Rechercher
Rechercher

Politique - Éclairage

Les enjeux pour Hariri d’une éventuelle récusation

Le Premier ministre désigné a autant à perdre qu’à gagner s’il devait renoncer aujourd’hui à former le gouvernement.

Les enjeux pour Hariri d’une éventuelle récusation

Le Premier ministre désigné Saad Hariri et le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, à Dar el-Fatwa, le 12 juin 2021. Photo Dalati et Nohra

Se récuser, ne pas se récuser… Telle est la question pour Saad Hariri. Le Premier ministre désigné entretient depuis des semaines le suspense à ce sujet, laissant penser que lui-même n’a pas encore trouvé la réponse. Un flou qui s’expliquerait en partie par le fait que la décision de se retirer de l’arène à un moment aussi critique risque de coûter cher au chef du courant du Futur. Ce dernier pourrait, en effet, avoir plus à perdre qu’à gagner en laissant le champ libre au chef de l’État et au camp aouniste.

Le retour à Beyrouth, lundi, du leader sunnite a relancé les spéculations sur ses calculs à court terme. Saad Hariri pourrait en effet tenter un dernier coup en soumettant au chef de l’État une mouture que ce dernier pourrait refuser une fois de plus. C’est l’une des éventualités que le Premier ministre désigné aurait examinées avec Nabih Berry lors de leur tête-à-tête lundi dernier. Mais avant d’entreprendre quoi que ce soit, le Premier ministre désigné compte faire un tour de table avec ses partenaires locaux, les anciens chefs de gouvernement, et régionaux, égyptien et qatari, pour sonder leur opinion.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Tous à l’épreuve

Dans le camp haririen, le discours officiel reste aussi monocorde que déroutant : il n’est pas question pour l’heure d’envisager une récusation qui reste cependant une option. La question est donc de savoir quand ou plutôt dans quelles conditions ce dernier se déciderait à le faire. De toute évidence, le leader sunnite fera en sorte d’essayer d’y laisser le moins de plumes possible.

Amortir les pertes

La récusation peut-elle être considérée comme une défaite cuisante et une capitulation face au chef de l’État ? « Cela dépend de comment Saad Hariri présenterait sa démission. La mise en scène et la justification d’une telle décision sont très importantes », analyse pour L’Orient-Le Jour un ancien responsable politique issu du camp souverainiste. Selon cette optique, l’idée est donc de faire en sorte de bien véhiculer le message suivant : il se récuse, mais ne se retire pas de la vie politique.

L’un des scénarios envisagés serait donc de repousser cette éventualité au plus tard possible, c’est-à-dire à la date la plus proche des législatives. Un cas de figure qui suppose qu’un gouvernement visant à préparer les élections se mette en place.

Lire aussi

Berry : "Soit un gouvernement, soit de nouvelles propositions" de solution


Certains analystes sont catégoriques : Saad Hariri risque gros s’il se retire maintenant. Michel Aoun criera victoire et consacrera ainsi un précédent selon lequel le chef de l’État chrétien aura réussi à faire plier le Premier ministre sunnite. Une victoire pour le camp aouniste qui serait vue d’un très mauvais œil par la base sunnite, plus que jamais remontée contre le mandat. Le Premier ministre désigné pourrait également perdre la face devant ses soutiens arabes, au premier rang desquels les Émirats arabes unis et l’Égypte, qui depuis le début de cette bataille de prérogatives l’encouragent à tenir bon. Le bras de fer autour de la formation du gouvernement est devenu, avec le temps notamment, une affaire de revanche sunnite locale et régionale.

