Le forcing européen pour la formation d’un nouveau gouvernement au Liban se poursuit, tandis que les blocages persistent. C’est dans ce cadre qu’il conviendrait d’inscrire la visite de quatre jours qu’entame aujourd’hui à Beyrouth une délégation du Groupe social et démocrate au Parlement européen.
La délégation, conduite par le vice-président chargé des afaires étrangères, le Portugais Pedro Marques, comprend quatre députés relevant des partis socialistes de leurs pays d’origine, dont Isabel Santos (portugaise), présidente de la délégation du Parlement européen pour les relations avec les pays du Machrek (DMAS), à savoir le Liban, la Jordanie et l’Égypte. Selon son site web officiel, cet organisme est chargé de « renforcer la démocratie parlementaire, ainsi que le dialogue (entre l’Union) et les députés » de ces trois pays. Nora Mebarek, française et membre du DMAS, devrait également faire partie de la délégation.
Parmi les membres de la délégation figure aussi le Croate Tonino Picula. Membre du Parti socialiste en Croatie, M. Picula est coordinateur du Groupe S&D pour les affaires étrangères. Il y a aussi Evin Incir, députée suédoise, rapporteuse de la commission des Affaires étrangères pour la Palestine et vice-présidente de la délégation aux relations avec la Palestine. Selon le programme officiel distribué jeudi soir, les députés européens devraient s’entretenir avec le président de la Chambre, Nabih Berry, le Premier ministre sortant, Hassane Diab, et la vice-présidente sortante du Conseil, Zeina Acar. Des rencontres sont également prévues avec des représentants de la société civile. Fait à signaler : une réunion avec le chef de l’État Michel Aoun n’est pas à l’ordre du jour. Une source proche de Baabda contactée par L’Orient-Le Jour explique cela par le fait que les « organisateurs de la visite n’ont tout simplement pas demandé de rendez-vous avec le chef de l’État, du moins pour le moment ».
Les sanctions
Mais certains observateurs politiques avancent une autre explication : ils estiment que la non-demande de rendez-vous avec le chef de l’État exprime un mécontentement à l’égard de son camp, accusé par ses détracteurs de bloquer le processus de formation du gouvernement, attendu depuis maintenant plus d’un an pour engager les réformes exigées par la communauté internationale. D’autant que la visite de la délégation européenne intervient quelques semaines après l’adoption par l’UE, fin juillet, d’un cadre légal pour sanctionner les personnalités et protagonistes jugés responsables de la paralysie politique au Liban. Ce processus « est arrivé à terme en l’espace de six semaines », se félicite un diplomate occidental en poste à Beyrouth. Il précise, en outre, que certaines ambassades européennes à Beyrouth ont finalisé l’examen de listes de noms de personnes qui pourraient être ciblées par des sanctions. Ces listes pourraient bien être examinées à Bruxelles durant le mois de septembre, ajoute le diplomate sous couvert d’anonymat.
Non concerné officiellement par le mécanisme de sanctions, le Parlement européen maintiendra sa pression sur la classe politique libanaise pour débloquer les tractations ministérielles. L’objectif de la tournée de la délégation européenne à Beyrouth est donc clair : « Il faut aider l’Union européenne à aider le Liban », déclare à L’Orient-Le Jour un diplomate qui a requis l’anonymat, dans une reformulation du fameux cri d’alarme lancé en juillet 2020 par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian. « Aidez-nous à vous aider, bon sang ! » avait-il alors tonné à l’adresse des responsables libanais dans une allocution au Sénat.
De source proche des cercles diplomatiques européens, on souligne que pour le Parlement européen, en particulier le Groupe socialiste et démocrate, il est très important que le Liban soit un pays prospère, d’où la nécessité de l’aider. Mais pour ce faire, il faut que la nouvelle équipe ministérielle soit mise en place, dans la mesure où les pays donateurs ont besoin d’un interlocuteur officiel qui exerce pleinement le pouvoir pour négocier la question des aides. On indique aussi qu’un débat autour du Liban devrait avoir lieu en septembre au siège du Parlement européen à Strasbourg. « Il s’agira d’une opportunité, pour les députés, de défendre la volonté européenne de venir en aide au Liban », commente un diplomate basé à Beyrouth.
La délégation, conduite par le vice-président chargé des afaires...
commentaires (2)
au moins cette delegation nest pas composee pas de pro palestiniens, a l'origine de notre guerre appelee civile.
Gaby SIOUFI
10 h 54, le 04 septembre 2021