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Société - Crise

Le secteur hospitalier appelle la communauté internationale à la rescousse

Une réunion élargie en présence de représentants de chancelleries accréditées au Liban et d’organisations internationales s’est tenue hier à la Maison du médecin.

Le secteur hospitalier appelle la communauté internationale à la rescousse

À cause des pénuries de mazout et du départ de leur personnel, de nombreux hôpitaux peinent à maintenir leurs services. Anwar Amro/AFP

Le secteur hospitalier privé a décidé de se tourner vers la communauté internationale à la recherche d’une aide qui assurerait la continuité de sa mission de santé... et de son existence. Pour la première fois depuis le début de la crise, une réunion axée sur les nombreuses problématiques auxquelles le secteur hospitalier est confronté a été organisée au siège de l’ordre des médecins, en présence de représentants des ambassades d’Australie, de Suisse, d’Espagne, de Pologne, d’Égypte et de Turquie, de la Banque mondiale, de l’Organisation mondiale de la santé, de l’Agence américaine de développement (USAid), de l’Agence française de développement, de l’organisation des chevaliers de Malte au Liban ainsi que d’une délégation de Médecins sans frontières, aux côtés des présidents de l’ordre des médecins Charaf Abou Charaf et du syndicat des hôpitaux Sleiman Haroun. Il s’agit d’une première réunion qui a servi notamment à dresser un état des lieux et à identifier les besoins. Elle devrait être suivie d’autres. Dans son intervention devant ce parterre diplomatique, Sleiman Haroun a brossé un tableau particulièrement sombre de la situation dans laquelle se trouve le secteur hospitalier privé, à la veille de la levée des subventions accordées aux carburants et aux médicaments, fournitures et équipements médicaux. « Non content de s’autodétruire, l’État libanais est en train de détruire le secteur privé, à commencer par le secteur hospitalier, auquel le ministère de la Santé doit l’équivalent de 2 milliards de dollars ! Avec un salaire minimum correspondant à un dollar par jour, le pays n’est plus en mesure d’assumer le coût des soins de santé (…) ni les frais d’importation d’équipements de pointe venus d’Occident qui ont fait de lui l’hôpital du Moyen-Orient. Médecins, infirmiers et infirmières ne sont plus en mesure d’assurer une vie digne à leurs familles », a-t-il dit. « Aujourd’hui, avec la levée progressive des subventions, nous courons vers la catastrophe. À court terme, la majorité de la population ne sera plus en mesure d’assumer le coût des soins hospitaliers et l’État est dans l’incapacité de relever le défi. Ainsi, les patients vont courir désormais le risque de mourir chez eux, ou même dans les hôpitaux. C’est pourquoi nous avons besoin d’une aide, non pour sauver les hôpitaux seulement, mais pour assurer des soins décents à la population, en particulier aux plus nécessiteux (…) loin des lenteurs bureaucratiques de l’État », a expliqué le président du syndicat, qui s’est déchaîné contre les autorités. « Le peuple libanais est en colère. Nous en sommes là à cause d’une classe gouvernante attachée à des lois électorales déformées, et c’est elle qui a conduit le pays à la catastrophe », a-t-il dit.

Dans une intervention radiophonique, le président du syndicat des hôpitaux privés avait déjà mis en garde mercredi contre une « catastrophe sanitaire dans les deux semaines à venir » si les subventions sur les carburants sont supprimées et qu’un taux de 8 000 livres libanaises pour un dollar est imposé pour les importations d’équipements médicaux, estimant que ces facteurs rendront encore plus difficile l’accès aux soins de santé.

Le 26 août dernier, des malades atteints du cancer ont organisé une manifestation devant les bureaux de l’Escwa au centre-ville pour protester contre la pénurie de médicaments qui risque de compromettre leurs traitements. Anwar Amro/AFP

Des chiffres éloquents

Mais les chiffres sont plus éloquents que les mots, et c’est le Dr Mohammad Hamdi, secrétaire général du syndicat des hôpitaux et grand expert en administration hospitalière, qui s’est chargé de les fournir. C’est ainsi qu’il a fait état d’un taux d’occupation de 55 % des hôpitaux, sachant que la fermeture de certains services a entraîné une baisse de quelque 30 % de leurs capacités d’accueil. En outre, a-t-il ajouté, ces établissements ont enregistré des reculs de 14 % des admissions d’urgence, de 25 % des admissions, de 40 % des opérations chirurgicales et de 14 % des soins aux cancéreux. Des chiffres significatifs, même si l’on tient compte des conséquences négatives de la pandémie de Covid-19 sur la situation des hôpitaux.

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Le coût de la dialyse, fixé aujourd’hui à 13 dollars, est en réalité le double (26 dollars), a encore dit le Dr Hamdi, alors que le budget général de la Santé est 12 fois inférieur au budget requis, et que les remboursements de la Sécurité sociale ont perdu 90 % de leur valeur, un chiffre correspondant à l’effondrement du pouvoir d’achat de la livre.

Dans son mot d’introduction, le Pr Abou Charaf avait souligné les excellentes relations de coopération et l’interdépendance des deux ordres professionnels. « Le temps de l’entraide est là. Il n’y a plus un instant à perdre, a-t-il insisté. Les organisations et instances internationales doivent intervenir et soutenir directement, financièrement et matériellement, les secteurs sanitaire, éducatif, bancaire et social en crise. » Le journaliste économique Maurice Matta devait ensuite ajouter son grain de sel à ce plaidoyer.

Le secteur hospitalier privé a décidé de se tourner vers la communauté internationale à la recherche d’une aide qui assurerait la continuité de sa mission de santé... et de son existence. Pour la première fois depuis le début de la crise, une réunion axée sur les nombreuses problématiques auxquelles le secteur hospitalier est confronté a été organisée au siège de l’ordre des...

commentaires (2)

Quelle tristesse d' en être arrivé à ce stade.. En France, les médicaments non utilisés sont rendus à la pharmacie pour être donnés aux associations caritatives..

Nathalie KREICHATI

09 h 23, le 10 septembre 2021

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Commentaires (2)

  • Quelle tristesse d' en être arrivé à ce stade.. En France, les médicaments non utilisés sont rendus à la pharmacie pour être donnés aux associations caritatives..

    Nathalie KREICHATI

    09 h 23, le 10 septembre 2021

  • Rappelons qu'en France, on jette les médicaments non utilisés... pour "éviter les trafics", paraît-il. Quelle honte.

    Agcha

    01 h 40, le 10 septembre 2021

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