
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prononçant un discours télévisé à l'occasion des commémorations de Achoura, le 19 août 2021. Capture d'écran al-Manar
Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a annoncé dans un discours prononcé jeudi matin à l'occasion des commémorations de Achoura qu'un premier navire transportant "des tonnes" de mazout iranien prendra la mer "d'ici quelques heures" en direction du Liban, qui souffre depuis des mois de graves pénuries d'électricité et de carburant. Il a dans ce cadre mis en garde Washington et Tel Aviv contre toute velléité d'attaque contre ce pétrolier qui sera amarré au large du pays, affirmant qu'il sera considéré comme "un territoire libanais". Jeudi soir, une agence de presse officieuse iranienne indiquait que les cargaisons de carburant iranien qui seront envoyées au Liban ont été achetées par "un groupe d'hommes d'affaires chiites libanais".
"En ce jour, je veux annoncer qu'un premier navire transportant des tonnes de carburant va partir d'Iran dans quelques heures vers le Liban", a annoncé le chef du parti chiite dans son discours télévisé jeudi, qui était retransmis en direct devant des foules nombreuses dans plusieurs régions du pays. Il a affirmé que plusieurs autres navires suivront. "Lorsque ce navire arrivera en Méditerranée, nous parlerons des détails" de cette opération, a-t-il indiqué, soulignant que ce premier navire transportera du mazout", une "priorité" selon lui pour faire fonctionner les générateurs privés qui prennent le relais au heures du rationnement de l'électricité publique. Celle-ci n'est plus fournie qu'une ou deux heures par jour, notamment dans les hôpitaux et les secteurs de production. Le dignitaire chiite a précisé que ces importations permettraient d'approvisionner "hôpitaux, pharmacies, magasins alimentaires, boulangeries et générateurs". Il a souligné qu'une telle opération était "une nouvelle expérience" pour le Hezbollah, ce qui avait nécessité plusieurs semaines de préparatifs. "Je dis aux Américains et aux Israéliens que ce navire est considéré comme un territoire libanais", a-t-il mis en garde, alors que plusieurs incidents impliquant des navires-citernes iraniens et israéliens ont eu lieu ces dernier mois en Méditerranée et dans le Golfe d'Oman. "Nous ne pouvions plus supporter l'humiliation de notre peuple et c'est pour cela que nous avons pris cette décision d'importer du carburant d'Iran, a-t-il poursuivi. Ceux qui ont imposé de telles conditions difficiles au Liban nous ont mis dans une position qui nous a obligé à prendre une telle décision".
"Après les actions de l'armée et de la police contre le stockage illégal, qui ont permis de retrouver jusqu'à présent des millions de litres de mazout et de carburant, nous pouvons dire que les pénuries actuelles sont provoquées", a par ailleurs estimé le leader chiite, soulignant qu'elles aurait pu être allégées si l'État avait réagi de manière forte dès le début. S'emportant en évoquant "l'humiliation" des Libanais au cours des derniers mois, il a exhorté l'État à prendre des mesures contre les commerçants exerçant des monopoles et les contrebandiers et à les "jeter en prison". "L'État a les capacités d'alléger les souffrances des Libanais", a-t-il lancé, saluant les efforts déployés par l'armée et les Forces de sécurité.
