C’est ce qui ressort du communiqué publié lundi par le ministère russe des Affaires étrangères, à la suite d’un entretien téléphonique entre Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre des Affaires étrangères et envoyé spécial du président russe au Moyen-Orient – en un mot le patron du département Moyen-Orient au ministère, et M. Hariri. M. Bogdanov a insisté, selon le texte, sur « la formation rapide d’un gouvernement de mission, présidé par Saad Hariri, qui a obtenu le soutien de la majorité parlementaire et a été nommé par le chef de l’État, Michel Aoun ». Cet alignement russe sur l’initiative française vient rejoindre la pression exercée tant par les pays du Golfe que par le Vatican et la communauté internationale pour la formation d’un gouvernement dans les plus brefs délais, conformément à cette feuille de route. C’est dans ce cadre que l’on pourrait inscrire une tournée que M. Hariri devrait entamer demain au Qatar après les contacts tous azimuts qu’il avait menés il y a quelques jours en Turquie, aux Émirats arabes unis, en Égypte et en France.
Mécontentement russe ?
Le positionnement russe sans équivoque en faveur de la mission de M. Hariri intervient quelques jours après un déplacement d’Amal Abou Zeid, conseiller du président Aoun pour les affaires russes, à Moscou. Ce dernier a été reçu mardi à Baabda par le chef de l’État qu’il a tenu informé des résultats de ses contacts. Au lendemain de son retour au Liban, M. Abou Zeid avait déclaré, lundi, à la chaîne LBCI, que « si la Russie s’intéresse au dossier libanais, il n’est pas une priorité pour elle à l’heure actuelle », et qu’il n’« est pas question d’une initiative politique russe » pour un déblocage.
Selon notre correspondant politique Mounir Rabih, M. Abou Zeid aurait été dépêché en Russie par le camp aouniste, notamment le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, pour tenter de régler le différend engendré par un certain mécontentement russe à son égard. Les Russes, ajoute notre correspondant, estiment que le leader du CPL multiplie les signes politiques positifs en direction de Washington aux dépens de Moscou, dans le but de convaincre les Américains de lever les sanctions qui lui avaient été infligées en novembre dernier pour corruption, dans le cadre de la loi Magnitsky. Autre source de mécontentement russe, le tiers de blocage que tente d’obtenir le tandem Baabda-Bassil au sein de l’équipe ministérielle, contrairement à la volonté de M. Hariri. C’est ce que confie à L’Orient-Le Jour une source haririenne qui entretient de bons rapports avec les Russes. Selon elle, Moscou estime que dans le futur cabinet, Gebran Bassil ne peut pas détenir le tiers de blocage. Un point de vue sur lequel les Russes convergeraient avec les Iraniens. De même source, on croit savoir que le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, aurait exprimé cette position devant son homologue russe, Sergueï Lavrov, lors de leur dernier entretien à Moscou en janvier dernier. La source précitée fait également état d’un contact entrepris par les Russes avec Gebran Bassil pour l’exhorter à faire accélérer les tractations gouvernementales au lieu de s’accrocher à des choix et exigences qui, selon Moscou, lèsent les chrétiens, alors que le CPL se présente comme le défenseur de leurs « droits ».
Une « démarche normale »
Marwan Hamadé, député démissionnaire du Chouf, souligne à L’Orient-Le Jour qu’il y a eu « un appel du pied de M. Bassil aux Russes pour court-circuiter l’initiative française ». Or Moscou n’est pas dans cette optique, selon M. Hamadé qui précise qu’il n’y a pas une initiative politique russe sur la table, mais des appels à tous les protagonistes de faire preuve de modération. « Les appels d’offres que lance Gebran Bassil dans toutes les directions sauf la bonne pour avoir le tiers de blocage vont mener le pays à l’effondrement, lance M. Hamadé. Mais les Russes, comme les autres acteurs internationaux, savent que la politique défendue par les aounistes est en train de se retourner contre les chrétiens. »
Dans le camp aouniste, on se contente de reprendre la rhétorique habituelle. « Ce qui importe le plus à Moscou, c’est de voir le nouveau gouvernement libanais mis en place rapidement. Mais les Russes sont conscients que le CPL est une importante composante de la Chambre et devrait avoir son mot à dire au sujet du gouvernement », affirme une source aouniste sous couvert d’anonymat. Du côté de Moscou, on évite de donner aux déclarations russes des interprétations politiques allant dans un sens précis. Un diplomate russe qui a requis l’anonymat assure ainsi à L’OLJ que Moscou ne s’ingère pas dans les affaires libanaises et que les contacts entrepris par M. Bogdanov avec Saad Hariri et le leader druze, Walid Joumblatt, sont une démarche normale « qui n’a rien de spécial ». Mais il reste que le choix de ces deux personnalités est porteur d’un message politique en direction du tandem Baabda-CPL, selon un responsable haririen qui a requis l’anonymat. D’autant que le leader druze s’était livré, quelques heures avant l’entretien avec le responsable russe, à l’une de ses plus violentes diatribes contre Michel Aoun et Gebran Bassil, tout en réaffirmant son soutien à M. Hariri. « Il y a une personne insensée à Baabda, Michel Aoun, il veut se suicider. Qu’il se suicide seul, avec ses chambres noires et son honorable gendre, si seulement il était honorable, a lancé le leader druze. Nous en avons fini avec cette histoire du tiers de blocage qui a figé le pays pendant 20 ans. »
commentaires (4)
HARIRI A RAISON. LE BEAU-PERE ET SON GENDRE QUI REFUSENT LE 50/50 AGREE PAR LE FUTUR ET SUPPORTENT LE TIERS/TIERS/TIERS REVE PAR LE TANDEM CHIITE SONT CEUX QUI FONT DU GRAND TORT A LA CHRETIENTE DU LIBAN. ILS ONT DETRUIT LE PAYS ET NE LAISSENT AUX LIBANAIS ET SURTOUT AUX CHRETIENS QUE LE CHOIX DE L,EMIGRATION. PATRIARCHE RAI NOMME ET ACCUSE DANS VOS HOMELIES DU DIMANCHE.
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 10, le 17 février 2021