L’importance du timing

C’est ce qui fait dire à certains observateurs que s’il finissait par opter pour la récusation, Saad Hariri devrait choisir le timing opportun de sorte à embarrasser le président. Tout dépendra donc du prisme à travers lequel on regarde sa récusation. Pour Joseph Bahout, directeur du Issam Fares Institute for Public Policy and International Affairs de l’AUB, Saad Hariri aurait intérêt à le faire dans la mesure où il abrégerait la pénible épreuve engagée avec le président de la République, sachant qu’il partage partiellement avec lui la responsabilité de la crise et ses conséquences. « Il pourra à la limite investir cette récusation en montrant patte blanche à l’Arabie saoudite et en prouvant indirectement que ce n’est pas lui qui est à l’origine du blocage », commente M. Bahout. En se retirant, il saboterait ainsi la dernière année du sexennat de Michel Aoun en le privant d’un gouvernement et refilerait ainsi la patate chaude à ce dernier. « C’est un rêve que caresse d’ailleurs le chef du législatif Nabih Berry, qui s’est juré de faire la guerre au chef de l’État même s’il doit passer par Saad Hariri qu’il instrumentalise dans ce règlement de comptes », commente l’expert.

Saad Hariri n’acceptera de se retirer qu’après avoir protégé ses arrières et validé l’identité de celui qui prendra sa place. Le futur candidat devra avoir également reçu l’aval des anciens chefs de gouvernement, mais aussi du Hezbollah – conscient de l’importance de préserver les équilibres fragiles que le parti chiite en particulier tient à ménager – et de son vieil ami Nabih Berry, qui devra également donner son feu vert au successeur.

Lire aussi

Diab : Lier les aides internationales à la formation du cabinet menace la vie des Libanais


S’il devait se décider à rendre son tablier, le chef du courant du Futur œuvrera, estime un analyste du 14 Mars, à ménager son image et son prestige de leader sunnite au Liban en faisant en sorte que son retrait soit orchestré par la plus haute instance de la communauté, Dar el-Fatwa. Tout comme le mufti Abdellatif Deriane avait renouvelé le 12 juin dernier son soutien à Saad Hariri, il lui donnera publiquement sa bénédiction pour le retrait. Ce serait, dit l’analyste cité plus haut, une manière de calmer sa base et de légitimer ce retrait momentané de la politique. Une façon de lancer sa campagne électorale pour les législatives prévues en 2022.

Mais selon l’ancien député Farès Souhaid, Saad Hariri ne consentira à se récuser que s’il peut en encaisser le prix, c’est-à-dire obtenir en contrepartie la démission concomitante du chef de l’État. « Pour le moment, les deux tirent bénéfice de ce bras de fer en défendant bec et ongles leurs prérogatives pour redorer leur blason au sein de leurs communautés respectives », conclut M. Souhaid.

Se récuser, ne pas se récuser… Telle est la question pour Saad Hariri. Le Premier ministre désigné entretient depuis des semaines le suspense à ce sujet, laissant penser que lui-même n’a pas encore trouvé la réponse. Un flou qui s’expliquerait en partie par le fait que la décision de se retirer de l’arène à un moment aussi critique risque de coûter cher au chef du courant du...

commentaires (13)

Attendrissante ,cette photo. wow...quel couple.

Marie Claude

09 h 30, le 08 juillet 2021

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Attendrissante ,cette photo. wow...quel couple.

    Marie Claude

    09 h 30, le 08 juillet 2021

  • Ce n'est pas le Président qui a fait démissionner les PM, C'est eux qui ont démissionné comme s'ils obéissaient à un ordre venu d'ailleurs. C' est eux qui abandonnent le peuple quand il a le plus besoin d'eux. Pourquoi démissionner? En France, De Gaulle n'a pas démissionné en mai 68, ni son gouvernement. Faire de la politique ce n'est pas se faire désirer. C'est là une attitude d'adolescent ou d'enfant gâté. Quant au parlement, combien de loi anti-corruption il a voté depuis 2 ans?

