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Nos Lecteurs ont la Parole

Les attributs d’un vrai chef de nation

Les manifestations spontanées d’admiration et d’affection qui ont marqué, en janvier 1965, dans le monde entier la mort de sir Winston Churchill étaient un hommage à la grandeur et à la noblesse de l’homme. Elles étaient aussi quelque chose de plus : le témoignage éclatant rendu à ses qualités de chef. Les hommes apprécient toujours les chefs à leur juste valeur, et en la personne de Winston Churcill, chacun reconnaissait une combinaison magnifique de ces qualités qui inspirent et enrichissent l’esprit humain.

On a toujours pensé qu’il ne manquait pas parmi nous de chefs en puissance, mais ils restent dans les coulisses, et il faut parfois une crise grave pour les mettre en vedette. La période trouble qu’a vécue le Liban dans le passé a produit sa part de dirigeants de premier plan et on a eu la chance d’en connaître un certain nombre.

Aussi, nous nous sommes permis de relever les qualités que nous avons pu observer chez eux. À quelle combinaison de traits de caractère reconnait-on un chef ? Quels exemples les jeunes peuvent-ils tirer de la vie de ceux de notre génération ?

Psychologiquement parlant, l’intelligence, l’honnêteté et le courage ne suffisent pas à faire un vrai chef, et le catalyseur le plus important est un mystérieux facteur. Ce n’est, bien sûr, qu’une façon personnelle d’admettre que nous ne savons pas tout de ce qui fait un vrai chef. Comment pourrions-nous disséquer et analyser toutes les nuances de l’intelligence et du courage chez un homme ? Nous sommes persuadés que l’essence d’un vrai chef se compose de :

a) l’abnégation la plus grande. Aucun de nos contemporains, à notre connaissance, n’a mieux incarné cette qualité que le général Fouad Chéhab. Combien de fois avons-nous pu constater que ni l’ambition ni ses préférences personnelles n’influençaient son jugement ou sa conduite ?

b) le courage et la conviction : Raymond Eddé est l’un des contemporains qui incarnent le mieux cette dualité d’abnégation. Il fut l’un des rares hommes politiques responsables qui eut le courage de braver les mauvais ministres et leur politique ; il continua à embrasser ouvertement la cause de la démocratie, témoignant d’un courage qui lui valut de subir une tentative d’attentat ratée, et il dut se rendre en France pour sauver sa vie.

Il avait un remarquable sens de l’humour et tenait le plus grand compte de l’opinion d’autrui – tout en défendant ses convictions avec ardeur, comme doit le faire un vrai meneur d’hommes. À souligner que chacun de ses actes, chacune de ses pensées n’avait qu’un seul objectif : mettre le Liban en guerre dans un rang honorable dans le concert des nations. Il ne s’est jamais laissé détourner de ce grand dessein ni aveugler par l’ambition personnelle.

c) Le général de Gaulle est un autre modèle d’abnégation. Bien que le gouvernement de son pays était à l’époque en difficulté avec lui, il a éprouvé à son égard du respect, de l’admiration et de la sympathie. Parmi ses magnifiques qualités, la plus remarquable fut sa volonté inébranlable de rendre à la France sa gloire et son prestige. Si la violence de ce désir a parfois semblé obscurcir les vues et fausser le jugement de Charles de Gaulle, il faut reconnaître que la mesquinerie et l’égoïsme lui sont étrangers.

Depuis la défaite de 1940, il s’est entièrement voué à une seule cause : celle de la France. C’est son abnégation, jointe à sa force de caractère, qui, en 1958, a préservé son pays du désastre intérieur. Sans lui, il est probable que la France se serait désintégrée.

d) la force de caractère. Il est une autre qualité indispensable au chef, très proche de l’abnégation : la force de caractère. C’est la faculté de tenir bon malgré les revers, de se relever d’une défaite pour reprendre la lutte, de tirer la leçon de ses fautes, de continuer jusqu’au but final.

