Le chef du Parti démocratique libanais Talal Arslane ne lâche pas le morceau. Depuis que Saad Hariri a été désigné pour former le gouvernement, ce principal adversaire de Walid Joumblatt et allié du Hezbollah martèle, à intervalles plus ou moins réguliers, sa revendication majeure : une égalité de traitement et donc une représentation à part égale à celle du Parti socialiste progressiste au sein du prochain gouvernement.
Hier, c’est sous le thème de la « Rencontre de Khaldé », une instance druze élargie représentant le camp druze du 8 Mars, que M. Arslane a renouvelé sa demande en évoquant un « droit naturel » et une justice qui doit être rendue à sa communauté afin d’éviter tout facteur de déstabilisation.
Entouré des anciens ministres Saleh Gharib, Marwan Kheireddine et Wi’am Wahhab, du ministre démissionnaire des Affaires sociales Ramzi Moucharrafiyé et d’une pléthore de représentants religieux, dont le cheikh Akl druze, Talal Arslane a voulu rappeler à tous ceux qui seraient tentés de minimiser son poids politique – principalement à Saad Hariri – que son ambition de se faire représenter autant que les joumblattistes au sein du futur cabinet est en tous points justifiée.
Plaidant une fois de plus pour une « représentation druze équitable », il en a appelé au chef de l’État Michel Aoun et au tandem chiite, les exhortant à prendre en considération sa requête.
À l’issue de la réunion de Khaldé, les participants ont ainsi dénoncé mardi ce qu’ils considèrent être « un empiétement sur le droit des druzes » dans la formation du prochain gouvernement, tout en saluant la position de Baabda à ce sujet.
Le Premier ministre désigné Saad Hariri, qu’un bras de fer oppose à Michel Aoun autour de la formation du cabinet, souhaite former une équipe de 18 membres. Ce qui signifie, suivant la répartition par confession, que la communauté druze n’aura droit qu’à un seul siège, qui serait octroyé à la formation de Walid Joumblatt.
« Nous regrettons d’être contraints aujourd’hui, au regard de la confusion interne et de la folie autour du système confessionnel de partage des parts, d’exiger une juste représentation communautaire des druzes, alors que nous sommes témoins d’une violation de leurs droits dans la formation du gouvernement », a affirmé l’ancien ministre Saleh Gharib, chargé de lire le communiqué au nom de la Rencontre de Khaldé.
Cet appel sonne la riposte aux propos du Premier ministre qui avait réitéré pour la énième fois dimanche dernier son attachement à un gouvernement d’experts formé de 18 ministres, et non de 20 comme le réclame le chef de l’État.
« L’empiétement flagrant sur le droit d’une communauté fondatrice de l’entité libanaise, qui se traduit par une représentation injuste au sein du gouvernement sous prétexte de former un cabinet d’experts, (...) n’a rien à voir avec un gouvernement de spécialistes ou avec le pacte national », a ajouté Saleh Gharib.
« Nous voyons plutôt ce gouvernement (tel que proposé par M. Hariri) comme étant malveillant et visant à réduire la diversité politique druze qui a des centaines d’années de plus que le Liban. Notre position à ce sujet ne changera en aucun cas », a martelé l’ancien ministre, saluant la position du président de la République à ce sujet. Le texte exhorte le chef de l’État à continuer à défendre les « droits des druzes » coûte que coûte et à s’agripper à la Constitution, sachant toutefois que la Loi fondamentale ne prévoit à aucun endroit une représentation communautaire dans ces termes ou une distribution de quotes-parts aux diverses formations politiques au sein de l’exécutif.
Une source proche du Parti démocratique libanais rappelle à ce propos que lors des tractations en vue de la formation du gouvernement démissionnaire de Hassane Diab – considéré monochrome et proche du camp du 8 Mars –, Talal Arslane, dont le parti était représenté par Ramzi Moucharrafiyé, avait refusé la mouture de 18, exigeant un cabinet de 20 dans lequel Walid Joumblatt avait été finalement représenté par Manal Abdel Samad.
Une invitation à peine voilée au chef du PSP d’en faire autant et de revenir sur sa position en faveur d’un gouvernement de 18 auquel s’attache M. Hariri.
Dans un discours prononcé le 14 février à l’occasion de la commémoration de l’assassinat de Rafic Hariri, le chef du PSP a rallié la position du chef du courant du Futur en lui accordant son soutien dans son bras de fer avec le chef de l’État sur la dimension du prochain cabinet et le choix des ministrables. M. Joumblatt a signalé à cette occasion que c’est M. Hariri qui a sélectionné le ministre druze, et non le PSP, un message envoyé entre autres à son rival, Talal Arslane.
À l’issue de la réunion de Khaldé, les participants ont également demandé au Hezbollah et au mouvement Amal, leurs alliés chiites, d’œuvrer pour « empêcher de porter atteinte à l’équilibre politique délicat dans la Montagne » druze. Un tel cas de figure constitue une menace à la paix civile et à la convivialité, ajoute le texte.
commentaires (8)
Quand vous écrivez 8 Mars évitez de dire Druzes ou autre. La signature est déjà apposée c’est Syrie , Hezbollah ou Iran!
PROFIL BAS
20 h 47, le 17 février 2021