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Nos Lecteurs ont la Parole

Pour que vive la mémoire de Lokman Slim

Il y a quarante jours, le meurtre de Lokman Slim, journaliste, homme de lettres et militant inlassable des droits de l’homme, a constitué un choc pour tous les Libanais. Au-delà du sentiment légitime de tristesse indicible et d’indignation qu’il a suscité, cet assassinat a revêtu également une signification majeure. Il est venu rappeler dans quelle situation tragique les Libanais continuaient de vivre, sous la férule d’une classe politique oublieuse de son premier devoir : assurer la protection physique des citoyens. L’assassinat de Lokman Slim, et bien avant lui celui de nombreux autres, souligne l’étendue de l’abandon des citoyens libanais livrés à la vindicte de tueurs. Le meurtre d’un homme qui militait pour un État de droit pointe une dégradation intolérable des libertés garanties par la Constitution libanaise, au premier chef desquelles la liberté d’expression au sein d’un espace public devenu, hélas, une zone de non-droit.

Le peu de liberté qui reste au peuple libanais se meurt sous nos yeux. Nous ne pouvons pas l’accepter. Aucun avenir, le peuple le sait désormais, ne peut s’édifier sur le terrain de la violence. Nous ne pouvons pas l’oublier. Aucune vie en commun n’est envisageable sans l’expression de la diversité des opinions, sans le débat apaisé, le dialogue et la tolérance. Nous ne pouvons pas l’ignorer. Aucune vie en société ne peut être assurée sans le respect de la dignité humaine. Nous devons la protéger.

Il revient, dès lors, au peuple libanais mobilisé dans les différentes formations issues du soulèvement d’octobre, avec ses organisations civiles et professionnelles, ses défenseurs des droits et ses intellectuels, de s’unir dans une même revendication : la mise en œuvre d’une procédure judiciaire sans faille susceptible, pour une fois, de faire avancer l’enquête sur l’assassinat de Lokman Slim et la faire aboutir. Il ne faut plus que le crime reste impuni au Liban! Pour ce faire, la pression populaire ainsi que les relais assurés par les organisations non gouvernementales, nationales et internationales, dédiées à la défense des droits de l’homme, sont légitimes et nécessaires.

La protection de la démocratie libanaise doit être l’affaire de tous. La mobilisation la plus large s’impose. Le changement vers plus de transparence et de justice repose sur les juges indépendants, intègres et courageux de ce pays. Nous appelons le peuple libanais à soutenir ces juges afin qu’ils puissent mener à bien leurs investigations et prononcer librement leurs jugements. Nous appelons les organisations internationales œuvrant pour l’indépendance de la justice et le respect des droits de l’homme à soutenir, conforter et accompagner l’action de ces juges.

Signataires par ordre alphabétique :

Antoine Khair, Joseph Maïla, Nasser Saidi, Bahige Tabbara, Maha Yahya

Les signataires font partie d’un groupe de personnalités éminentes, « Le Conseil des sages », qui ont été sollicitées par Platform1* pour fournir un conseil sur des sujets nationaux vitaux et travailler à des feuilles de route en soutien à la sensibilisation et à l’action.

* Platform1 est un espace qui réunit des citoyens engagés œuvrant à l’élaboration de solutions pérennes pour le Liban.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Il y a quarante jours, le meurtre de Lokman Slim, journaliste, homme de lettres et militant inlassable des droits de l’homme, a constitué un choc pour tous les Libanais. Au-delà du sentiment légitime de tristesse indicible et d’indignation qu’il a suscité, cet assassinat a revêtu également une signification majeure. Il est venu rappeler dans quelle situation tragique les Libanais...

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