A plusieurs reprises, Hassan Nasrallah avait déjà déclaré son intention d'importer ces hydrocarbures, affirmant qu'ils seraient payés en livres libanaises. "Si l’État n’en a pas le courage, nous irons nous-mêmes négocier l’achat de carburant à Téhéran", avait-il lancé il y a quelques semaines. L’Iran détient les quatrièmes réserves mondiales de pétrole, mais ses exportations sont sous embargo américain, ce qui rend toute transaction commerciale irréaliste. En achetant du pétrole iranien, sans exemption octroyée en amont par Washington, Beyrouth s’exposerait donc à des sanctions. Cette proposition du dignitaire chiite intervient alors que le Liban connaît l'une des pires crises économiques au monde avec une multitude de pénuries, d'électricité, d'essence et de médicaments notamment, qui rendent le quotidien de la population de plus en plus pénible. Actuellement, le pays est quasi-paralysé par de graves pénuries de carburant. Celles-ci sont aggravées par le stockage illégal de ces matières et la contrebande vers la Syrie. Pour tenter de faire face à la crise, le Conseil supérieur de défense avait chargé dimanche l'armée libanaise de "surveiller" le stockage et la distribution de ces produits pendant un mois. L'annonce par la Banque du Liban (BDL), le 11 août, de l'arrêt des subventions sur le carburant, qui devrait entraîner une hausse de plus de 300% des prix de l'essence et du mazout, a également aggravé la situation et provoqué un tollé sur la scène politique et dans la rue libanaise. Pour ne rien arranger, les rationnement sévère en électricité acheminent le Liban vers un black-out total.
Gouvernement
Concernant la crise politique, le numéro 1 du Hezbollah a réitéré que sa formation "appelle à la formation d'un gouvernement au Liban et refuse le vide" politique. "Nous avions refusé la démission du précédent gouvernement, et tout le monde connaît notre point de vue à ce sujet", a déclaré Hassan Nasrallah. Il a par ailleurs démenti toute "ingérence" de l'Iran et toute pression de la part du Hezbollah dans le retard de la mise sur pied du cabinet, soulignant que "ceux qui entravent et s'ingèrent dans ce processus sont connus de tous les Libanais, ce sont de grandes puissances étrangères". "Nous attendons avec espoir, dans les jours prochains, les résultats des réunions entre le Premier ministre désigné et le chef de l'État", a-t-il ajouté, indiquant qu'un nouveau cabinet est essentiel pour sortir de la crise. "Le Liban est soumis à des pressions et à une "guerre économique" afin d'être forcé à faire certains choix qui sont dans l'intérêt des États-Unis et d'Israël, a en outre réitéré le dignitaire chiite, accusant l'ambassade américaine de semer la sédition entre les communautés libanaises et de financer des ONG à cette fin.
Le Liban demeure sans gouvernement actif depuis plus d'un an. Deux Premiers ministres désignés, Moustapha Adib puis Saad Hariri, ont jeté l'éponge sans avoir pu former leur équipe, en raison notamment des revendications des différentes formations politiques pour le premier, et de profondes divergences avec le chef de l'État Michel Aoun, pour le second. Leur successeur, Nagib Mikati, a assuré mardi qu'"il ne reste plus que quelques mètres à parcourir". Un optimisme qui ne correspond pas toutefois à la réalité sur le terrain, de nombreux obstacles restant à surmonter pour former le cabinet. La mise en place d'un gouvernement réformateur constitue une condition sine qua qui permettrait de débloquer l'aide de la communauté internationale et de relancer les négociations avec le Fond monétaire international, au moment où le pays poursuit sa descente aux enfers. Mais le partage traditionnel des parts entre les partis au pouvoir semble se poursuivre. Les responsables ne se sont toujours pas mis d'accord sur la nomination des ministres ni sur l'attribution confessionnelle des portefeuilles.
Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a annoncé dans un discours prononcé jeudi matin à l'occasion des commémorations de Achoura qu'un premier navire transportant "des tonnes" de mazout iranien prendra la mer "d'ici quelques heures" en direction du Liban, qui souffre depuis des mois de graves pénuries d'électricité et de carburant. Il a dans ce cadre mis en garde...
commentaires (28)
Ah si seulement ce navire fantasmatique était chargé de pétrole. HN a fait acheminer tellement de bateaux , de navires et d’avion depuis l’Iran que notre pays est devenu le plus gros dépôts d’armes et de matières dangereuses et prêt à exploser ou imploser selon. Ce sera au peuple de décider de la fin de l’histoire. On croise les doigts pour que cela arrive le plus tôt possible.
Sissi zayyat
14 h 54, le 21 août 2021