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Politique - Importations de carburant iranien

Annonce "dangereuse", risques de sanctions : les réactions aux propos de Nasrallah

Le pétrolier "pourrait se rendre en Syrie où la cargaison y serait raffinée", estime l'experte en ressources pétrolières Laury Haytayan.

Un pétrolier iranien au large de Gibraltar, en juillet 2019. Photo JORGE GUERRERO / AFP

De vives réactions ont fusé jeudi suite à l'annonce faite par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, de l'arrivée prochaine au Liban d'un chargement de carburant iranien, alors que le pays est paralysé depuis des semaines par une pénurie de carburants à laquelle les autorités n'ont toujours pas trouvé d'issue. Cette annonce a notamment été qualifiée de "dangereuse" par l'ex-Premier ministre libanais Saad Hariri. De son côté, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a estimé qu'elle risque de provoquer une "véritable catastrophe" et a accusé le chef de l'Etat, Michel Aoun, de laisser le parti chiite imposer son diktat sur les décisions de l'Etat. Les deux chefs de file ont notamment rappelé que les importations iraniennes sont sous embargo.

Dans son discours, le dignitaire chiite avait annoncé qu'un premier navire rempli de "tonnes" de mazout iranien prendrait la mer "dans quelques heures" pour le Liban, en pleine pénurie de carburant. Il avait souligné avoir été obligé de prendre une telle décision au vu du manque de réaction des autorités libanaises face à la crise. Les pénuries se sont aggravées la semaine dernière avec l'annonce faite par la Banque du Liban d'un arrêt de subvention des importations. Cette décision n'est pas entrée en vigueur face à la levée de bouclier des autorités politiques, sans qu'aucune solution ne soit jusqu'à présent trouvée.

"La voie rapide de l'enfer"
Dans la matinée, le chef du Courant du Futur avait souligné dans un communiqué : "Ce que nous avons entendu ce matin concernant l'arrivée de navires iraniens est-il une bonne nouvelle ou bien une annonce dangereuse qui va projeter les Libanais dans des conflits internes et extérieurs ?" "Le Hezbollah sait que l'origine de la crise des carburants réside dans la contrebande qui sert les intérêts du régime syrien, et qu'il faut donc mettre un terme à cette contrebande", a-t-il ajouté, soulignant que l'arrivée du carburant iranien sera liée à "des risques et des sanctions supplémentaires, ce que le Hezbollah sait parfaitement bien". Il a estimé aussi que considérer ces pétroliers comme "un territoire libanais" porte atteinte à la souveraineté nationale du pays et implique que les autres pays "se comporteront avec le Liban comme s'il s'agissait d'une province de l'Iran".

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Saad Hariri a critiqué le fait que Téhéran "accepte d'envoyer des navires au Liban sans l'autorisation du gouvernement libanais", se demandant si le parti chiite a "récupéré tous les portefeuilles ministériels" pour s'impliquer dans la gestion des crises de la sorte. "Les déclarations de Hassan Nasrallah montrent que le parti chiite ne veut pas d'un nouveau cabinet, a ajouté le leader sunnite. Quel gouvernement voudrait commencer à travailler en devant accepter des navires iraniens et une confrontation avec la communauté internationale". Et d'accuser la présidence de la République et le Courant patriotique libre de "couvrir" les actions du Hezbollah, estimant toutefois que "la majorité des Libanais ne permettront pas que le pays soit livré à l'influence iranienne". Les propos du chef du parti chiite "vont augmenter les souffrances du peuple libanais et le mettre sur la voie rapide de l'enfer", a conclu Saad Hariri.

