
Le pape François au Vatican le 8 février 2021. Photo Ani
Le pape François a averti lundi du risque que "le Liban perde son identité et se trouve encore plus impliqué dans les tensions régionales" et plaidé pour un "engagement politique national et international renouvelé pour favoriser la stabilité" du pays, qui fait actuellement face à un faisceau de crises socio-économique, financière, politique et sanitaire. Le souverain pontife avait fait savoir fin décembre 2020 qu'il comptait se rendre au Liban "dès que possible".
La veille, le patriarche maronite Béchara Raï, dont l'Eglise est rattachée au Vatican, avait appelé à l'organisation d'une "conférence internationale" pour refonder l'Etat libanais. Il avait fustigé une fois de plus les responsables libanais, et notamment le chef de l'Etat, Michel Aoun, ainsi que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, qui tergiversent pour former un nouveau cabinet chargé de mettre en œuvre les réformes qui conditionnent toute aide de la communauté internationale visant à sortir le pays de l'ornière.
"Ne pas réduire la présence chrétienne à une minorité"
"Je souhaite un engagement politique national et international renouvelé pour favoriser la stabilité du Liban traversé par une crise interne, qui risque de perdre son identité et de se trouver encore plus impliqué dans les tensions régionales", a affirmé le pape François lors de la présentation de ses vœux aux diplomates accrédités auprès du Saint-Siège.
"Il est plus que jamais nécessaire que le pays garde son identité unique, pour assurer l’existence d’un Moyen-Orient pluriel, tolérant et divers, où la présence chrétienne peut offrir sa contribution et n'est pas réduite à une minorité qu’il faut protéger", a-t-il ajouté. Il a affirmé que "les chrétiens constituent le tissu conjonctif historique et social du Liban et, à travers les multiples œuvres éducatives, sanitaires et caritatives, la possibilité de continuer à œuvrer pour le bien du pays, dont ils ont été les fondateurs, doit leur être assurée".
"Vraies réformes" face aux possibles "dérives fondamentalistes"
"Affaiblir la communauté chrétienne risque de détruire l’équilibre interne du Liban et la réalité libanaise elle-même. La présence des réfugiés syriens et palestiniens doit aussi être abordée dans cette optique", a affirmé le pape François. Le Liban accueille sur son territoire plus d'un million de réfugiés syriens arrivés à partir du déclenchement du conflit en Syrie voisine de 2011, qui sont venus s'ajouter aux quelques 200.000 réfugiés palestiniens, selon un recensement de 2017. La plupart de ces réfugiés sont de confession musulmane sunnite.
"De plus, en l'absence d’un processus urgent de reprise économique et de reconstruction, on risque la faillite du pays, avec la conséquence possible de dangereuses dérives fondamentalistes", a mis en garde le chef de l'Eglise catholique. Avant de conclure : "Il est donc nécessaire que tous les responsables politiques et religieux, les intérêts particuliers ayant été mis de côté, s’engagent à poursuivre la justice et à mettre en œuvre de vraies réformes pour le bien des citoyens, en agissant de manière transparente et en assumant la responsabilité de leurs actions".
Le 1er septembre 2020, lors de sa deuxième visite au Liban en moins d'un mois, le président français, Emmanuel Macron, avait présenté une initiative pour le redressement économique et financier du pays. Dans cette feuille de route figuraient plusieurs priorités, en tête desquelles la formation d'un "gouvernement de mission" à même de mettre en œuvre les réformes économiques et politiques requises, dont toutes les formations politiques libanaises s'étaient engagées à faciliter la mise sur pied dans un délai de quinze jours. Près de six mois se sont écoulés depuis, sans qu'aucune avancée significative n'ait été enregistrée. Fin décembre, le pape avait déjà imploré la communauté internationale à aider le pays du Cèdre à sortir de la crise et s'était adressé aux responsables politiques libanais, critiqués plus que jamais par la population qui les tient pour responsables de cette succession de crises aiguës.
Les chrétiens de l'Irak et de la Syrie furent persécutés par daech, ceux d'Israël inciter à quitter par Israël, ceux d'Égypte honnis par les frères musulmans et ceux du Liban? Détruits par ceux-là même qui clament être leurs dirigeants politiques et leurs défenseurs... Comme disent nos grands parents, toujours non atteints du Covid: doudes el thiine minou wou fii...
13 h 14, le 09 février 2021