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Nos Lecteurs ont la Parole

Allo le monde, ici Beyrouth, ici le Liban

Depuis 30 ans, rien n’a vraiment changé, tu sais. Le ballet immuable qui semble être attaché à notre terre est un boléro sordide au rythme de plus en plus infernal. Cette année est le crescendo.

Le monde était en feu et nous avons brûlé des feux de forêt en septembre. Ensuite, les clameurs de la révolte pacifique, patriote et citoyenne sont montées dans les rues tandis que la livre et les banques sombraient à partir d’octobre. « Révolution ! Révolution ! Tous, ça veut dire tous ! »; nous avons tous rêvé du changement, de cette contrée parfaite et idéalisée.

Toutes les villes ont repris cette clameur, et jamais tous nos cèdres n’ont été aussi unifiés. Gebran Tuéni en aurait pleuré. Beyrouth, la mère du monde soutenue par tous ses enfants sans distinction, qu’ils soient près d’elle ou par-delà les mers ; sauf ceux qui sont chargés de prendre soin d’elle. Ami, ce sont ces noirs corbeaux qui volent. La révolution s’enlise et c’est le virus qui frappe notre économie affaiblie. La monnaie se déprécie, le dollar disparaît, la situation est délétère à la veille de l’arrivée des mains salvatrices portées par les vents d’été. Salvatrices mais irresponsables, et le virus, pourtant contenu jusqu’alors, se répand et met de nouveau à mal un pays déjà à genoux.

Et finalement, ça.

Le 4 août 2020.

La dernière béquille de soutien de notre pauvre contrée explose et défigure la porte de l’Occident et de l’Orient.

Beyrouth est soufflée, Beyrouth est meurtrie.

Beyrouth compte les morts, les blessés et les disparus sous les débris.

Le peuple pleure, le peuple crie.

Le peuple a peur alors qu’il endosse les responsabilités qui ne sont pas les siennes.

Ami, vois-tu tous les amis qui sortent de l’ombre pour t’aider ?

Baalbeck, Tyr, Sidon, Batroun et Zahlé.

Nous répondons tous présent sans hésitation. Sans considération pour nous-mêmes, nous nous affairons à déblayer, trier et aider autant que nous pouvons.

Mais quelle frustration.

Se sentir inutile, ne pas savoir où commencer et comment finir.

La peur à nos trousses et la faim qui pousse telles des belladones aux envies les plus légitimes et les plus sauvages.

Il est des pays où les gens au creux des lits font des rêves.

Ici, les rêves ont prit le visa.

Bhebak ya Loubnan.

Je t’aime d’un cœur meurtri comme Beyrouth.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Depuis 30 ans, rien n’a vraiment changé, tu sais. Le ballet immuable qui semble être attaché à notre terre est un boléro sordide au rythme de plus en plus infernal. Cette année est le crescendo.Le monde était en feu et nous avons brûlé des feux de forêt en septembre. Ensuite, les clameurs de la révolte pacifique, patriote et citoyenne sont montées dans les rues tandis que la livre...

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