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Politique - Liban

Raï : Ceux qui bloquent la formation du gouvernement paralysent toutes les institutions

"Nous travaillerons à nouveau avec les responsables pour relancer le processus de formation du gouvernement", a promis le chef de l'Eglise maronite.

Raï : Ceux qui bloquent la formation du gouvernement paralysent toutes les institutions

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, entouré d'évêques et de prêtres, à Bkerké le 27 décembre 2020. Photo ANI

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a lancé dimanche une violence diatribe contre les responsables libanais qu'il accuse de "fermer les yeux sur la misère du peuple", "d'entraver la formation du gouvernement" et de "bloquer les institutions". Déjà lors de ses homélies de Noël, les 24 et 25 décembre, le prélat avait regretté que "le processus de formation du gouvernement soit revenu au point zéro" et rappelé l'urgence du changement pour la population libanaise, alors que le pays s'enfonce chaque jour davantage dans une profonde crise économique et sociale et que la formation du gouvernement stagne, deux mois après la nomination de Saad Hariri comme Premier ministre.

Le cardinal Raï a ainsi mis en garde ceux qui font obstacle à la formation du gouvernement et a comparé les responsables à la figure du roi Hérode, réputé pour sa cruauté, qui régnait au temps du Christ. "Ils ferment leurs yeux sur la misère de notre peuple. Ils ont peur pour leurs postes et ils appauvrissent notre jeunesse, la forçant à émigrer et poussent à l'échec ceux qui restent dans le pays, tout en maintenant leur emprise sur le pouvoir ", a dénoncé Mgr Raï dans son homélie dominicale à Bkerké.

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"J'avertis tous ceux qui font obstacle à la formation du gouvernement, de près ou de loin, qu'ils portent la responsabilité du blocage de toutes les institutions constitutionnelles, les unes après les autres", a affirmé le patriarche. "Quant à ceux qui parient sur la chute de l'État, faites-leur savoir que cette chute ne leur profitera pas et ne leur ouvrira pas la voie pour arracher le pouvoir, parce que la victoire les uns sur les autres est impossible à tous égards, et parce que le peuple libanais n'accepte pas l'édification d'un État qui ne lui ressemble pas et ne ressemble pas à son identité, son histoire et sa société", a-t-il averti, dans une claire critique au Hezbollah, avec lequel il entretient des relations difficiles depuis des mois.

"Sauver le Liban"

Le patriarche n'a pas dans ce contexte mâché ses mots à l'égard des responsables politiques. "lls ont échoué à former un gouvernement avant Noël. Les fêtes étaient pour eux un moyen d'échapper aux efforts pour former un gouvernement, alors qu'ils devaient ne pas perdre un seul instant, tandis que notre pays lutte contre l'effondrement. Il est regrettable qu'ils ne souffrent pas du fait que nous vivons un temps de tristesse au moment de Noël", a dénoncé le prélat. "Si seulement les responsables pouvaient se rappeler de leur conscience, évaluer leurs positions et leurs choix et en tirer des leçons et des décisions pour le sauvetage (du pays). Ils récupéreraient ainsi la décision souveraine confisquée, mettant un terme à tous ceux qui lie le destin du Liban à celui d'autres pays. L'allié est celui qui fait le bien et non celui qui entrave l'autre et perturbe les institutions, les autorités et les décisions", a-t-il encore estimé, sans préciser qui il visait par cette déclaration.

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"Nous travaillerons à nouveau avec les responsables pour relancer le processus de formation du gouvernement", a promis Mgr Raï. "Sauver le Liban politiquement, économiquement et financièrement est encore possible si un gouvernement est formé qui comprend des personnalités qui inspirent confiance en leurs compétences, leur réputation et leur indépendance, plutôt que des personnes qui évitent l'opinion publique et s'aliènent la communauté internationale", a-t-il encore affirmé.

"Puisse le Prince de la Paix aider les dirigeants du pays à mettre de côté leurs propres intérêts et à s'engager avec ferveur, sincérité et transparence afin que le Liban s'engage sur le chemin de la réforme et soit fidèle à sa vocation de modèle de liberté et de coexistence pacifique", a conclu le prélat maronite en reprenant les paroles du pape Français adressées aux responsables libanais.

