Le Courant patriotique libre (aouniste) et le Courant du Futur du Premier ministre désigné Saad Hariri se sont écharpés samedi soir par communiqués interposés au sujet de la formation du gouvernement, une mission qui bute sur de nombreux obstacles.
Dans un premier texte, le bureau politique du Courant patriotique libre, qui s'est réuni samedi sous la présidence de l'ancien ministre Gebran Bassil, a estimé que "le retard dans la formation du gouvernement a pour cause une volonté claire d'outrepasser les prérogatives du président de la République, qui est un partenaire à part entière dans le processus".
La parti aouniste a estimé que le Premier ministre désigné "insiste à passer outre le Pacte national et à ne pas adopter des critères unifiés clairs". "On ne peut pas se taire face à cela", a estimé le bureau politique du CPL.
"Ritournelle des critères unifiés"
En réponse, le Courant du Futur a critiqué ce qu'il a qualifié de "politique de fuite en avant" des aounistes et rejeté tout "retour à la ritournelle des critères unifiés". Rappelant l'engagement de Saad Hariri à former un cabinet de spécialistes compétents et non-partisans, il a dénoncé les "informations fallacieuses" diffusées par le CPL selon lesquelles le Premier ministre désigné s'obstine à vouloir nommer les ministres chrétiens. Le courant haririen souligne que le Premier ministre désigné "sait parfaitement qu'il est impossible que le décret de formation du cabinet soit signé sans l'approbation du chef de l'État".
La réponse des aounistes ne s'est pas fait attendre. "Le Courant du Futur persiste à vouloir enfreindre la Constitution en ce qui concerne les prérogatives du président de la République", a insisté le bureau de presse du CPL. Ce texte accuse le parti de Saad Hariri d'avoir été "le premier à porter atteinte à l'accord sur un gouvernement de technocrates en proposant la candidature d'un Premier ministre politique par excellence et non un technocrate et en voulant attribuer plusieurs ministères n'ayant aucun lien entre eux à un seul ministre".
Depuis sa désignation pour former le cabinet, le 22 octobre dernier, Saad Hariri peine à trouver un terrain d'entente avec le chef de l'État Michel Aoun. Leurs négociations butent notamment sur la répartition des portefeuilles et la nomination des ministrables. Au cœur de cette polémique se trouve aussi le refus de Saad Hariri d'accorder le tiers de blocage au CPL et au chef de l'État. Cet échange de communiqués fait suite à une première passe d'armes qui avait eu lieu lundi entre la présidence de la République et le Premier ministre désigné, qui se sont mutuellement accusés d'être responsables du retard dans la formation du gouvernement. Les tensions entre les deux hommes ont encore empiré depuis la semaine dernière après l'inculpation du Premier ministre sortant Hassane Diab, et de trois anciens ministres, dans le cadre de l'enquête sur les explosions au port.
C'est dans ce contexte que Saad Hariri s'était entretenu mercredi avec le patriarche maronite Béchara Raï. Le prélat s'est ensuite rendu au palais présidentiel de Baabda vendredi, pour échanger avec le chef de l'État, puis a reçu à Bkerké Gebran Bassil. Une source informée contactée par L’Orient-Le Jour croit savoir que la rencontre Raï-Bassil s’est déroulée dans une atmosphère tendue. Le patriarche a enfin reçu samedi soir à Bkerké les anciens ministres Ghattas Khoury et Sejaan Azzi, émissaires de Saad Hariri.
commentaires (11)
Je répète encore à ceux qui veulent associer Hariri à Bassil ou Berry que ce monsieur a été premier ministre de 2009 à 2011 interrompu et de 2017 à 2019 interrompu! Pendant ces deux mandats il a subi les pires humiliations et ne fait plus partie des milliardaires du Forbes! Pendant que d’autres critiquent son acharnement à réagir dans un Liban qui glisse vers les abysses , à la place de la révolution je relirai l’histoire et m’inspirerai du Cheval de Troie en utilisant cette dynamique pour m’infiltrer derrière lui et accèder enfin à un semblant de participation au pouvoir pour un changement en douceur de nos institutions et de notre constitution! PHENICIA 11 h 48, le 07 novembre 2020
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12 h 43, le 20 décembre 2020