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Politique - Universités

Victoire des indépendants à la LAU : une lueur d’espoir ?

Une première dans l’histoire des élections estudiantines et le signe d’un changement dans les esprits, alors que le pays s’apprête à marquer le premier anniversaire du soulèvement populaire du 17 octobre.

Victoire des indépendants à la LAU : une lueur d’espoir ?

Les candidats indépendants de la LAU ayant obtenu le plus de voix lors des élections estudiantines tenues vendredi dernier. Photo DR

Vendredi dernier, les candidats indépendants aux élections estudiantines de la Lebanese American University (LAU) ont remporté la majorité des sièges dans les deux campus de cet établissement universitaire. Une première dans l’histoire des élections estudiantines qui sont, chaque année, l’occasion de tiraillements voire de tensions entre les étudiants, en fonction de leurs affiliations politiques, notamment à l’Université Saint-Joseph, à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), ou encore à l’Université libanaise. Cette année, seule la LAU a organisé des élections en ligne, en raison des restrictions sanitaires. Les candidats indépendants ont bénéficié de la majorité des votes, signe d’un changement dans les esprits, alors que le pays s’apprête à marquer le premier anniversaire du soulèvement populaire du 17 octobre. Sur le campus beyrouthin de la LAU, 9 des 15 sièges ont été raflés par des indépendants, tandis que 4 sièges sont revenus au mouvement Amal contre 2 sièges pour les Forces libanaises (FL). À Jbeil, 4 indépendants ont été élus, contre 10 étudiants des FL et un étudiant Amal, mais il convient de noter que les indépendants arrivent en tête des listes sur lesquelles ils se sont présentés. Une des candidates, Nagham Abou Zeid, a même obtenu 52 % des voix de la faculté des arts et des sciences à Jbeil. « La difficulté, à Jbeil, c’est que les FL sont le seul parti qui domine sur le campus. Ils n’ont pas de concurrents au niveau politique, ce qui complique les choses pour les indépendants. Sur le campus de Beyrouth, la situation est différente puisque plusieurs partis se sont affrontés. Cela a créé une brèche dans laquelle les indépendants se sont engouffrés », analyse Nagham Abou Zeid. « Nous étions 5 indépendants à Jbeil et nous avons été élus en tête des listes sur lesquelles nous nous sommes présentés », se félicite la jeune femme.

La pression des partis politiques

La victoire n’a pas été simple pour autant. Âgée de 20 ans, Nagham Abou Zeid, qui est inscrite à la faculté des arts et des sciences, a dû faire face à une campagne de cyber-harcèlement, orchestrée sur les réseaux sociaux par des étudiants politisés. De même pour un de ses colistiers, Thomas el-Khoury, également élu à Jbeil. « Nous étions très inquiets parce que les partis politiques faisaient pression, nous ne nous attendions pas à cette victoire », confie l’étudiante à L’Orient-Le Jour. « Nous sommes fatigués de la situation, nous sommes tout le temps anxieux. Ces derniers temps, les jeunes ont pris conscience de beaucoup de choses et c’est ce qui explique ces résultats. La faculté pourrait bientôt facturer le dollar à 3 900 LL et nous risquons de nous retrouver au chômage, une fois notre diplôme en poche », soupire-t-elle.Nagham Abou Zeid confie toutefois « garder espoir » pour la suite. « Sur les réseaux sociaux, les étudiants critiquent de plus en plus les partis politiques. De plus, lorsque les prochaines législatives seront organisées, notre génération sera en mesure de voter et d’induire un changement, même si les partis traditionnels seront probablement toujours là », souligne la jeune fille.

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Rawad Taha, 22 ans, ancien étudiant de la LAU et activiste politique, estime pour sa part que les résultats des élections cette année sont assez significatifs. « En 2017, les indépendants avaient obtenu un seul siège à Beyrouth. En 2018, ils sont passés à deux sièges. En 2019, un indépendant a obtenu un siège pour la première fois à Jbeil. Ces résultats sont le reflet d’un changement majeur au niveau de la société », estime ce militant, qui a travaillé de près avec les candidats en course cette année. L’an dernier, les élections estudiantines à la LAU avaient été remportées par le camp du 14 Mars, alors que les partis du camp opposé les boycottaient pour protester contre le mode de scrutin.

La contestation continue

Pour Jad Chaabane, militant et économiste, ces élections qui se démarquent des autres années « reflètent une véritable volonté de changement ». « Certains ont critiqué ce scrutin en rappelant que les étudiants de la LAU viennent d’un milieu aisé et qu’il leur est donc plus facile de se détacher des partis politiques. Ces allégations sont fausses. Il y a un an, les résultats des élections des amicales étaient à l’opposé de ce que l’on voit aujourd’hui, indique M. Chaabane à L’Orient-Le Jour. L’esprit de contestation du 17 octobre dernier ne s’est pas éteint. On ne pouvait donc que s’attendre à une montée des indépendants, après tout ce qui s’est passé dans le pays », analyse-t-il. « Après l’élection de Melhem Khalaf à la tête du barreau de Beyrouth (en novembre dernier), on voyait le changement venir dans les universités. Les partis ont clairement peur. De toute manière, que proposent-ils réellement au sein des universités ? » se demande-t-il. « La contestation est toujours là, même si les gens ne sont plus mobilisés dans la rue. Ils ont dû faire face à la répression et la violence, aux arrestations et à la crise économique, mais ils continuent de vouloir le changement. Les revendications du 17 octobre tiennent toujours. Nous avons besoin d’un plan de relance économique et de changement au sein du pouvoir, à travers des législatives anticipées », souligne-t-il encore.

Vendredi dernier, les candidats indépendants aux élections estudiantines de la Lebanese American University (LAU) ont remporté la majorité des sièges dans les deux campus de cet établissement universitaire. Une première dans l’histoire des élections estudiantines qui sont, chaque année, l’occasion de tiraillements voire de tensions entre les étudiants, en fonction de leurs...

commentaires (4)

L'espoir est permis pour le Liban grâce a sa jeunesse talentueuse. Bravo a la jeunesse libanaise ! ...

nabil zorkot

12 h 02, le 12 octobre 2020

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Commentaires (4)

  • L'espoir est permis pour le Liban grâce a sa jeunesse talentueuse. Bravo a la jeunesse libanaise ! ...

    nabil zorkot

    12 h 02, le 12 octobre 2020

  • Bravo aux jeunes purs détachés de la crasse politique.

    Christine KHALIL

    09 h 00, le 12 octobre 2020

  • UN BON DEBUT ET SIGNE POUR LES LEGISLATIVES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 43, le 12 octobre 2020

  • Le chemin est long, encore tres long ! 30 ou 40 ans avant un eveil de conscience collective ? Entre-temps, les dictateurs perses auront dix fois le temps de détruire notre patrie

    Aboumatta

    01 h 37, le 12 octobre 2020

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