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Société - Anniversaire

La « vertu » des reliques de saint Charbel attire toujours les pèlerins à Annaya

Une baisse relative de la fréquentation du sanctuaire a été constatée en raison des crises financière et sanitaire.

La « vertu » des reliques de saint Charbel attire toujours les pèlerins à Annaya

Des fidèles priant saint Charbel dans le sanctuaire de Annaya, caza de Jbeil. Patrick Baz/photo d’archives AFP

Par tous les temps, mais surtout en « ce temps de malheur », pour reprendre une expression utilisée par le pape François le 1er juillet, Annaya est une destination chérie par les Libanais de tous horizons religieux parce qu’elle leur offre ce qui en ce moment est devenu une denrée rare : le réconfort de l’espérance et, de temps à autre, des guérisons inexplicables scientifiquement.

Les restaurants qui assiègent le monastère accusent actuellement une relative baisse de fréquentation, offrant ainsi un bon baromètre de la situation générale du pays. Les conditions sanitaires combinées aux effets catastrophiques de l’effondrement de la livre et de la montée en flèche des prix, que ce soit ceux des denrées de première nécessité, de l’essence ou des transports en commun, ont eu en partie raison de leur prospérité. Les clients sont bien moins nombreux ces temps-ci, assurent les chauffeurs de minibus sur la ligne Jbeil-Annaya, dont le tarif vient de passer à 15 000 livres.

Le coût des transports explique peut-être pourquoi, en ce troisième dimanche de juillet, date à laquelle l’Église maronite fête saint Charbel, ce n’est pas le patriarche qui en a célébré la messe solennelle en présence du chef de l’État, comme d’habitude, mais le supérieur de l’ordre monastique libanais, l’abbé Neemtallah Hachem.

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Les difficultés financières sont aussi invoquées par le P. Louis Matar, qui tient le registre des guérisons et grâces obtenues par les visiteurs à l’intercession du saint. Le moine-prêtre confirme que ces jours-ci, les documents médicaux attestant des guérisons déclarées manquent. « Les fidèles, en raison des frais supplémentaires qu’ils entraînent, jugent ces documents superflus. Du miracle obtenu, ils sont la plus grande preuve », assure-t-il.

Un grand nombre de guérisons se produisent sur la tombe même de saint Charbel, à proximité d’un corps qui, inexplicablement, a continué à transpirer du sang plus de 60 ans après son décès, dans la nuit de Noël 1898. Ce prodige inexpliqué, qui s’est arrêté aujourd’hui, a été constaté par des dizaines de milliers de Libanais à l’ouverture de la tombe de saint Charbel, en 1952.

La communion des saints
Pour Edina Bozoky, historienne d’origine hongroise, maître de conférences en histoire médiévale à l’Université de Poitiers, « le culte des reliques est fondé sur le concept d’une force (virtus) que l’on imagine demeurée vivante et active dans les restes corporels des saints ».

« Parmi les signes qui témoignaient de la force vivante résidant dans les restes des saints, ajoute-t-elle, l’un des plus importants était l’état incorrompu des corps, accompagné parfois de certains phénomènes attestant la continuité de la vie : la croissance des cheveux, de la barbe, des ongles, mais aussi le sang frais qui s’écoule du corps », tous phénomènes constatés chez saint Charbel.

« Enfin, dit-elle, on imagine que les âmes des saints se trouvent déjà auprès de Dieu où elles peuvent intercéder en faveur des vivants. Ce concept de la “communion des saints”, qui atténue la séparation entre les vivants et les morts, doit être aussi pris en compte pour la compréhension du culte des reliques. Les endroits où celles-ci sont conservées constituent des lieux de médiation, des lieux saints (loca sancta) reliant terre et ciel, corps et âme. »

On ne saurait mieux décrire le couvent de Annaya. « On vient ici comme on va aux urgences d’un hôpital, affirme cette femme mariée venue sur place avec son époux et sa fille. On vient quand toutes les tentatives de guérison ayant échoué, il n’y a plus d’autre recours que le miracle. » « On y vient aussi pour d’autres urgences que celles du monde médical, ajoute-t-elle discrètement. Des urgences de sens. »

Beaucoup, ces jours-ci, se rendent à Annaya pour demander un miracle pour le Liban. Du couvent donnant sur la Vallée sainte où il célébrait la messe, le patriarche Béchara Raï en a donné samedi l’exemple : « À toi nous confions notre patrie et la tienne, le Liban. Nous avons besoin d’un miracle et nous savons que tu es en mesure de l’obtenir », a-t-il dit, comme en écho au P. Louis Matar, qui aime rappeler qu’à ceux qu’il visite en songe, l’ermite de Annaya aime à se présenter ainsi : « Je suis saint Charbel Liban, je viens vous guérir. »


Par tous les temps, mais surtout en « ce temps de malheur », pour reprendre une expression utilisée par le pape François le 1er juillet, Annaya est une destination chérie par les Libanais de tous horizons religieux parce qu’elle leur offre ce qui en ce moment est devenu une denrée rare : le réconfort de l’espérance et, de temps à autre, des guérisons inexplicables...

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Un miracle pour le Liban …

Eleni Caridopoulou

17 h 18, le 19 juillet 2021

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Commentaires (1)

  • Un miracle pour le Liban …

    Eleni Caridopoulou

    17 h 18, le 19 juillet 2021

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