Rechercher
Rechercher

Société - Coopération

L’infaillible soutien de l’Italie au Liban

Depuis la double explosion du 4 août, Rome a alloué des aides d’une valeur totale de 22 millions d’euros. Onze autres millions seront octroyés avant la fin de l’année en cours.

L’infaillible soutien de l’Italie au Liban

Après la double explosion au port, l’agence italienne de coopération au développement a distribué 2 203 paniers alimentaires.

Dans les heures qui ont suivi la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août dernier, le commandant en chef du contingent italien de la Finul a dépêché sur les lieux du drame deux équipes médicales. Quarante-huit heures plus tard, le 6 août, un avion italien atterrissait à l’aéroport de Beyrouth avec à son bord une équipe d’ingénieurs civils et de pompiers, ainsi que des experts du NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique). D’autres équipes d’experts et près de vingt tonnes d’équipements médicaux devaient suivre au fil des jours et semaines, avant que l’opération « Emergenza Cedri » ou Urgences des cèdres ne soit lancée. Celle-ci était composée d’un hôpital de campagne militaire installé sur le campus de l’Université libanaise à Hadath, ainsi que d’une unité du génie militaire.

« Depuis l’explosion et jusqu’à présent, l’Italie a alloué au Liban une aide d’une valeur de 22 millions d’euros, avance Nicoletta Bombardiere, ambassadrice d’Italie. Onze autres millions seront attribués avant la fin de l’année en cours, comme l’a déclaré notre Premier ministre, Giuseppe Conte, lors de la seconde conférence internationale d’aide d’urgence au Liban coprésidée par le président français Emmanuel Macron et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. »

Lire aussi

L’ONG Nawraj et Dassault Aviation remettent des équipements médicaux à l’Hôpital des sœurs du Rosaire

L’engagement de l’Italie auprès du Liban n’est pas récent. Il remonte à près de quatre décennies, au début des années 1980, lorsque l’Italie a dépêché ses soldats au Liban-Sud pour rejoindre les forces de la Finul dans le cadre des opérations de maintien de la paix. « Depuis, nous sommes conscients de notre rôle et de notre présence au Liban, soutient Nicoletta Bombardiere. Notre implication s’articule autour d’un seul objectif, celui du maintien de la stabilité dans le pays et la région. C’est d’ailleurs une priorité de notre politique étrangère. Toute notre action converge dans ce sens. »


Dans les semaines qui ont suivi la catastrophe du 4 août, vingt tonnes d’équipements médicaux ont été octroyées par l’Italie au Liban. Photos DR


1983 : coup d’envoi de la coopération

Dans cet objectif, Rome, à travers l’agence italienne de coopération au développement, a réalisé de nombreux projets aux quatre coins du pays, sans aucune distinction régionale ou communautaire. Donatella Procesi, directrice du bureau de l’agence à Beyrouth, explique ainsi que le premier accord bilatéral a été signé en 1983. Les fonds avaient alors servi à « installer la première station de pompage d’eau dans la périphérie de Beyrouth ». « Aujourd’hui encore, cette station sert à alimenter la capitale en eau, dit-elle. Après ce premier projet, la coopération italienne a élargi ses activités pour reconstruire le pays et venir en aide aux communautés les plus vulnérables. Elle a collaboré à cet effet avec plusieurs institutions libanaises et la société civile. » En 2006, toutefois, au lendemain de l’offensive israélienne au Liban, « l’engagement de l’Italie a été renforcé par l’ouverture officielle du bureau de la coopération italienne à Beyrouth ». Depuis, de nombreux projets ont été menés dans les domaines de l’environnement, de l’infrastructure, de la gouvernance locale, du patrimoine culturel, de l’éducation, de la santé, du développement durable de l’économie, comme en faveur des réfugiés palestiniens. Plus tard, à partir de 2011 et avec l’afflux massif des Syriens au Liban, l’agence a initié des projets pour répondre à cette crise humanitaire. Récemment, les efforts déployés visaient à répondre à l’impact dévastateur de l’apocalypse du 4 août dans différents secteurs.