Questions majeures en suspens
"Monsieur le président, depuis plusieurs semaines, des sociétés privées essaient d'obtenir du ministre sortant de l'Energie, Raymond Ghajar, qui est votre ministre, des autorisations pour importer de l'essence et du mazout à un +prix réel+ (non-subventionné, ndlr) afin de les vendre à ce prix réel sur le marché local, au vu de l'incapacité de l'Etat d'assurer l'approvisionnement en produits subventionnées", a de son côté écrit M. Geagea dans un tweet, soulignant que ces demandes sont restées sans réponse. "Nous avons été surpris du fait que le Hezbollah, s'il dit vrai, va faire venir un navire de fuel dont le contenu devrait être déchargé, en toute vraisemblance, dans les installations pétrolières de Zahrani", a ajouté le leader chrétien. "M. le président, allez-vous laisser le Hezbollah, qui a déjà confisqué les décisions stratégiques, militaires et sécuritaires, confisquer aujourd'hui les prises de décision économiques, ce qui porte un coup aux Libanais et à leurs intérêts ?", s'est-il interrogé. "Avez-vous conscience de ce qui va arriver au Liban à cause de ce navire, alors qu'il serait possible d'importer légalement ce produit à partir du marché international, si le ministre de l'Energie ne l'empêche pas ?", a-t-il poursuivi, faisant assumer au chef de l'Etat "toute la responsabilité" de ce qui aura lieu dans le pays si les importations ne sont pas autorisées au taux du marché parallèle. Et d'insister sur le fait que les actions du Hezbollah qui "enfreignent le droit international" font courir au Liban le risque d'une "véritable catastrophe".

Pour sa part, le chef du parti Kataëb Samy Gemayel a estimé que l'importation de fuel iranien "enfreint le droit international et risque d'engendrer un blocus et des sanctions à l'encontre du Liban". Il a déploré "l'absence totale du président de la République, des ministres et des députés", les appelant à nouveau démissionner afin que le peuple puisse élire une nouvelle classe politique "qui libérera le pays de l'emprise du Hezbollah". Selon lui, et contrairement à ce qu'avait dit le chef du Hezbollah dans don discours, il n'y a pas de blocus imposé par la communauté internationale sur le Liban. Ce "blocus" est souvent évoqué par le parti chiite, mais aussi par certains dirigeants, pour évoquer le fait que la communauté internationale refuse de fournir des aides au Liban en l'absence d'un gouvernement et de solides réformes. Samy Gemayel estime plutôt que la stratégie suivie pour subventionner certains produits ainsi que l'incapacité de la Banque du Liban à maintenir ses subventions bloquent les importations de pétrole dans le pays. "Ce n'est pas Hassan Nasrallah qui force l'embargo de la communauté internationale, mais un embargo sera plutôt imposé à cause de lui", a lancé le chef des Kataëb. Ce dernier a également souligné que "la stratégie adoptée par le leader chiite constitue une violation des prérogatives des autorités libanaises, de l'État et du gouvernement, qui devraient être maîtres des décisions importantes liées à l'avenir du pays". "Le Hezbollah cherche à transformer le Liban en scène de confrontation supplémentaire pour l'Iran avec le monde arabe et la communauté internationale", a-t-il noté dans un entretien sur la station radio Voix du Liban. 

Plusieurs questions majeures restent en suspens concernant les importations iraniennes, a affirmé pour sa part à l'AFP l'experte en ressources pétrolières Laury Haytayan. "Quel est le coût de la cargaison ? Qui va payer ? Où le navire accostera-t-il ? Les détails de la transaction ont-ils été divulgués au gouvernement libanais ?", demande-t-elle. Hassan Nasrallah avait indiqué qu'il discuterait des "détails techniques" de ces opérations lorsque le premier navire arriverait dans les eaux méditerranéennes. Selon Mme Haytayan, le pétrolier "pourrait se rendre en Syrie où la cargaison (de pétrole) y serait raffinée". L'acheminement de pétrole iranien à l'étranger "est interdit par les sanctions, ce n'est pas si facile et le Hezbollah le fait en public, ce qui représente un danger pour le Liban, nous risquons d'être sanctionnés ou attaqués", ajoute l'experte.

De vives réactions ont fusé jeudi suite à l'annonce faite par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, de l'arrivée prochaine au Liban d'un chargement de carburant iranien, alors que le pays est paralysé depuis des semaines par une pénurie de carburants à laquelle les autorités n'ont toujours pas trouvé d'issue. Cette annonce a notamment été qualifiée de "dangereuse" par l'ex-Premier...

commentaires (10)

On voyait venir cela depuis un bon moment : Nasrallah sauveur du Liban !!!! Nos dirigeants ont laissé faire les choses et maintenant nous en sommes là à cause de leur malhonnêteté !! Comment ne pas applaudir l’Iran si elle nous sauvé de l’asphyxie ? Arrivés à ce point les pauvres libanais n’ont plus qu’a se soumettre à la dictature des tyrans.