    NASSER Jamil

    23 h 38, le 07 juillet 2021

  • Tous ces députés et ministres ne doivent plus prendre leur salaire surtout le président et le Gendron et tout le reste , ça suffit de voler le peuple

    Eleni Caridopoulou

    19 h 26, le 07 juillet 2021

  • Le règne de la lâcheté, des compromis basés sur l’opportunisme et la corruption ont détruit notre pays ,nos valeurs et nos vies. Hariri a disposé de trop de temps parce qu’il pense avoir le luxe de le faire or le pays ne lui appartient pas et il n’a clairement pas le courage ni l’intelligence de son père qui était visionnaire même si je n’approuve pas ce qu’il a entrepris dans le centre ville. Et maintenant Basta, dégage et laisse la place à des Nawaf Salam , Adib , El Yafi qui ont l’étoffe eux de bâtir de vrais relations avec le monde ainsi qu’une diplomatie verticale et lumineuse.

    Wow

    13 h 17, le 07 juillet 2021

  • Habituellement, L’ECHEC N’EST QU’UN CHANGEMENT TEMPORAIRE DE DIRECTION QUI VOUS REMET DIRECTEMENT SUR LE CHEMIN DE LA RÉUSSITE or CET INUTILE , DOUTE DE LUI-MÈME ET RESTE INDÉCIS . ENTRE TEMPS NOUS PAYONS LES CONSÉQUENCES.

    aliosha

    11 h 33, le 07 juillet 2021

  • On devrait réformer la constitution et inclure un loi qui permettrait de destituer tout politicien qui œuvre contre les intérêts de son pays sans avoir recours à un quelconque procès. Ces gens se sont accaparés tous les pouvoirs et le pays et agissent comme s’il en étaient et les propriétaires alors qu’ils ne sont que des employés qui touchent leurs salaires pour servir le pays et le peuple et qu’ils ont œuvré dans leur seul intérêts personnels et bassement mercantiles à le détruire sans être inquiétés. Voilà tout le problème de notre pays.

    Sissi zayyat

    10 h 57, le 07 juillet 2021

  • la moindre des choses est que aoun & hariri se recusent et démissionnent ensemble, dans le bel esprit nationaliste . ou alors c'est a la Justice de les demissionner , illico, car il est maintenant etabli que ces 2 la partis, surement que le pays pourra renaitre de ses cendres , a petits pas assures, ceux la.

    Gaby SIOUFI

    10 h 06, le 07 juillet 2021

  • Il vaudrait mieux au deux de se retirer dignement plutôt que d’en être contraints par la rue qui va exploser très rapidement et aucune force militaire ne pourra l’arrêter. Aucune révolution dans le monde a pu être matée par les armes notamment lorsque les militaires crèvent de faim comme leurs concitoyens

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 41, le 07 juillet 2021

  • MOI, CHRETIEN DE LA PARITE 50/50 HARIRI ME REPRESENTE. AOUN ET SON GENDRE NE ME REPRESENTENT PAS. ET CETTE TENDANCE CHRETIENNE ECLATERA AUX LEGISLATIVES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 56, le 07 juillet 2021

  • PAR RESPECT POUR L,OLJ QUI PERSISTE A NE PAS RESILIER MON ABONNEMENT AVANT SON ECHEANCE ET ME LAISSE M,EXPRIMER JE REPREND MON NOM PREMIER POUR NE PAS PROVOQUER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 43, le 07 juillet 2021

  • Les Aounistes ne représentent rien , ni personne, sinon le Hezbollah… Leur force et leur entêtement suicidiare, ne s’appuie que sur la force milicienne et non populaire..

    LeRougeEtLeNoir

    08 h 27, le 07 juillet 2021

  • Que des calculs mesquins pour se préserver, tous ceux qui prétendent être des politiques, laissant le peuple crever de faim ce qui lui enlève toute volonté de révolte et de contestation. Et le peuple suit…

    mokpo

    07 h 56, le 07 juillet 2021

  • Chacun essaie de tirer les draps de son côté, chacun veille à ne laisser aucune plume. Mais tant pis pour le peuple qui trinque entretemps et qui continue sa descente aux enfers. Ces leaders par contre restent emmurés dans leur cage dorée, dans leur tour d'ivoire pendant que le navire coule. C'est le comble de l'égoïsme et de l'irresponsabilité.

    Georges Airut

    02 h 21, le 07 juillet 2021

Retour en haut