Dans le discours présidentiel de mercredi soir, tout était différent, aussi bien le ton que le contenu. D’ailleurs, le chef de l’État a lui-même déclaré qu’il reste le « Michel Aoun que les Libanais connaissent », dans une allusion claire à sa combativité et à sa détermination à appeler les choses par leur nom. Il a aussi qualifié la lutte pour la réalisation de l’audit juricomptable de « bataille plus difficile que celle de la libération du territoire », laissant ainsi entendre qu’il la mènera jusqu’au bout, quelles que soient les embûches, comme il l’a fait dans le passé.
C’est d’ailleurs l’une des rares fois depuis son accession à la présidence de la République que Michel Aoun fait des allusions aussi claires à son parcours et aux étapes marquantes de son passé politico-militaire, dans une volonté évidente de rappeler à ceux qui misent sur son affaiblissement, ou même sur la fatigue de l’âge, qu’il reste le même homme. Ce qui pour les uns est une qualité et pour d’autres un grave défaut...
Que l’on soit pour ou contre Michel Aoun, on ne peut que relever le fait que son dernier discours marque un tournant dans son mandat. Il a clairement défini son objectif pour les 18 mois qui lui restent à Baabda : pousser vers la réalisation de l’audit juricomptable et jeter ainsi les bases d’une nouvelle approche de l’État basée sur la transparence et la bonne gestion des fonds publics.
Certains milieux ont aussitôt critiqué le timing de ce discours, estimant qu’il est intervenu quelques heures après la visite du ministre égyptien des Affaires étrangères à Beyrouth, comme s’il s’agissait d’en atténuer l’impact, Sameh Choucri ayant en effet appuyé les thèses du Premier ministre désigné. D’autres ont considéré qu’il a quatre ans de retard et que le chef de l’État aurait dû tenir de tels propos au début de son mandat, non dans son dernier tiers. D’autres encore se sont demandés s’il est normal que le chef de l’État se plaigne tout comme l’ensemble des Libanais de la corruption, alors qu’il devrait avoir, lui, les moyens d’agir et, enfin, d’autres ont précisé que les citoyens, qui paient le plus lourd tribut à cause de l’effondrement de la livre libanaise, ont pour l’instant d’autres priorités.
C’est d’ailleurs cette thèse qui a été le plus souvent reprise par des figures politiques tout au long de la journée d’hier. Ces dernières ont en effet commenté le discours du chef de l’État en disant que les Libanais préféreraient aujourd’hui qu’on leur annonce la formation d’un nouveau gouvernement et que celui-ci va prendre des mesures concrètes pour améliorer la situation économique et monétaire du pays. C’est leur principal souci actuellement et ils n’ont que faire de batailles virtuelles, n’ayant aucun impact direct sur leur vie...
Toutefois, dans son discours de mercredi soir, le chef de l’État a mis l’accent sur l’audit juricomptable, faisant ainsi passer indirectement au second plan la formation du gouvernement. D’une certaine façon, Michel Aoun a sous-entendu que la mise sur pied d’un nouveau cabinet est moins importante que la réalisation de l’audit juricomptable, car celui-ci devrait jeter les bases des réformes nécessaires pour regagner la confiance de la communauté internationale et, par conséquent, permettre aux fonds internationaux de revenir au Liban. À partir de là, la mission du prochain gouvernement deviendrait plus facile. Le chef de l’État a même été jusqu’à appeler l’actuel gouvernement démissionnaire à tenir une réunion extraordinaire pour prendre les mesures nécessaires à la réalisation de l’audit juricomptable. Pour lui, il ne s’agit pas d’une atteinte au concept de gestion des affaires courantes, puisque le gouvernement actuel a pris une décision avant sa démission et qu’il s’agit simplement de la mettre en application. Ce qui devrait à ses yeux ouvrir la voie à la formation d’un cabinet capable d’exécuter les réformes requises, sur un terrain déjà déblayé.
Cet appel à la tenue d’une réunion extraordinaire du gouvernement démissionnaire a lui aussi fait l’objet de différentes interprétations. Pour certains, Michel Aoun a indirectement annoncé aux Libanais qu’il n’y aura pas de nouveau gouvernement dans un proche avenir et, pour d’autres, il a voulu dépasser cette question en poussant vers la prise rapide de décision, sans attendre le nouveau cabinet.
Dans les milieux proches de la présidence, on précise que le discours de mercredi soir n’a rien à voir avec le processus de formation du gouvernement, ni même avec la visite du ministre égyptien des Affaires étrangères. Le timing du discours a été choisi après la réunion mardi entre les représentants de la société d’audit Alvarez and Marsal et ceux de la Banque du Liban et du ministère des Finances. Cette réunion aurait dû être décisive, mais elle a été reportée à vendredi et la présidence a eu le sentiment qu’on cherchait en quelque sorte à gagner du temps pour vider l’audit juricomptable de son contenu. C’est pour cette raison que le chef de l’État a décidé de s’adresser aux Libanais, avant la réunion de vendredi. Il s’agit de les alerter d’une part sur l’importance de l’audit juricomptable pour l’assainissement des finances publiques, et cela dans leur intérêt et dans celui des générations à venir, et d’autre part sur les tentatives d’atermoiement. Selon les milieux proches de la présidence, il ne faut donc pas chercher d’autres explications, ni sur le plan de la formation du gouvernement ni sur celui d’éventuels messages régionaux et internationaux. Comme le disent ces mêmes milieux, c’est sans doute la dernière grande bataille du « général-président » et il la mènera jusqu’au bout avec ceux qui le veulent et s’il le faut tout seul, car il est convaincu qu’elle sera déterminante pour l’édification d’un État à la hauteur des aspirations des Libanais.
commentaires (22)
CE N’EST PAS DE L’AMOUR C’EST DE LA RAGE, décidément elle est complètement aveuglée par son idole et pas besoin de dessin pour s’en apercevoir ! Aoun connaît-il la signification du terme juricomptable ? il a surement eu recours à la science de Jreissati pour comprendre. Il évoque ses batailles ! merci de nous éclairer quand comment et qu’elle bataille a-t-il gagné, face à quel ennemi du Liban a-t-il gagné ou même perdu ? C’est vrai que le ridicule ne tue pas, mais là c’en est trop à force le ridicule aura des capacités incommensurables. Bref c’est juste une baudruche qui se gonfle à fond pour se donner l’impression d’être un géant. En définitif il dit, nous sommes au bord du gouffre et je vous demande de faire un grand pas en avant pendant que je vous observe …comme d’habitude il ne se mouille jamais. Il dit à ses soldats je serai le dernier à quitter Baabda, et il fut le premier à déguerpir comme un lapin dans le coffre de la voiture de l’ambassade de FRANCE, laissant ses hommes se faire descendre lâchement par des Soldats Syriens que nous avons tous vu à la télé. Voilà les exploits de ce général d’opérette, qui tient un discours de pacotille. et refuse la formation d’un gouvernement quelconque, pour puiser dans le trésor public et partir avec. Surement en Iran seul Pays où il a des accointances personnelles.
Le Point du Jour.
09 h 50, le 12 avril 2021