La commémoration de l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2021 a lieu dans une atmosphère de déliquescence sans précédent des institutions et du tissu économique et social du Liban. Amplifiée par l’urgence humanitaire, la douloureuse réalité est que le Liban d’avant a disparu. Déjà profondément affaibli, l’État au Liban a été définitivement désintégré le 4 août dernier.
En plein effondrement, ce « Liban d’avant » a dégénéré en un système politique immature et irresponsable, vivier d'un clientélisme et d'un confessionnalisme qui ont mis fin à toute méritocratie. Il est surtout un système politique constitué d’une « mafiocratie » qui gangrène l’État jusque dans ses moindres rouages.
Face aux chantres du pessimisme et à ceux qui veulent nous intimider et nous maintenir sous tutelle, nous, Libanais du Liban et de la diaspora, prenons l'engagement d’unir nos efforts, nos compétences, nos expertises et nos réseaux, pour créer les conditions d’un changement radical.
Nous voulons reconstruire le Liban. Un Liban où les droits de chacun seront reconnus et les mérites appréciés, État de droit et patrie des libertés, protecteur des différences et promoteur d'une société fondée sur la justice et soucieuse d’un développement écologiquement durable. Le Liban se doit d’être souverain, se tenant à l’écart de tout conflit armé lorsque ses intérêts vitaux ne sont pas en jeu, sans être indifférent au sort des peuples opprimés de la région.
Devant l’urgence de la situation, nous appelons les gouvernements des États amis et des pays d’accueil de notre diaspora, à cesser tout soutien à une classe politique moralement déchue et dépourvue de toute légitimité. La représentativité électorale à laquelle elle s’accroche encore a été frappée de péremption par les séismes successifs qui ont secoué le pays, et invalidée par les violations répétées de l’État de droit. Cette classe politique est passée maître dans l’art de capter à son profit toute aide étrangère. Après avoir imposé un coût d’ajustement exorbitant à la population du fait de son refus délibéré de gérer la crise qu’elle a provoquée, il est inacceptable qu’elle continue à s’enrichir en usant de l’appui extérieur alors que les Libanais s’appauvrissent.
Nous appelons également au lancement de toute procédure judiciaire permettant de poursuivre pénalement les responsables politiques pour le pillage des biens publics et des dépôts bancaires ainsi que pour leurs agissements répétés ayant mené le pays à sa perte.
Nous estimons que la restauration de l’État libanais passe par cinq priorités :
D’abord, la reconnaissance du fait que le système politique en place a failli à sa mission de gouverner et de protéger la société libanaise.
Ensuite, la formation d’un gouvernement de transition doté de pouvoirs législatifs exceptionnels et ayant pour programme d’arrêter l’effondrement économique et social, d’établir les bases d’un nouveau modèle de croissance durable, de poser les jalons d’un nouveau système politique démocratique et d’organiser des élections. L’une des premières missions de ce gouvernement devra être, avec le concours de bailleurs bilatéraux et d’organisations internationales telles que l’ONU et la Banque mondiale, et dans le cadre d’un programme avec le Fonds monétaire international, d’adopter un plan global de couverture des besoins élémentaires en énergie pour répondre, à très court terme, aux problèmes d’approvisionnement du pays en électricité et en hydrocarbures. Il devra également mettre en place des filets de protection sanitaire et sociale temporaires, pour faire face à la pauvreté exponentielle de la population, en empêchant toute prise d’intérêt de la classe politique.
L’État doit en outre effectivement mettre en œuvre le principe de responsabilité : la fin de l’impunité dont se prévalent les autorités publiques depuis l’amnistie qui a blanchi les chefs de guerre de tous leurs crimes. L’amnistie ne peut en aucun cas couvrir les évènements postérieurs et notamment l’explosion du port ; rendre justice aux victimes directes de cette déflagration est une étape décisive du rétablissement de la justice au Liban, pierre angulaire d’un État démocratique.
Il doit par ailleurs garantir la bonne tenue des élections législatives en mai 2022. Celles-ci doivent être libres et transparentes en faisant échec à l’intimidation des électeurs, à la fraude et à la corruption, quels que soient les vices de la loi électorale actuelle.
Il lui incombe enfin d’assurer le soutien matériel et politique à l’armée libanaise, institution nationale jouissant encore de la confiance de la population et capable d’éviter que le Liban ne dérive vers l'anarchie ou la guerre civile.
Nous nous engageons, de notre côté, à apporter toute notre énergie et nos ressources pour faire émerger des forces politiques en mesure d’imposer une alternative au système oligarchique qui tient le pays en otage afin que renaisse un Liban rénové à la hauteur du grand rêve qui a conduit à sa fondation.
Signataires institutionnels : CHANGE LEBANON ; ALDIC ; KULLUNA IRADA ; LEBANON TALKS ; MEGHTERBIN MEJTEMIIN ; OUR NEW LEBANON ; TMT.
Co-signataires (en leur nom propre): Joelle ABI-RACHED ; Gaelle ACHDJIAN ; Hadi ANTOUN ; Sola BAHOUS ; Vincent BAROUKI ; Angela CHAAYA ; Antoine CHAAYA ; André CHOULIKA ; Jean CLAM ; Victoire CLAM ; Karim DAHER ; Frederic DIB ; Ishac DIWAN ; Rita EID ; Hady FARAH ; Maia FERRAND ; Michel ; FERRAND : Edouard FRAPIER ; Myra FRAPIER-SAAB ; Naji FREIHA ; Elie GEAGEA ; Samer HAJJAR ; Stéphanie HAJJAR ; Ghada HATEM ; Joe HATEM ; Karim HATEM ; Victoria HATEM ; Youmna HELOU ; Pascal HOMSI ; Nadim HOURY ; Hana JABER ; Rony KARAM ; Tonia KHALIL ; Albert KOSTANIAN ; Marwan LAHOUD ; Roy MAHFOUZ ; Edith MATTA ; Fouad MATTA ; Elias MOUALLEM ; Hanna MOUKANNAS ; Marie-Claude NAFFAH ; Sami Assaad RIZK ; Sibylle RIZK ; Jean-Claude SEROPIAN ; Charles STAUFFER ; Georgia STAUFFER ; Micha STAUFFER ; Ferris WEHBE.
OUI MAIS ! POUR INTERLOCUTEURS QUI TROUVER? QUI CHOISIR? SUR QUI COMPTER?LEQUEL(S) SERAIENT REPRESENTATIFS MAIS SURTOUT EFFICACES, CAPABLES PERSEVERANTS,ALTRUISTES SURTOUT !
09 h 38, le 04 août 2021