"Ils n'ont d'autre Dieu que leurs positions et leurs intérêts"

Le métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audi, a lui aussi fustigé la classe politique libanaise. "Nos dirigeants désirent tout ce que le peuple possède et n'hésitent pas à le soumettre jusqu'à sa mort", a-t-il affirmé, en référence au massacre des enfants innocents décrété par Hérode par peur de perdre son trône.

"Notre Liban souffre et est gouverné par des Hérode depuis trois décennies, au cours desquelles les Libanais ont perdu des centaines, des milliers d'êtres chers, dont les dernières en date suite à la catastrophe du 4 août causée par ces trônes corrompus", a lancé le prélat depuis la cathédrale Saint-Georges de la capitale. Le métropolite a enchaîné les analogies bibliques pour vilipender les responsables du pays. "La différence entre le roi David et nos dirigeants est que David s'est repenti. Quant à eux, ils n'ont d'autre Dieu que leurs positions et leurs intérêts. Nous prions pour qu'ils apprennent du roi David comment regretter, se repentir et revenir sur le droit chemin avant qu'il ne soit trop tard."

Lors de sa désignation, le 22 octobre, Saad Hariri s'était engagé à former un cabinet d'experts indépendants. Mais ayant préalablement promis au tandem chiite Amal-Hezbollah de pouvoir nommer leurs ministrables, le Courant patriotique libre de Gebran Bassil et son beau-père, le chef de l'État, Michel Aoun, lui reprochent d'appliquer une politique des "deux poids deux mesures" et réclament donc de pouvoir également choisir leurs candidats. La volonté de former un gouvernement d'indépendants se base sur l'initiative française, qui avait été annoncée le 1er septembre lors de la visite du président français Emmanuel Macron à Beyrouth. En effet, la mise sur pied d'un cabinet "de mission" était la première étape d'une feuille de route reprenant les réformes cruciales attendues par la communauté internationale pour débloquer des fonds visant à sortir le Liban de la crise financière et économique aiguë qu'il traverse. M. Macron était attendu mardi pour une troisième visite au Liban depuis août, mais il a dû annuler son séjour après avoir contracté le coronavirus. Son initiative est plus que jamais dans une impasse, voir enterrée, selon certains observateurs.

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a lancé dimanche une violence diatribe contre les responsables libanais qu'il accuse de "fermer les yeux sur la misère du peuple", "d'entraver la formation du gouvernement" et de "bloquer les institutions". Déjà lors de ses homélies de Noël, les 24 et 25 décembre, le prélat avait regretté que "le processus de formation du gouvernement soit...

commentaires (2)

Le centre de la révolution est en passé de la place des martyrs à Bkerké... Le million de manifestant devrait se retrouver a Bkerke en soutien au patriarche...

LeRougeEtLeNoir

20 h 26, le 27 décembre 2020

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Commentaires (2)

  • Le centre de la révolution est en passé de la place des martyrs à Bkerké... Le million de manifestant devrait se retrouver a Bkerke en soutien au patriarche...

    LeRougeEtLeNoir

    20 h 26, le 27 décembre 2020

  • MALHEUREUSEMENT LE PATRIARCHE CONTINUE À FAIRE SEMBLANT D'AIDER LE LIBAN. IL CONTINUE À DIRE "EUX EUX EUX" SANS LES NOMMER. C'EST ENNUYEUX À DORMIR DEBOUT. AU LIEU DE DIRE GRÂCE À AOUN, BASSIL ET SLEIMAN FRANGIÉ QUE LE HEZBOLLAH A PRIS LE LIBAN EN OTAGE. POUR LIBÉRER CE PAYS, IL FAUT QUE CES TROIS MERCENAIRES IRANIENS QUI SONT LES OTAGES DU HEZBOLLAH ET QUI RISQUENT LEUR PEAU EN CAS OÙ ILS DÉCIDENT DE SE LIBÉRER QUITTENT LE PAYS PROTÉGÉS PAR LA FRANCE PAR EXEMPLE.

    Gebran Eid

    17 h 15, le 27 décembre 2020

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