Le sous-secrétaire d’Etat américain pour les Affaires politiques, David Hale, arrivé à Beyrouth mardi soir dans une tentative de débloquer l'impasse politique autour de la formation du gouvernement, a appelé mercredi les leaders politiques à "faire preuve de flexibilité" pour aboutir à un cabinet qui se fait attendre depuis huit mois dans un Liban en crise.
Peu de progrès
"Je suis au Liban aujourd'hui à la demande du secrétaire d'Etat Anthony Blinken pour discuter de la crise politique et économique aiguë au Liban et pour réaffirmer l'engagement de l'Amérique envers le peuple libanais", a affirmé M. Hale, dans une déclaration écrite qu'il a lue à sa sortie du palais de Aïn el-Tiné après s'être entretenu avec le président du Parlement, Nabih Berry. "Les Etats-Unis et leurs partenaires internationaux sont grandement préoccupés par l'échec à faire avancer l'agenda crucial des réformes réclamées depuis longtemps par le peuple libanais", a-t-il fait savoir. "Je me suis rendu au Liban en décembre 2019 puis en août 2020, et j'ai entendu à cette occasion une unanimité parmi les dirigeants libanais en faveur de réformes qui se font toujours attendre, sur les plans économique, financier ou de la gouvernance. Aujourd'hui, peu de progrès ont été réalisés. Aujourd'hui, des millions de Libanais souffrent de la crise économique, en plus de la pandémie. Cela est le résultat de décennies de mauvaise gestion, de corruption, et d'échec de la classe politique à faire passer l'intérêt du Liban en premier", a constaté David Hale.
"Mon message à l'issue de mes entretiens aujourd'hui est simple : "Les Etats-Unis et la communauté internationale sont prêts à aider, mais nous ne pouvons rien faire de significatif sans nos partenaires libanais. Il est temps maintenant d'appeler les leaders politiques à faire preuve d'assez de flexibilité pour former un gouvernement capable de vraies réformes. C'est la seule voie pour sortir de cette crise. Ce n'est aussi qu'un premier pas. Une coopération continue sera requise si nous voulons que des réformes transparentes soient adoptées", a-t-il conclu.
David Hale a d'abord été reçu par le ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé. M. Hale était accompagné de l'ambassadrice des Etats-Unis au Liban, Dorothy Shea. Il n'a fait aucune déclaration à l'issue de cet entretien. Concernant les négociations portant sur les frontières maritimes, M. Wehbé a indiqué à la presse que "M. Hale discutera de la question avec le président de la République et le Premier ministre", rappelant que le président de la Chambre Nabih Berry a placé ce dossier entre les mains du chef de l'État. Abordant le rôle de son ministère dans les négociations M. Wehbé a souligné que "dès le départ nous n'avons pas participé aux négociations avec l'ennemi israélien parce qu'il n'y a entre nous aucun contact, ni politique ni diplomatique". Le ministre a en outre indiqué avoir dit à M. Hale que "le Liban souhaite et appelle les États-Unis à continuer de jouer le rôle de médiateur".
Après sa visite à Aïn el-Tiné, le haut responsable américain s'est ensuite rendu à Clémenceau pour échanger avec le leader druze Walid Joumblatt. David Hale a également été reçu à 14h à la Maison du Centre par le Premier ministre désigné, Saad Hariri, qui doit ensuite se rendre à Moscou. Ce dernier tente d'obtenir un soutien international à ses efforts de former un gouvernement, alors qu'un profond conflit politique l'oppose au président de la République, Michel Aoun, et à son camp. Aucun des deux responsables ne semble prêt à faire des concessions jusque-là, et la crise politique semble partie pour durer.
David Hale n'a pas fait de déclarations à l'issue de son tête à tête avec Saad Hariri. En soirée, M. Hale a été reçu par l'ancien Premier ministre Nagib Mikati. Plus tard, le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, devait recevoir M. Hale à Yarzé accompagné de l'ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea.
Frontière maritime
La visite du responsable américain, qui restera au Liban jusqu’à jeudi, intervient alors que l’impasse est totale dans la formation du gouvernement. Il arrive à Beyrouth au moment où le pays du Cèdre fait monter les enchères dans les négociations indirectes avec Israël sur le tracé de leur frontière maritime, interrompues depuis décembre 2020.
Lundi, les ministres sortants des Travaux publics et des Transports, Michel Najjar, et de la Défense, Zeina Acar, ont signé un projet de révision de la frontière maritime méridionale en y ajoutant une superficie supplémentaire de 1.430 km2 qu’ils estiment revenir de droit au Liban pour l'exploitation d'hydrocarbures offshore. Le document a été ensuite envoyé par la présidence du Conseil au chef de l’État pour "approbation exceptionnelle", le gouvernement d’expédition des affaires courantes ne pouvant pas se réunir pour l’entériner, selon Hassane Diab. Toutefois, le chef de l'Etat, Michel Aoun, a refusé de signer l’amendement du décret 6433/2011, estimant qu’il appartient au gouvernement, même d’expédition des affaires courantes, de l’approuver en raison de son importance et des conséquences qu’il pourrait avoir. Cette polémique met sérieusement en danger le processus.
Les Etats-Unis, sous le parrainage desquels se déroulent les négociations indirectes entre Israël et le Liban pour la démarcation de la frontière maritime, n’avaient pas caché leur opposition à la surenchère libanaise. Quant au ministre israélien de l’Énergie, Yuval Steinitz, il a prévenu lundi que "les mesures unilatérales libanaises auront évidemment pour réponse des mesures unilatérales israéliennes".
Les américains et les français sont des hypocrites. Ils lancent des paroles mais ils s ´en foutent éperdument de nous libanais . Aucune sanction prononcée. De la démagogie a en revendre......
05 h 47, le 15 avril 2021