Mado

01 h 06, le 20 août 2021

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Commentaires (10)

  • On voyait venir cela depuis un bon moment : Nasrallah sauveur du Liban !!!! Nos dirigeants ont laissé faire les choses et maintenant nous en sommes là à cause de leur malhonnêteté !! Comment ne pas applaudir l’Iran si elle nous sauvé de l’asphyxie ? Arrivés à ce point les pauvres libanais n’ont plus qu’a se soumettre à la dictature des tyrans.

    Mado

    01 h 06, le 20 août 2021

  • Des sanctions, cela veut dire que nous allons être comme l'Iran. C'est le but de votre Nasrallah! Ils vous poussent au pied du Mur, pour accepter toute aide qui vient des pays des mollahs fous.Il n'y a que les aveugles et les simples d'esprit qui ne voient pas cette réalité. Et vous allez tomber dedans pour avoir une goutte d'essence, mais toujours pas de travail, pas d'économie, pas de gouvernement etc.C'est le BUT ULTIME DE NASNOUSSY! C'EST À VOUS DE VOIRE, SI VOUS ÊTES PRÊT À DEVENIR ÉTERNELLEMENT REDEVABLE À CET ENTURBANNÉ!

    Marwan Takchi

    22 h 01, le 19 août 2021

  • Sanctions, quelles sanctions? Est-il possible de vivre dans des conditions pires que les nôtres?

    Politiquement incorrect(e)

    19 h 07, le 19 août 2021

  • Pas d'affolement surtout. Wait and see. On verra bien comment le processus progresse, et ses résultats. Tous les libanais souffrent énormément, et voient la paralysie totale du pays se rapprocher. Il s'agit d'une intervention humanitaire, vue l'inaction déplorable des responsables. Rien n'empêche les autres partis d'acheminer des carburants sans attendre la permission d'une autorité défaillante, avec à sa direction un président fictif. Déjà, cette histoire a vite fait bouger le camp adverse pour nous aider à pouvoir éloigner l'obscurité totale, sans oublier l'aide irakienne très précieuse quand au million de tonnes de fuel à raffiner. Donc, soyons calmes et agissons avec raison.

    Esber

    17 h 58, le 19 août 2021

  • C' un petit comique le Hassouna. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Alors si j ai bien compris: le mazout que le contribuable libanais a payé est vendu au marche noir en Syrie et les enturbanés de Téhéran nous envoient du mazout à être rafinné en Syrie et renvoyé au Liban..Mais vraiment mon vieux tu nous prends pour des idiots?!?!? On n' est pas ta base analphabette et mouton de panurge.... Faut sortir à l'air libre, rat des égouts, le monde évolue.

    Tina Zaidan

    17 h 53, le 19 août 2021

  • Puisque ce tanker est illégal, la solution est simple: à son arrivée dans les eaux libanaises, la douane le saisit et son contenu est distribué gratuitement à l'EDL ou aux générateurs.

    Yves Prevost

    17 h 33, le 19 août 2021

  • Le mieux serait de donner ce mazout à l'edl en tant que donation, des sanctions seraient difficiles à appliquer voir Immorales au vu des conditions de vie actuelle et surtout si il s'agit d'une donation ou aide. Les USA ont acheté du pétrole iranien en Mars 2021.

    Eid Nasser

    17 h 08, le 19 août 2021

  • IL S,EN FOUT LE MERCENAIRE SI ON EST ATTAQUE. LE PEUPLE LIBANAIS Y PAYERA.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 06, le 19 août 2021

  • Pour (les très rares) personnes qui se faisaient encore des illusions sur qui est le véritable maitre du pays et qui prends toutes les décisions dans son propre intérêt et celui de l’axe dont il fait partie. Les masques sont maintenant tombés, il n’y a plus de demi-mesure et kelon ya3ne kelon feraient mieux de redéfinir leurs priorités et cesser de perdre leurs temps avec des cibles mineures qui tomberont d’elles même une fois que la tète tombera si jamais elle tombe .. Notre future est incertain et il n’y a pas de destin écrit ..c’est le courage, l’action et l’intelligence du peuple Libanais qui décidera de notre avenir.

    Liban Libre

    16 h 28, le 19 août 2021

  • Interdit ou pas, le pays es

    Khalil

    16 h 14, le 19 août 2021

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