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Nos Lecteurs ont la Parole

Grandeur et décadence de la mémoire humaine

En prenant de l’âge, beaucoup de gens s’inquiètent à tort ; ils perdent soi-disant la mémoire. Apprenons donc que notre mémoire est un vaste fichier et que nous serons à même de l’utiliser à tout âge, à condition de savoir nous en servir. Tiré des recherches de nombreux laboratoires : une petite minorité de gens, 5 % environ, sont victimes d’une détérioration organique du cerveau qui affecte gravement la mémoire. Il arrive que cette altération commence à se produire aux abords de la soixantaine, mais, en règle générale, elle n’est accusée que chez les sujets approchant les soixante-dix ou quatre-vingts ans.

L’artériosclérose et certaines autres maladies, notamment l’alcoolisme, peuvent hâter ce processus. Les autres (95 %) verront, avec l’âge, leur mémoire baisser un peu, mais de façon si minime qu’on peut y remédier par de meilleures méthodes de classement et de recherche des faits enregistrés et par des exercices personnels.

Le fait de se souvenir est inextricablement lié à celui d’apprendre. Mais il est difficile de dire où finit l’une de ces opérations et où commence l’autre : on se souvient uniquement de ce que l’on a appris, et une chose n’est véritablement « apprise » que si elle est enregistrée dans la mémoire. Nombre de psychologues, s’efforçant d’éviter une fausse distinction, parlent d’un processus à trois phases : fixation, conservation, évocation. Dans ce concept, la première phase englobe toute l’activité mentale incluse dans le fait d’acquérir et d’emmagasiner une connaissance quelconque.

On peut l’emmagasiner temporairement ou définitivement. L’une des plus grandes découvertes de la recherche psychologique récente, c’est que le cerveau utilise des procédés entièrement différents, selon qu’il s’agit de l’une ou de l’autre opération. Des expériences ont montré que garder une chose présente à l’esprit pendant un court moment exige une dépense d’énergie. Autrement dit, ce processus entraîne une activité cérébrale.

Au bout d’un certain temps – une heure environ, d’après les tests –, le souvenir est soit emmagasiné définitivement, soit écarté de l’esprit. Son enregistrement définitif ne requiert que peu ou point d’énergie et implique, semble-t-il, de minuscules modifications de structure dans les cellules ou dans le voisinage des cellules du cerveau.

En d’autres termes, pour que le souvenir soit conservé, il faut qu’il s’imprime littéralement dans le cerveau, et alors il y reste gravé pour toujours. Le cerveau se composant de milliards de cellules, sa capacité d’absorption est incroyablement grande ; notre fichier mental ne manquera jamais de place.

À mesure, pourtant, que ce fichier devient plus considérable, nous pouvons avoir par moments du mal à mettre rapidement la main sur un souvenir donné. Il faut voir là une conséquence naturelle d’un accroissement de maturité et d’intelligence, et non pas déplorer l’apparition d’un signe de vieillissement. Au reste, nous pouvons y remédier par de meilleures méthodes de classement.

Si nous nous souvenons des catégories de choses qui nous sont réellement nécessaires, ne nous inquiétons pas des défaillances de notre mémoire quant au reste. C’est le cas de ce directeur qui, sortant d’une conférence où il avait fait preuve d’une remarquable aptitude à retenir un vaste ensemble de faits complexes, se trouva dans l’impossibilité de se rappeler où il avait laissé son béret.

Si pareille chose nous arrive, cela ne signifie pas que notre mémoire soit défaillante. Cela veut dire que travaillant ferme aux besognes qui lui sont précisément assignées, il ne peut s’agir que d’une omission.

Si c’est un nom propre, par exemple, assurons-nous d’abord que nous l’avons bien entendu. Demandons, si besoin est, qu’on nous le répète. Nous l’aurons ainsi accroché à notre mémoire auditive. Ensuite, employons tout de suite ce nom dans la conversation, de préférence à plusieurs reprises. Nous l’aurions ainsi accroché à notre mémoire motrice par les mouvements d’articulation de nos lèvres et de notre langue en le prononçant. À la première occasion, écrivons-le. Nous disposons alors d’un « crochet visuel » et aussi d’une nouvelle image motrice.

Si encore nous avons résolu de ne pas oublier ce nom, ne nous arrêtons pas là. Associons dans notre esprit l’homme qui le porte à des lieux (où nous l’avons rencontré, où il travaille) et à des gens (amis communs, la personne qui nous l’a présenté).

Quand nous disons que nous n’arrivons pas à nous souvenir d’une chose que nous avons vraiment apprise, cela signifie, en réalité, que nous avons du mal à la retrouver dans les fichiers de notre esprit. Dans ce cas, ne continuons pas à fouiller dans un seul classeur. Laissons un peu travailler notre imagination.

Autre point important : la fatigue et la tension nerveuse peuvent gêner grandement le fonctionnement d’une mémoire, si bien exercée soit-elle. On croirait volontiers que ce facteur explique un grand nombre de défaillances apparentes de la mémoire qui font croire à certaines personnes très occupées qu’elles sont en train de perdre les pédales. Nous leur conseillerions de consacrer un peu plus de temps à se détendre. Passer une soirée au cinéma, plongeons-nous dans la lecture d’un roman passionnant ou accordons-nous tout simplement une bonne nuit de sommeil, et nous enregistrerons de nouvelles avancées le lendemain en réalisant des points positifs.


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En prenant de l’âge, beaucoup de gens s’inquiètent à tort ; ils perdent soi-disant la mémoire. Apprenons donc que notre mémoire est un vaste fichier et que nous serons à même de l’utiliser à tout âge, à condition de savoir nous en servir. Tiré des recherches de nombreux laboratoires : une petite minorité de gens, 5 % environ, sont victimes d’une détérioration...
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