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Nos Lecteurs ont la Parole

L’islam est liberté et dignité de l’homme, celui qui déroge à ces valeurs n’est pas musulman

La morale est-elle plus importante que la religion ? Quelle est la relation entre la religion et la morale ?

La morale peut-elle être formée par la conscience et non par la foi ?

Il est temps de discuter de ces questions.

Ces interrogations se posent suite aux massacres perpétrés dans certaines parties du monde au nom de la religion et pour défendre la religion !

Gandhi disait qu’il avait des opinions immodérées contre la religion mais qu’il a appris que sa vie serait un lourd fardeau à porter tout seul s’il n’y avait pas la religion pour le soulager d’une partie de ce fardeau !

Maintenant que les égorgements ont commencé au nom de la religion, nous faisons face au même vieux problème : la force de l’homme a précédé l’éveil de la conscience et le développement de ses muscles a précédé le développement de sa pensée !

Dans ces temps difficiles que traverse l’humanité, des questions inquiétantes se posent : l’histoire de l’humanité est-elle une histoire de chances perdues, d’occasions qui se présentaient pour faire régner la paix dans son sens le plus large et le plus global mais que l’influence de la raison a laissées passer ? Le résultat fut des conflits longs et continus, sanglants et exténuants qui ont marqué l’histoire de l’humanité ; et la nature humaine s’est avérée être un conflit de survie de celui qui est le plus fort et le plus apte !

Les évènements historiques ont érodé le rôle de la raison. La principauté est morte et la bourgeoisie des propriétaires de terres a pris fin. L’absence d’institutions et d’universités a engendré un état de décadence loin de la raison et de l’art. Les gens – les notables et le peuple – se sont trouvés dans un état étrange où la responsabilité sociale et humaine a disparu, laissant ainsi la voie libre à l’individualisme (représenté par la richesse personnelle). Avec le « chacun pour soi » et le « chacun contre autrui » (vu l’absence de la sécurité sociale), la raison s’est trouvée seule face aux changements violents et devait se prendre elle-même en main.

Des faits furent effacés, des visions furent dissipées, des vérités furent éteintes : du Tchétchène qui a décapité le professeur d’histoire à Paris au jihadiste qui a massacré trois fidèles dans une église à Nice, aux daéchistes qui ont ouvert le feu en Autriche, tuant ainsi quatre piétons, etc. Tout cela reflète un complot international que préparent des États pour déclencher une guerre islamo-chrétienne.

D’où la nécessité de répondre à la question suivante : la morale est-elle plus importante que la religion ? Nombreux sont ceux qui ont une morale et une conscience alors qu’ils sont athées. Cela prouve que la morale peut être formée par la conscience et non par la foi !

La religion n’est pas un but en soi mais un moyen pour nous apprendre la vertu. Dieu n’a pas besoin de nos prières et de notre jeûne. Nous prions et nous jeûnons pour nous éduquer. L’islam n’est pas de simples pratiques religieuses, comme le pensent les salafistes, ni un moyen de s’emparer du pouvoir, comme le pensent les Frères musulmans et Erdogan. Si l’islam ne nous rend pas plus humains, il serait dans ce cas inutile, et nous aussi nous serions inutiles. La religion n’est qu’un exercice pour faire du bien. À quoi donc servirait la pratique des cultes si elle ne se reflète pas sur la morale ?

L’islam doit être compris comme étant des principes humanitaires généraux : la justice, l’égalité, la liberté et la dignité. La charia islamique assure la justice car la charia est divine, alors que le fiqh est un effort humain qui doit aller de pair avec le progrès de chaque époque. L’islam a permis l’achat des femmes esclaves pour le plaisir. Pouvons-nous imaginer par exemple les filles musulmanes offertes à la vente dans les places publiques comme l’avait fait Daech ? Et ce au nom de la religion et de la charia !

Il est inadmissible et inacceptable au XXIe siècle qu’un être humain soit flagellé ou lapidé ou que sa main soit amputée !

Ces peines de ta’aziz étaient bénéfiques il y a mille ans, mais il est impossible de les appliquer de notre temps. Il en est de même pour la vente des esclaves. Il est illogique d’appliquer quelques textes et d’en écarter d’autres. Il est cependant nécessaire de suivre le progrès de chaque époque en changeant continuellement et en se développant.

Tout ce qui sort du champ de la justice, de l’égalité, de la liberté et de la dignité de l’homme sort du champ de l’islam. Il faut mettre fin à la pièce de théâtre où ce que l’on voit contredit ce qu’on entend.

Mieux vaut une vérité qui fait mal qu’un mensonge qui réjouit.

Nous avons entendu ce qui s’est passé à Paris, en Autriche, à Nice, etc., et nous avons lu le communiqué d’al-Azhar et les nobles positions égyptienne et saoudienne ! Mais il est temps d’entendre et de voir quelque chose de différent…

Le temps est venu pour une révolution culturelle, intellectuelle et morale islamique qui puisse rendre l’islam à l’islam, faisant ainsi de la religion un moyen qui nous apprend la vertu. Le temps est venu pour une révolution qui confirme que Dieu n’a pas besoin de nos prières et de notre jeûne et que nous prions et nous jeûnons pour nous éduquer.

L’islam n’est pas de simples pratiques religieuses, comme le pensent les salafistes, ni un moyen de s’emparer du pouvoir, comme le pensent les Frères musulmans et Erdogan.

L’islam est justice, égalité, liberté et dignité de l’homme, et tout ce qui contredit ces valeurs n’a aucun rapport avec l’islam. Bien au contraire, ce serait l’incrédulité même.

Abdel Hamid EL-AHDAB

Avocat

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

La morale est-elle plus importante que la religion ? Quelle est la relation entre la religion et la morale ?La morale peut-elle être formée par la conscience et non par la foi ?Il est temps de discuter de ces questions.Ces interrogations se posent suite aux massacres perpétrés dans certaines parties du monde au nom de la religion et pour défendre la religion ! Gandhi disait qu’il avait des...
commentaires (1)

Merci Monsieur El Ahdab pour cette belle pensée. Un pas de géant qui devrait faire echo et se répandre. E attendant d'aboutir a cette sagesse le Liban a besoin de laïcité et de fédéralisme pour justement donner le temps a votre initiative de se répandre et se comprendre. C'est le seul moyen de se protéger et de respecter l'autre dans ces croyances. Un Liban laic et fédéral.

Jose Johann Chidiac

12 h 22, le 13 novembre 2020

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Commentaires (1)

  • Merci Monsieur El Ahdab pour cette belle pensée. Un pas de géant qui devrait faire echo et se répandre. E attendant d'aboutir a cette sagesse le Liban a besoin de laïcité et de fédéralisme pour justement donner le temps a votre initiative de se répandre et se comprendre. C'est le seul moyen de se protéger et de respecter l'autre dans ces croyances. Un Liban laic et fédéral.

    Jose Johann Chidiac

    12 h 22, le 13 novembre 2020

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