George Washington ne douta jamais de la victoire finale, et sa foi et son esprit de sacrifice étaient tels qu’il engagea tous ses biens pour la cause de l’indépendance. En lui s’incarnent les plus belles qualités du vrai chef : dévouement, vigueur morale, courage, honnêteté, intelligence, équité, patience, prévoyance, altruisme, fierté tempérée d’humilité et, plus important peut-être que le reste, le don d’entraîner les hommes.

Il faut être convaincu qu’un vrai chef doit être assez modeste pour revendiquer publiquement la responsabilité des fautes commises par les supérieurs et pour, en cas de succès, leur en attribuer le mérite. Il est de bon ton de souligner qu’un grand patron doit éviter que son « image » ne se ternisse. e) bien connaître ses problèmes. Une autre qualité du vrai chef est l’ardeur au travail. Il doit connaître à fond les questions qui sont de son ressort. On entend souvent dire d’un individu : « Bah, il s’en tirera. » Il a une personnalité si séduisante. Bien sûr, il pourra s’en tirer pendant quelque temps, mais s’il n’a comme atout que son charme, un jour viendra où il devra chercher un autre emploi ;

f) le don de persuasion. Un trait de caractère que l’on observe toujours chez le vrai chef, c’est son aptitude à convaincre. Il lui faut, bien sûr, prendre parfois des décisions et les faire exécuter sans égards pour l’opinion des autres. Mais chaque fois qu’on peut convaincre ses subordonnés sans les commander, leur donner l’impression qu’ils prennent part à l’élaboration d’un projet, dans ce cas les subordonnés entreprennent leur tâche avec plus de discernement et plus d’enthousiasme. Tout cela a un impact positif. On entend parfois de jeunes gens déclarer d’un ton sceptique que l’avancement est dû souvent à « un coup de chance ». Il s’agit là d’une mentalité défaitiste. Il ne serait pas honnête de prétendre que la chance – qui peut se trouver au bon endroit et au bon moment – ne joue pas un rôle primordial. Mais quand l’occasion se présente, même par hasard, il faut être prêt à la saisir et à donner ses preuves. Sinon, le succès n’a pas de lendemain.


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Les manifestations spontanées d’admiration et d’affection qui ont marqué, en janvier 1965, dans le monde entier la mort de sir Winston Churchill étaient un hommage à la grandeur et à la noblesse de l’homme. Elles étaient aussi quelque chose de plus : le témoignage éclatant rendu à ses qualités de chef. Les hommes apprécient toujours les chefs à leur juste valeur, et en la...
commentaires (1)

ET MEME SI UNE PERSONNE EMBRASSAIT TOUTES CES QUALITES/CONDITIONS, POURRAIT IL SEUL ARRIVER A SE DEBARRASSER D'UNE MAFIA AUX TENTACULES TELLEMENT NOMBREUSES, QUI A ENROLE UN SI GRAND NOMBRE DE RESPONSABLES POLITIQUES, FONCTIONNAIRES, ADMINISTRATIONS MEME SECURITAIRES PARFOIS & HOMMES D'AFFAIRES VEREUX , PAR MILLIERS ?

Gaby SIOUFI

10 h 47, le 30 août 2021

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Commentaires (1)

  • ET MEME SI UNE PERSONNE EMBRASSAIT TOUTES CES QUALITES/CONDITIONS, POURRAIT IL SEUL ARRIVER A SE DEBARRASSER D'UNE MAFIA AUX TENTACULES TELLEMENT NOMBREUSES, QUI A ENROLE UN SI GRAND NOMBRE DE RESPONSABLES POLITIQUES, FONCTIONNAIRES, ADMINISTRATIONS MEME SECURITAIRES PARFOIS & HOMMES D'AFFAIRES VEREUX , PAR MILLIERS ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 47, le 30 août 2021

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