’inscrit, selon les observateurs, dans le cadre plus général de la stratégie iranienne du moment. « L’Iran a décidé de jouer l’escalade sur tous les fronts », affirme un responsable saoudien en référence aux bras de fer qui se jouent dans le même temps en Irak et au Yémen. La résidence du Premier ministre irakien Mostapha el-Kazimi a été visée par un drone piégé le 7 novembre courant. Cette offensive, menée probablement par les milices pro-iraniennes (les drones utilisés étaient d’origine iranienne), visait à envoyer un double message : l’un au clerc chiite Moqtada Sadr, sorti grand vainqueur des élections législatives d’octobre, qu’aucun gouvernement ne peut être formé sans l’Iran ; l’autre à l’Arabie saoudite, qui entretient de très bonnes relations avec M. Kazimi, qu’elle n’a pas son mot à dire en Irak.
Cette escalade est indissociable de la préparation des cycles de négociations irano-américains sur le nucléaire à la fin du mois. Elle intervient aussi à un moment où les négociations officielles entre l’Arabie saoudite et l’Iran sont au point mort. « Les liens ne sont pas complètement coupés, et un échange se déroule via le sultanat d’Oman sur la question du Yémen », affirme le responsable saoudien précité, alors que la bataille fait rage dans la province de Ma’rib entre les houthis, soutenus par l’Iran, et les forces loyalistes appuyées par l’Arabie saoudite.
C’est dans ce contexte général qu’il faut analyser le comportement du Hezbollah. Ce dernier entrave la tenue du Conseil des ministres tant que la « question Bitar » ne sera pas réglée et refuse toujours de valider la démission de Georges Cordahi, estimant que « c’est une atteinte à la souveraineté ». Dans son dernier discours, jeudi, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé ne pas vouloir l’escalade avec l’Arabie saoudite, tout en adressant plusieurs attaques verbales contre le royaume, accusé d’avoir fabriqué la crise en raison de son incapacité à contrôler le Liban. Le leader chiite a aussi accusé Riyad d’être derrière les affrontements de Tayouné qui ont fait 7 morts, dont cinq combattants d’Amal et du Hezbollah. « Le Hezbollah veut prouver que l’amitié iranienne est bien plus importante pour le Liban que celle de l’Arabie », décrypte le diplomate arabe précité.
« Le Hezbollah est très inquiet »
Cette politique risque de favoriser une nouvelle réalité au Liban, le Hezbollah se servant toujours de ses actions sur la scène externe pour en tirer des bénéfices en interne. Son intervention militaire en soutien au régime syrien lui a largement permis d’étendre son influence sur la scène politique locale. Mais la donne est aussi en train d’évoluer sur la scène régionale, le régime syrien se rapprochant de plusieurs pays arabes, dont les Émirats arabes unis. Le chef de la diplomatie émiratie, le cheikh Abdallah ben Zayed al-Nahyane, accompagné d’une délégation, s’est rendu à Damas mardi pour rencontrer le président syrien Bachar el-Assad. « Le Hezbollah est très inquiet de ces évolutions qui se font sous le giron russe et en partenariat avec les Israéliens », dit le diplomate arabe.
Sur la scène interne, le parti de Hassan Nasrallah doit gérer la détérioration de ses relations avec le président de la République et le Courant patriotique libre. Le Hezbollah ressemble de plus en plus à un fardeau pour le CPL, malgré la force qu’il lui confère, en raison de l’hostilité croissante de la rue chrétienne à son encontre. Le Hezbollah semble confronté aux limites de sa domination de l’échiquier libanais. Le Liban est un sable mouvant qu’il n’est pas possible de contrôler entièrement. Il repose sur de multiples équilibres dont le plus important est lié au rôle du pays, à son existence et à ses bonnes relations avec les Arabes et l’Occident. Dès lors que cet équilibre est brisé, les crises surgissent. Mais le Hezbollah a d’autres calculs. Il pense qu’il doit avancer ses pions pour se préparer aux grandes négociations à venir qui devraient concerner, selon lui, l’ensemble de la région. Il considère qu’elles porteront notamment sur ses missiles à haute précision, son programme avancé de drones ou encore la démarcation de la frontière maritime avec Israël.
c'est peut-etre les Libanais qui vont arreter de faire des compromis avec ce parti. Marre de leurs armes, de leur rethorique, de leur impunité, de leur aggressivité et surtout du drainage permanent de nos ressources. Ce parti mi-terroriste, mi-narco trafiquant et entierement detestable n'a fait que nous pourris la vie depuis 20 ans. J'appelle au BOYCOTT TOTAL de leurs regions, leurs entreprises et surtout des gens pro-Hezbollah.
09 h 39, le 15 novembre 2021