Aussi aiguë soit-elle, l’actuelle repolarisation de la scène politique ne contribuera vraisemblablement pas à unifier les protagonistes hostiles au Hezbollah dans le cadre d’un large front politique, du moins pour le moment, de minutieux calculs politiciens prenant le dessus à l’approche des législatives. Les acteurs politiques concernés, notamment le courant du Futur, les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste, reconnaissent qu’en dépit de leur convergence sur les questions stratégiques, il est difficile de les voir se ranger sous le label d’une alliance semblable au 14 Mars. Cela est difficile à l’heure actuelle, mais « pas impossible », nuancent-ils.
Plusieurs développements sur la scène locale ont ravivé les vieux clivages entre les camps du 8 et du 14 Mars, notamment les accrochages meurtriers du 14 octobre dernier à Tayouné, dans le prolongement du bras de fer autour de l’enquête sur la double explosion au port et la récente crise diplomatique qui a éclaté entre le Liban et les monarchies du Golfe. En réaction, les faucons du camp naguère qualifié de « souverainiste » sont montés au créneau pour attaquer le Hezbollah et plaider pour un rééquilibrage de la scène politique.
« Il est temps de passer à l’acte »
Mais il faut remonter un peu plus loin pour voir les prémices de la repolarisation de la scène politique. Après la démission des députés Kataëb du Parlement dans la foulée du drame du port en août 2020, le leader des FL, Samir Geagea, avait en effet plaidé pour une démarche similaire collective, en vue de mener le pays vers des législatives anticipées. Le PSP et le Futur n’étaient toutefois pas sur la même longueur d’onde. « Nous étions – et nous sommes toujours – convaincus qu’il est temps de passer à l’acte, la convergence sur les principes ne pouvant plus suffire pour recouvrer l’équilibre politique », explique un responsable FL à L’Orient-Le Jour. Un peu plus d’un an plus tard, le leader chrétien est entré en confrontation directe avec le Hezbollah, notamment après les combats de Tayouné. Ce jour-là, dans ce secteur du sud de Beyrouth, des accrochages armés avaient opposé des miliciens affiliés au tandem Amal-Hezbollah à des éléments chrétiens présumés proches des FL. Ces accrochages ont valu à Samir Geagea de violentes critiques, voire des menaces, de la part du chef du Hezbollah qui avait accusé le chef des FL de vouloir « déclencher une guerre civile », et l’avait appelé à « ne pas faire de mauvais calculs ». En face, les anciens alliés du leader chrétien ont pris fait et cause pour lui face au tandem chiite, surtout après sa convocation, le 25 octobre dernier, pour comparaître devant le juge dans le cadre de l’enquête.
Dans le sillage de la crise diplomatique avec les pays du Golfe, le leader du courant du Futur, Saad Hariri, a lui aussi rompu le modus vivendi qui a régi ses relations avec le Hezbollah pendant des années. En ont témoigné les deux communiqués incendiaires publiés le 29 octobre dernier par le parti « bleu ». Dans l’un des deux textes, le parti de Saad Hariri s’en prend violemment à celui de Hassan Nasrallah, l’accusant de causer la rupture de la « trêve politique » observée jusque-là entre les deux camps. « Si le Hezbollah a décidé de faire voler en éclats ce modus vivendi en insistant pour miner le principe de distanciation et en s’ingérant dans les affaires intérieures des pays arabes (...) au profit de l’Iran, alors le courant du Futur insiste sur le fait qu’il refuse de se laisser entraîner dans une sédition confessionnelle », pouvait-on lire. Quant au leader druze, Walid Joumblatt, s’il continue de ménager la chèvre et le chou, évitant toute confrontation directe avec le Hezbollah, la brouille avec Riyad l’a quand même poussé à tenir des propos durs à l’égard du parti chiite. Lundi soir, il a affirmé « avoir été trop patient avec le Hezbollah », l’accusant de vouloir mener le pays à l’effondrement économique.
