La rue risque de devenir incontrôlable, comme l’a montré la colère populaire qui a explosé sur le terrain samedi après-midi, le dollar poursuivant sa flambée et frôlant la barre des 18 000 livres libanaises contre un billet vert sur le marché noir. À cela s’ajoute le fait que les subventions sur l’importation des carburants et autres produits de première nécessité seront désormais financées par les réserves obligatoires de la banque centrale, c’est-à-dire les dépôts des épargnants… Autant d’éléments qui pourraient mener le pays rapidement vers le chaos total. Mais pour les protagonistes politiques, l’heure n’est pas encore à la formation du gouvernement. Le blocage est là pour s’éterniser…
Même les propos tenus vendredi dernier par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui s’était montré favorable à la mise sur pied d’un cabinet dans les plus brefs délais, n’ont pas opéré une percée. Le dignitaire chiite a, toutefois, donné un nouvel élan à l’initiative du président de la Chambre, Nabih Berry, axée sur la mise en place d’un cabinet de 24 ministres, à raison de huit pour chacun des trois grands ensembles politiques.
C’est à la faveur de cet élan qu’ont pris fin les duels, sur Twitter, entre des parlementaires aounistes et d’autres relevant du camp berryste, samedi dernier avec, en toile de fond, des accusations de corruption lancées contre le président de la République, Michel Aoun. « Le Courant patriotique libre appelle ses partisans à s’abstenir de toute querelle avec le mouvement Amal, et ce pour permettre aux efforts de Hassan Nasrallah d’aboutir », peut-on lire dans un communiqué publié samedi par le département média au sein du courant aouniste. Quelques minutes plus tard, le mouvement Amal lui emboîtait le pas. Le Hezbollah serait intervenu pour calmer le jeu, notamment auprès du CPL, croit savoir un proche de Nabih Berry contacté par L’Orient-Le Jour, accusant ouvertement Gebran Bassil de bloquer le processus gouvernemental. Selon lui, « le chef du CPL paralyse les tractations, en quête d’un compromis politique élargi qui assurerait son accession à la présidence de la République en 2022 ».
« Sur la base de l’initiative Bassil »
Ces accusations, les aounistes les rejettent catégoriquement. Ils vont même jusqu’à faire valoir que les contacts actuellement en cours « se font sur la base de l’initiative de Gebran Bassil, que Hassan Nasrallah a saisi au vol », pour reprendre les termes d’un proche du chef du CPL. Il faisait ainsi allusion à l’appel que le député de Batroun avait lancé à son « ami » Hassan Nasrallah, lors de son point de presse tenu le 20 juin, pour intervenir dans les tractations gouvernementales. Il avait également accusé Nabih Berry d’œuvrer pour remplacer la parité islamo-chrétienne par un système de partage par tiers (entre chrétiens, sunnites et chiites). Le dignitaire chiite s’était dit prêt à répondre favorablement à cet appel… tout en remettant M. Bassil à sa place, et posant quelques conditions, dont le maintien de l’initiative de son… ami Nabih Berry.
Quoi qu’il en soit, une source proche du chef du CPL se contente de faire savoir que « les idées que M. Bassil avait proposées et qui ont été évoquées avec les représentants du Hezbollah (lors des récentes réunions entre les deux parties) comportent les contours d’une solution globale », sans donner plus de détails. « Il reste que le Premier ministre désigné devrait se résoudre à former son équipe », estime le proche de M. Bassil.
De son côté, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, pourrait rentrer à Beyrouth dans les prochaines heures, après une tournée qui l’avait mené aux Émirats arabes unis ainsi qu’en Turquie, où il s’est entretenu avec le président Recep Tayyip Erdogan.
commentaires (14)
Mr. Hariri donnez votre démission au lieu d'aller in Giro comme on dit en italien, ça suffit maintenant .....
Eleni Caridopoulou
18 h 18, le 28 juin 2021