Alors que ces derniers jours, l'optimisme entourant la formation du nouveau gouvernement semblait retomber, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, devant composer avec les revendications des différentes formations politiques malgré son engagement à former un cabinet de technocrates indépendants, des sources citées par notre correspondante à Baabda, Hoda Chedid, ont fait état d'un "développement positif" qui devrait avoir lieu "dans les deux jours qui viennent". Dans ce contexte, M. Hariri s'est rendu une nouvelle fois lundi à Baabda loin des médias et a poursuivi avec le chef de l'Etat Michel Aoun l'étude du dossier, a rapporté la présidence, faisant état d'une ambiance "de coopération et d'avancées positives".
"Contrairement aux informations pessimistes ayant fuité" dernièrement dans la presse, faisant état de blocages concernant la répartition et distribution des portefeuilles, des sources citées par notre correspondante à Baabda ont affirmé que "des avancées" ont été enregistrées dans les concertations gouvernementales "qui ont lieu loin des médias". Selon ces sources, un "développement positif" devrait avoir lieu "dans les deux prochains jours". Saad Hariri, qui s'est donc rendu lundi à Baabda loin des médias, prévoirait d'y revenir demain ou mercredi pour présenter une première mouture d'un cabinet de 18 ministres, rapporte de son côté notre correspondant politique Mounir Rabih. Ces informations interviennent alors que plusieurs observateurs avaient lié au cours des dernières semaines la formation du gouvernement à la présidentielle américaine du 3 novembre (dans la nuit de mardi à mercredi).
"Aucune tierce partie" n'est impliquée
Plus tôt dans la journée, et pour dissiper tout malentendu concernant des informations de presse entourant les tractations, le bureau de presse de la présidence avait affirmé que les discussions pour la mise sur pied du gouvernement Hariri n'étaient pas suspendues. "Les concertations se poursuivent concernant la formation du gouvernement et ont lieu exclusivement, conformément à la Constitution, entre MM. Aoun et Hariri", a indiqué le bureau de presse du palais de Baabda. "Aucune tierce partie" n'est impliquée dans ces négociations, a ajouté la présidence, qui précise que le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), ne participe pas à ces discussions. Et Baabda de souligner que la poursuite de ces pourparlers est requise pour répondre au "plus grand intérêt national".
De son côté, M. Bassil a démenti toute "intervention" dans la mise sur pied du cabinet, dénonçant des informations "fabriquées de toutes pièces" visant à lui faire porter la responsabilité de toute entrave "afin de couvrir les véritables saboteurs". "Jusqu'à aujourd'hui, ni Gebran Bassil ni le CPL ne sont intervenus ou ne sont entrés en contact avec les différentes parties" impliquées dans la formation du cabinet, en dépit de "leur droit constitutionnel" de le faire, a précisé le bureau de presse du chef du courant aouniste.
La "troïka au pouvoir"
Depuis sa désignation, il y a une dizaine de jours, le chef du courant du Futur cherche à former un gouvernement d'experts, capable de mener les réformes réclamées par la communauté internationale, notamment la France, dans le cadre de l'initiative lancée par Paris le 1er septembre dernier à Beyrouth. Alors que certains responsables avaient annoncé, au vu du climat d'optimisme qui prévalait la semaine dernière, que le cabinet serait formé sous peu, cette atmosphère avait laissé la place à un attentisme prudent de la part des dirigeants, alors que la politique du partage des quotes-parts semblait avoir repris le dessus dans les tractations. Ainsi, samedi, le CPL avait posé certaines conditions allant à l’encontre de la volonté de Saad Hariri - qui veut former une équipe restreinte de 18 ministres - et s'est dit favorable à une mouture élargie, sans cumul des portefeuilles. Une façon de réclamer au Premier ministre désigné d'inclure dans son équipe les alliés du CPL, dont le Parti démocratique libanais de Talal Arslane (druze) et d'obtenir le tiers de blocage au sein du cabinet. M. Bassil, qui se serait réuni durant le week-end avec le président Aoun, aurait également remis sur le tapis la question de la rotation des portefeuilles dont seul celui des Finances a été excepté conformément aux revendications du tandem chiite (Amal-Hezbollah). Les grecs-catholiques ont également réclamé au cours du week-end que leur communauté soit représentée par un ministre.
C'est dans ce cadre que le leader maronite et chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a critiqué lundi le processus de formation du nouveau gouvernement, estimant que tant que la "troïka au pouvoir" restait en place, il n'y aurait "pas d'espoir de sauvetage" du pays. M. Geagea faisait référence, sans les nommer, au Hezbollah, au mouvement Amal du président de la Chambre, Nabih Berry, et au CPL. "Vous voyez maintenant pourquoi les Forces libanaises ont refusé de s'impliquer dans la question gouvernementale ?", a écrit M. Geagea sur Twitter. Il a toutefois souligné que son parti "poursuivra sans relâche" sa mission "jusqu'à ce que le pouvoir soit restructuré".
commentaires (8)
Quelle blague ce pays , quelle mascarade !
Robert Moumdjian
03 h 20, le 03 novembre 2020