Difficile jeu d’équilibriste
Cette convergence stratégique contre la politique menée par le Hezbollah pourra-t-elle conduire à la création d’un front uni rassemblant les opposants au parti de Dieu ? Un responsable FL reconnaît que la formation d’un tel front requiert des calculs politiques différents. Et c’est là qu’apparaissent les divergences. « Il faut attendre que les conditions d’une unification soient réunies », dit-il. À en croire ce responsable du parti de M. Geagea, « Walid Joumblatt veut éviter toute confrontation directe avec le Hezbollah pour préserver la sécurité de la Montagne. C’est pour cela qu’il se contente des attaques verbales ». Le leader de Moukhtara continue en effet de mener un difficile jeu d’équilibriste. Il monte au créneau contre le Hezbollah puis prône l’apaisement sans toutefois aller à l’encontre des sentiments de sa base. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre ses propos nuancés après sa virulente critique contre le parti de Dieu. Dans une interview accordée jeudi à L’OLJ, il a affirmé qu’il ne souhaitait pas s’inscrire dans un front politique contre le Hezbollah, ajoutant que ses propos étaient « spontanés et l’expression d’une âpre réalité ». « Les expériences du passé et les périls actuels imposent une attitude politique ne conduisant pas à la mise en place de fronts », commente Marwan Hamadé, député joumblattiste démissionnaire du Chouf. Dans un entretien accordé à L’OLJ, il prédit « un réalignement des positions politiques sur la base des principes de la souveraineté, de la liberté et de l’indépendance du pays ». M. Joumblatt a déjà annoncé sa volonté de s’allier aux FL lors des législatives afin de faire face au CPL de Gebran Bassil « avec qui il n’y a aucun dénominateur commun ». « En tissant une alliance avec nous, le chef du PSP ne provoque pas le parti chiite, dans la mesure où il a toujours opté pour ce positionnement », analyse le cadre FL. « Walid Joumblatt a besoin de Samir Geagea et de Saad Hariri », estime Marwan Hamadé. D’ailleurs, le chef druze a insisté, dans l’interview à L’OLJ, sur la « nécessité de préserver l’alliance avec Saad Hariri ». Mais alors que le courant du Futur souligne que la question des alliances électorales n’a pas encore été débattue, Marwan Hamadé affirme que « cela va se faire dans les prochaines semaines ».
« Nous avons tardé à rompre le modus vivendi »
En attendant d’y voir un peu plus clair, les cadres du Futur confient être favorables à la mise en place d’un front uni qui regrouperait leur parti et ceux de Samir Geagea et Walid Joumblatt. « En tant que cadres du parti, nous sommes en contact avec des responsables FL. Mais si Saad Hariri ne prend pas personnellement part à ces efforts, ils n’aboutiront pas », confie le vice-président du Futur, Moustapha Allouche, à L’OLJ. Il indique que la question pourrait être débattue avec l’ex-Premier ministre à son retour à Beyrouth, dans les deux prochaines semaines. À une question portant sur les chances de voir ce front d’opposition se concrétiser, M. Allouche estime qu’une telle démarche est « difficile, mais pas impossible ». « Nous avons tardé à rompre le modus vivendi qui nous a causé beaucoup de tort. Saad Hariri a besoin de se repositionner sur l’échiquier politique sous le label du 14 Mars », analyse M. Allouche. Sauf que, selon lui, l’ex-Premier ministre sunnite ne désire probablement pas perturber ses rapports avec le président de la Chambre, Nabih Berry (autre composante du tandem chiite, qui l’avait soutenu sur toute la ligne pendant plusieurs phases). Une façon pour M. Allouche d’exclure la possibilité de voir Saad Hariri prendre part à un front uni contre le Hezbollah.
L'important c'est d’arrêter la descente aux enfers qui ne s’arrêtera qu'avec la dépossession du Hezbollah de ses armes. Tout le reste, la corruption, l’électricité, l'eau, les douanes, etc... ne sont que des projets administratifs qui peuvent se régler en un moins que rien. Pour pouvoir entamer les changements et réformes nécessaires a la reconstruction du pays, il faut déjà qu'il y ai un pays et donc, comme le Hezbollah ne lâchera rien sans contrepartie, que personne n'est prêt a lui donner, nous nous dirigeons vers la guerre que cela nous plaise ou pas. La question qui reste est le quand, qui, comment, etc... Quand aux soit disant bien pensants qui se prétendent révolutionnaires et qui prônent la dictature, il faudra leur rappeler qu'ils ont fuit comme des lapins devant les hordes du tandem mafieux Amal-Hezbollah. Vouloir une dictature, il faut déjà avoir les couilles de tenir devant quelques voyous, comme a Ain Al Remmaneh ou a Gemmayzeh. Les hommes capables de changer les situations dangereuses pour le pays sont celles qui restent et se battent même si la prison en est une étape et non pas ceux qui fuient en pyjama ou essayent de se montrer pacifistes pour couvrir leurs manque de courage. Le pacifisme ne marche que lorsque l'ont est fort et pouvons nous défendre, sinon c'est du suicide.
09 h 35, le 15 novembre 2021