Pour mémoire

Don italien de 3,5 millions de dollars à l’Unicef, pour aider à surmonter le traumatisme du 4 août


Se penchant sur cette tragédie, Donatella Procesi précise que « juste après la double explosion, l’Italie a versé la somme de 3,2 millions d’euros à la Croix-Rouge libanaise et au bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, comme réponse immédiate au Covid-19 et aux urgences résultant de l’explosion ». « Nous avons également acheté 2 203 paniers alimentaires d’un montant total de 346 000 euros pour les familles les plus vulnérables dans le cadre de l’initiative lancée par le ministère libanais des Affaires sociales, poursuit-elle. Durant les trois premiers mois, l’agence s’est chargée de coordonner toutes les aides. »

« Nous avons lancé un appel d’offres pour des projets d’une valeur de deux millions d’euros qui seront alloués au cours de la phase prochaine, se félicite la responsable. Un autre appel d’offres, d’une valeur totale de sept millions d’euros, a également été lancé pour des projets qui seront réalisés non seulement dans la région dévastée par l’explosion, mais aussi dans les environs, puisque c’est tout le pays qui souffre, en raison de la crise financière. »

Préserver le patrimoine

L’Italie, qui compte l’un des plus importants patrimoines culturels au monde, accorde à ce secteur une attention particulière. Ainsi, après l’explosion, le ministère italien de la Culture a dépêché au Liban une équipe spécialisée pour une évaluation des bâtiments historiques endommagés. « Suite au rapport, nous sommes en train de développer un projet pour identifier les régions dans lesquelles nous allons intervenir pour réhabiliter le patrimoine tout en préservant leur identité culturelle et le tissu urbain », assure Nicoletta Bombardiere.

Sous quelles conditions les dons seront-ils alloués au Liban ? « La communauté internationale s’entend sur le fait que toutes les aides relatives à l’urgence et aux premiers secours ne seront pas soumises à des conditions, puisque l’action menée est au bénéfice de la population affectée par l’explosion, répond l’ambassadrice. Nous sommes toujours dans une phase caractérisée par l’urgence et nous continuons à faire face à des besoins énormes en termes d’assistance humanitaire, sécurité alimentaire et urgences médicales. Cette phase n’est pas non plus soumise à des conditions. Toutefois, lorsque la reconstruction sera lancée, des conditions relatives aux mesures et aux réformes à entreprendre seront prévues en vue de mobiliser le soutien financier. »

Pour mémoire

Fin de l’opération humanitaire italienne Cedri lancée au lendemain du drame du port

« Actuellement, nous collaborons directement avec nos ONG, et pas seulement à travers les institutions publiques, renchérit Donatella Procesi. Nous sommes donc sûrs que la population bénéficie directement de cette aide. Les ONG italiennes collaborent avec des associations libanaises, mais aussi à travers des agences onusiennes. »

Quid des défis ? « Ils sont énormes, déplore Nicoletta Bombardiere. Mais notre rôle, notre présence et notre histoire au Liban vont au-delà des gouvernements qui se sont succédé. Bien sûr que nous collaborons avec les institutions officielles et notre approche repose sur une perspective à long terme. Il est important que les projets exécutés soient durables. Et, pour que les investissements que nous avons effectués pour le bénéfice du pays et du peuple le soient, il est important qu’il y ait une prise de responsabilité des partenaires locaux. »

Puis la diplomate reprend : « L’Italie a entamé sa première présidence du G20. Son agenda est basé sur trois P : population, planète et prospérité, c’est-à-dire le développement humain, dans le respect de la nature et basé sur une approche durable. La réserve de biosphère du Chouf est un exemple vivant de cet agenda. C’est l’un des modèles de coopération dont nous sommes fiers et que nous devons promouvoir dans d’autres régions. »

Pour la prochaine année, l’Italie prévoit d’autres actions « d’une valeur de près de 19 millions d’euros en plus de ceux déjà octroyés et dont la valeur est estimée à 32 millions d’euros, précise Donatella Procesi. Nous gérons en plus des projets d’une valeur de 392 millions d’euros, dont une partie est accordée sous forme de prêts à taux bonifiés. Nous lançons un nouvel appel d’offres pour des ONG italiennes qui, en partenariat avec des associations locales, vont assurer des projets d’éducation, mais aussi des projets qui seront rémunérés en devises. L’Union européenne nous a également délégués pour gérer certains fonds qui seront investis l’année prochaine. »


Dans les heures qui ont suivi la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août dernier, le commandant en chef du contingent italien de la Finul a dépêché sur les lieux du drame deux équipes médicales. Quarante-huit heures plus tard, le 6 août, un avion italien atterrissait à l’aéroport de Beyrouth avec à son bord une équipe d’ingénieurs civils et de pompiers, ainsi que des...

commentaires (2)

Que l'Italie fasse attention à qui elle donne tous ces aides ?????

Eleni Caridopoulou

20 h 20, le 23 décembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Que l'Italie fasse attention à qui elle donne tous ces aides ?????

    Eleni Caridopoulou

    20 h 20, le 23 décembre 2020

  • GRAND MERCI POUR CETTE GÉNÉROSITÉ DES ITALIENS.

    Gebran Eid

    13 h 21, le 23 décembre 2020

Retour en haut