Le président du Parlement libanais, Nabih Berry, a jugé mardi "nécessaire" que soit formé le nouveau gouvernement libanais, attendu depuis plus de dix mois, le plus rapidement possible, à l'heure où le pays sombre dans une crise économique et sociale inédite. Le chef du Législatif a semblé dresser une nouvelle équation pour mettre les protagonistes impliqués dans les tractations face à leurs responsabilités : "Soit un gouvernement est formé, soit il y aura de nouvelles propositions", sans pour autant se présenter comme celui qui pourrait les parrainer.
Dans un entretien accordé au quotidien libanais Nidaa al-Watan, le président de la Chambre, dont l'initiative prévoyant la mise en place d'une équipe de 24 ministres sans tiers de blocage est au centre des tractations, a estimé que "le dossier gouvernemental est désormais à un tournant". Il rejoint par là son allié traditionnel, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait estimé dans un discours prononcé lundi que les jours à venir seront "décisifs" pour la mise sur pied du cabinet. "Les réunions qui auront lieu aujourd'hui (lundi), demain (mardi) et après-demain (mercredi) permettront de définir de manière claire la voie" des tractations gouvernementales, avait-il souligné.
"Il ne faut pas que la situation actuelle persiste. Il est crucial que la question soit tranchée", a indiqué Nabih Berry. Selon lui, "soit un gouvernement est formé, soit il y aura de nouvelles propositions". Il n'a pas explicité en quoi pourraient consister ces nouvelles propositions et ne s'est pas présenté comme celui qui pourrait les parrainer. Car, en réponse à ceux qui estiment que les yeux sont tournés vers Aïn el-Tiné pour voir la fumée blanche annonciatrice d'un déblocage s'élever, celui qui est considéré par la plupart des parties locales comme le magicien capable de tirer un lapin de son chapeau pour sortir d’une impasse donnée a répondu : "N'y a-t-il que moi à qui on confie la question?". Une façon pour lui de tenir d'autres parties responsables du déblocage du processus. Et d'ailleurs pour le chef du Législatif, l'initiative qu'il avait concoctée, avec son allié de longue date, le leader du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, est "toujours sur la table". Dans un premier temps, ce projet bénéficiait de l'aval de la présidence de la République et du Courant patriotique libre (CPL). Sauf que lors de sa dernière conférence de presse, tenue le 20 juin dernier, le chef du CPL, Gebran Bassil, a rejeté cette initiative accusant le président de la Chambre d’œuvrer pour instaurer un système de partage par tiers, en lieu et place de la parité islamo-chrétienne consacrée par l'accord de Taëf de 1989.
Hariri s'active
Les propos de Nabih Berry interviennent alors que les spéculations médiatiques concernant une éventuelle récusation du Premier ministre désigné, Saad Hariri, vont bon train, au vu de la rupture de ses rapports avec le binôme Baabda-CPL et de l'impasse qui persiste.
De retour à Beyrouth dimanche soir en provenance des Émirats arabes unis, le Premier ministre désigné s'est entretenu lundi avec le président de la Chambre, très attaché à ce que M. Hariri -et personne d'autre- forme le prochain gouvernement, rapporte notre chroniqueur politique Mounir Rabih. MM. Berry et Hariri auraient discuté de la volonté du PM désigné de jeter l'éponge. Le leader du Futur devrait discuter demain avec son bloc parlementaire des choix dont il dispose. Samir Jisr, député haririen de Tripoli (Liban-Nord), avait déclaré lundi à l'agence locale al-Markaziya, que toutes les options, dont la récusation,"sont sur le tapis".
Toujours selon Mounir Rabih, Saad Hariri devrait se réunir une nouvelle fois avec Nabih Berry, mais aussi avec Fouad Siniora, ancien chef du gouvernement, et le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammad ben Abderrahmane al-Thani, attendu mardi après-midi à Beyrouth. Le responsable qatari devrait également s'entretenir avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, le président du Parlement, et le commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun.
Selon les médias locaux, le leader du Futur pourrait se rendre prochainement à Baabda pour remettre au chef de l'Etat une mouture de 24 ministres, avant de rendre son tablier si ce dernier la rejette. De son côté, M. Berry a évité de prendre clairement position au sujet d'une telle éventualité. "Si le Premier ministre désigné veut jeter l'éponge, je dois examiner ses motifs et les bases d'une telle décision pour agir en conséquence", a-t-il expliqué, précisant que la récusation "n'est pas chose facile".
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Des pantins qui jouent avec l’avenir du pays et se consultent entre eux pour encore manigancer et sortir glorieux on ne sait pas si le mot convient mais pour eux un obtus vaut bien une patrie. Quel gâchis que de voir notre pays tenu par ces incapables tordus qui se croient propriétaires du sol comme de ces quelques millions d’âmes et que personne n’arrive à les déloger pour récupérer notre beau pays et le restituer à ses citoyens incapables du moindre mouvement solidaire et salvateur pour leur montrer que trop c’est trop.
Sissi zayyat
11 h 47, le 07 juillet 2021