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Nos Lecteurs ont la Parole

Le complot ? C’est nous aussi

Qui d’entre nous n’a pas vécu, subi, observé ou été acteur des situations suivantes ?

Un camion-citerne qui suinte et qui déverse à chaque tournant une partie de sa cargaison d’eau sur la voie publique.

L’entreprise de vitrage qui, avec quelques jours de retard, livre sa marchandise avec des dimensions inexactes.

Un collègue au revenu limité qui remplace son téléphone par le dernier portable haut de gamme, juste après avoir acheté une voiture lui conférant une image « plus chic ».

Le microbus archibondé en pleine crise Covid-19 transportant 16 personnes ne portant pas de masque.

Un livreur qui ne trouve pas sa destination, et qui ne connaît pas le quartier où il est attendu et à qui son employeur a remis une adresse incomplète.

Des denrées de première nécessité subventionnées par l’État, revendues ou exportées au prix fort par ceux qui sont censés en bénéficier.

Une procession funèbre accompagnée de tirs nourris d’armes à feu et l’habituel lot de victimes touchées par balles perdues.

Une vingtaine de voyous, qualifiés de protestataires par les médias, qui dénaturent à chaque fois des manifestations pacifiques sans être mis en cause par les autorités ou les organisateurs de ces rassemblements.

Des détritus jetés sur les bords de route par ceux qui se plaignent de la saleté de nos zones publiques.

Un ouvrier dans un entrepôt maniant par une chaleur torride chalumeau et scie électrique sans précaution aucune. Indiscipline, manque d’esprit civique, affairisme, imprécision, irresponsabilité, inconscience et amateurisme sont présents dans notre quotidien depuis des décennies.

Ces attributs ne s’appliquent pas exclusivement aux fonctionnaires de l’administration publique et à notre classe politique. C’est nous aussi, quelques millions de résidents sur cette terre, qui créons ou tolérons ces situations.

Commençons par le reconnaître dans une franche expression de prise de conscience citoyenne.

Cela nous permettra d’adresser avec plus d’efficacité les dysfonctionnements de notre système et de mieux cibler les mesures devant accompagner les revendications portées à l’unisson par la grande majorité de nos concitoyens, ceux-là mêmes auxquels s’appliquent les exemples cités plus haut. C’est cette spirale stérile qui est à l’origine du leitmotiv que nous entendons si souvent : « Les lois ne sont pas appliquées ! »

Le déni ou la recherche de la commodité nous pousse alors trop souvent, et à chaque incident, dans les théories du complot avec des accusations lancées dans toutes les directions ; autant de pertes d’énergie qui nous éloignent des remèdes à mettre en place.

Il est grand temps de commencer à regarder au plus près, au plus simple et au plus vrai.

Fady BUSTROS

Activiste

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Qui d’entre nous n’a pas vécu, subi, observé ou été acteur des situations suivantes ? Un camion-citerne qui suinte et qui déverse à chaque tournant une partie de sa cargaison d’eau sur la voie publique.L’entreprise de vitrage qui, avec quelques jours de retard, livre sa marchandise avec des dimensions inexactes.Un collègue au revenu limité qui remplace son téléphone par le...

commentaires (1)

J'ajouterai même une phrase que j'entends régulièrement depuis que je vis au Liban: "oui mais c'est le Liban". Prononcées souvent par des expatriés qui reviennent "profiter" à fond du pays pour une courte période de congé annuel. Des personnes qui sont des modèles d'éducation ailleurs et qui une fois revenus sur place disent "mais ici c'est le Liban"... c'est comme ça... le bazar... no limit. No law. Bien dommage. Une autre remarque: le monnayage des voix électorales par les électeurs ne lui permet pas de se plaindre du comportement de son candidat une fois élu. Il lui a donné une carte blanche. Courrier des lecteurs intéressant. J'adhère.

Sybille S. Hneine

09 h 19, le 21 septembre 2020

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Commentaires (1)

  • J'ajouterai même une phrase que j'entends régulièrement depuis que je vis au Liban: "oui mais c'est le Liban". Prononcées souvent par des expatriés qui reviennent "profiter" à fond du pays pour une courte période de congé annuel. Des personnes qui sont des modèles d'éducation ailleurs et qui une fois revenus sur place disent "mais ici c'est le Liban"... c'est comme ça... le bazar... no limit. No law. Bien dommage. Une autre remarque: le monnayage des voix électorales par les électeurs ne lui permet pas de se plaindre du comportement de son candidat une fois élu. Il lui a donné une carte blanche. Courrier des lecteurs intéressant. J'adhère.

    Sybille S. Hneine

    09 h 19, le 21 septembre 2020

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