Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a critiqué jeudi la proposition du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah d'importer du pétrole d'Iran afin de pallier les graves pénuries dans le pays, affirmant qu'elle était "irréaliste" parce que des sociétés privées et l'État libanais seraient frappés de sanctions américaines.
Comme solution aux graves pénuries de carburant, le numéro un du Hezbollah avait proposé, dans un discours mardi soir, à l'État de négocier avec Téhéran l'importation de pétrole iranien. "Les responsables devraient prendre une décision courageuse et s'affranchir de leur peur des États-Unis en important des dérivés pétroliers d'Iran", avait-il lancé, soulignant que si "l'État cesse d'assumer ses responsabilités (...) nous, au sein du Hezbollah, irons en Iran, négocierons avec le gouvernement iranien (...) et achèterons des navires d'essence et de mazout et les ramènerons au port de Beyrouth". "Et que l'État essaye d'empêcher l'acheminement d'essence et de mazout au peuple libanais !", avait-il ajouté sur le ton du défi.
Affirmant que l'État se trouve entre les mains de Hassan Nasrallah, Samir Geagea s'est adressé à ce dernier en ces termes : "Toute cette proposition n'est pas réaliste. Celui qui veut importer de l'essence doit avoir des entrepôts, et les sociétés privées ou l'État seront exposés à des sanctions s'ils mettaient leurs entrepôts à disposition". Le chef des FL a ensuite qualifié la proposition du leader chiite de "coup de communication politique". Il a également accusé le Hezbollah de "détruire le dernier pilier de notre économie". "Sayyed Hassan, vous détruisez le dernier pilier de notre économie après avoir détruit les autres", a-t-il dit en dénonçant aussi la contrebande de produits vers la Syrie.
L'Iran détient les quatrièmes réserves mondiales de pétrole, mais toutes ses exportations sont sous embargo américain. En achetant du pétrole iranien, sans exemption octroyée en amont par Washington, Beyrouth s'exposerait donc à des sanctions. Entre temps, les files d'attente monstres devant les stations services font désormais partie du quotidien des Libanais.
Car le Liban traverse sa pire crise économique et financière de ces trente dernières années, marquée par une dépréciation impressionnante de sa monnaie nationale. Dans ce contexte, les Libanais souffrent depuis des semaines de graves pénuries de certains produits essentiels, comme le carburant, les médicaments et le matériel médical. Il devient ainsi toujours plus difficile de trouver des médicaments dans les pharmacies. Les hôpitaux ont, eux, annoncé plus tôt dans la journée qu'après avoir pris des mesures pour limiter les tests en laboratoire aux cas essentiels, ils pourraient arrêter d'effectuer des dialyses s'ils n'étaient pas approvisionnés en matériel adéquat.
Cette situation catastrophique est entre autres due au fait que la Banque du Liban n'ouvre plus, ou alors avec beaucoup de retard, les lignes de crédit réclamées par les importateurs, ses réserves en devises ayant atteint un seuil critique.
La crise gouvernementale
Sur le plan politique, et toujours en réponse au chef du parti chiite, M. Geagea a abordé la question de l'impasse gouvernementale, alors que le pays est sans cabinet effectif depuis exactement dix mois. Sur un ton ironique, le chef des FL a affirmé qu'il fallait "un mouchoir pour pleurer lorsqu'on entend Hassan Nasrallah appeler à la formation du gouvernement". "Celui qui l'entend penserait que c'est un citoyen comme les autres qui fait la queue devant les stations d'essence ou les pharmacies", a-t-il ajouté. "Je vous rappelle que vous avez bloqué le pays durant deux ans et demi pour que Michel Aoun devienne président, vous avez la majorité parlementaire, vous et vos alliés, et le gouvernement de gestion des affaires courantes a été formé par vous", a martelé M. Geagea en s'adressant au secrétaire général du Hezbollah.
"Nous sommes minoritaires au Parlement et cela va bientôt faire deux ans que nous sommes hors du gouvernement, a-t-il poursuivi. Nous avons le droit de nous plaindre. Mais vous ? Qui est responsable de quoi dans ce pays ? Le pays est en train de mourir et vous constituez la majorité".
Pour le chef des FL, "le salut réside uniquement dans des élections législatives anticipées". "Cela fait huit mois que nous n'arrivons pas à former un gouvernement, n'est-ce pas suffisant pour recourir à des élections législatives anticipées ?", a-t-il demandé. Lors de son dernier discours, Hassan Nasrallah avait rejeté la tenue d'élections anticipées, une menace brandie autant par ses adversaires, que par certains de ses alliés, notamment le Courant patriotique libre de Gebran Bassil.
Le Liban est depuis août dernier sans gouvernement effectif et la formation d'un nouveau cabinet est bloquée depuis des mois dans le conflit personnel et politique opposant le Premier ministre désigné Saad Hariri et son camp, au tandem que forment le président de la République Michel Aoun et le chef du Courant patriotique libre. Les deux parties croisent le fer sur la question du tiers de blocage, qui peut faire tomber le futur cabinet, mais aussi et surtout autour de la nomination des deux ministres chrétiens supplémentaires dans une équipe de 24 sans tiers de blocage, telle que préconisée par le président du Parlement Nabih Berry et le leader druze Walid Joumblatt. Le président Aoun estime qu'en l'absence de la participation des grandes formations politiques chrétiennes au cabinet, il lui revient de nommer ces deux ministres, tandis que Saad Hariri refuse cette possibilité qui permettrait, selon lui, au chef de l'État d'obtenir le tiers de blocage.
Le gouvernement Diab
Au début de son allocution, le chef des FL a en outre dénoncé "la façon de travailler du gouvernement" sortant de Hassane Diab affirmant qu'elle "n'est pas logique". "Il est demandé qu'il accompagne la population face aux crises, a-t-il ajouté. On ne peut pas décider de ne rien faire au moment où il n'y a pas de médicaments en pharmacie". "Même si c'est un cabinet de gestion des affaires courantes, cela ne veut pas dire qu'il n'est pas concerné par ce qui se passe dans le pays", a-t-il dénoncé affirmant encore que "la politique de subventions adoptée par le gouvernement est catastrophique et a abouti à la perte de milliards de dollars". "Pratiquement, les subventions sont levées et il faut annoncer cela pour que le peuple libanais puisse se débrouiller", a-t-il dit. "Poursuivre et lever les subventions dans le même temps est un grand crime contre le peuple libanais, a accusé M. Geagea. Nous ne demandons pas au gouvernement des affaires courantes de faire des miracles, mais d'assumer sa responsabilité conformément à ses pouvoirs".
si seulement geagea le dr pouvait arreter de ns assommer avec ses jérémiades devenues fetides . que geagea le dr espere encore arriver a s'asseoire sur le tabouret branlant de Baabda est de son droit. mais plus de nous repeter la meme chose discours apres discours.
16 h 58, le 11 juin 2021