Comment fait-on pour empêcher toute une population de créer et produire ?
Fastoche ! Il suffit de lui inventer des objectifs au ras des pâquerettes, en incitant les gens à frétiller sur des échéances et des solutions bidon qui ne mangent pas de pain.
Heureusement, le Libanais a le bonheur facile. Aujourd’hui, le bipède local de base se tape un orgasme dès le retour du courant électrique. Mais la tyrolienne qu’il module est aussi intense que brève, à la mesure du jus prostatique dispensé par des centrales en forme de chauffe-bain. « C’est notre tour pour l’eau », bêlent d’autres imbéciles heureux quand les robinets se mettent à gargouiller puis à dégurgiter le liquide immonde. Nirvana encore pour l’internet qui crachote et, Dieu merci, donne encore un accès en pointillé à toutes les âneries qui se débitent sur les réseaux sociaux. Sans oublier les pénuries de carburant, où seuls les neurones du pouvoir carburent à tarif réduit.
Un pays entier est là, béat et godiche, haletant de savoir : si le Mollasson du Futur va se récuser ou prendre racine, rien que pour emmerder le Vieux en son château ; si le taulier du Parlement finira par faire gober aux uns et aux autres sa formule bancale des trois 8, qui permettra à un de ses poulains de se goinfrer au ministère des Finances ; si le Basileus s’est ménagé à lui tout seul un navire-centrale turc pour avoir l’électricité 24h/24… ou un navire-citerne d’essence pour biberonner son 4x4 ; si enfin le Sayyed Barbu a tartiné sa glotte de miel pour ne plus tousser à chaque fois qu’il parle d’Israël et des USA.
Jamais dans ses rêves les plus fous ce dernier n’aurait pu imaginer voir un président chrétien pur fruit aussi placide devant ses fanfaronnade s: « Et je déclare la guerre à qui je veux et quand je veux » ; « Et j’irai jusqu’en Iran pomper l’essence payable en monnaie de singe »… Activer à distance un organisme maronite génétiquement modifié devant un parterre de sunnites bon teint, qui se fichent des fermes de Chebaa, des houthis du Yémen et des chiites de Bahreïn comme de leur premier chapelet de plaisance, faut le faire !
Entre un gouvernement insoluble et une économie qui se dissout, faut cependant rester zen. Avec une livre dans les abysses et une dette équivalente au prix d’un carton d’œufs de Fabergé, le spectre de la guerre s’éloigne, car même les pierres, bâtons et canifs sont devenus hors de prix. Bref, les Libanais ont tous les motifs d’être optimistes… quant à l’avenir du pessimisme.
gabynasr@lorientlejour.com
Heureusement, le Libanais a le bonheur facile. Aujourd’hui, le bipède local de base se tape un orgasme dès le retour du courant...
commentaires (7)
"Bref, les Libanais ont tous les motifs d’être optimistes… quant à l’avenir du pessimisme."... Magistral !!!
Wlek Sanferlou
17 h 37, le 12 juin 2021