
Photo Mouin Jaber
Vous êtes des monstres, des ordures, des assassins. Il n’y a aucun mot qui puisse vous décrire. Aucun. Vous êtes les initiateurs d’un crime contre l’humanité. De crimes contre l’humanité. Vous méritez la pendaison. Sur la place publique. Sur la place des Martyrs. Vous méritez la torture et les pires souffrances. Vous méritez nos crachats et nos coups. Vous méritez de brûler en enfer.
Nous pensions que vous nous aviez tout pris, que nous étions au fond du gouffre, qu’il ne pourrait y avoir pire. Et le pire arriva. Par votre faute. Vous étiez au courant depuis six ans que 2 700 tonnes de nitrate dormaient au port. Et comme toujours, vous n’avez rien fait. Parce que trop d’argent en jeu, parce que le Hezbollah, parce que la corruption. Jusqu’à maintenant, le peuple ne sait rien de ce qui s’est passé, mais le peuple va vous demander des comptes. À vous. Vous, politiciens véreux, endormis et amorphes quand il ne s’agit pas de vos dollars. Vous, camarades les uns avec les autres face à votre peuple qui, à vos yeux, ne vaut rien.
Nous ne valons rien. On a juste le droit d’exister. Le droit de dire « Kattir kheir Allah, nous sommes en vie ». Mais nous ne sommes pas en vie ! Nous avons perdu des proches. Nous avons perdu nos maisons. Nous avons perdu nos souvenirs, notre héritage. Il ne nous reste plus rien. Nous sommes les victimes d’une explosion nucléaire, 10 fois plus forte que celle d’AZF. Nous caracolons dans le morbide hit-parade des trois plus grandes explosions atomiques de l’histoire de l’humanité. Trois cent mille personnes sont sans abris. Des milliers de blessés et plus de 150 morts. C’est ça ton mandat Michel Aoun ? C’est ça ta victoire Hassan Nasrallah ? C’est ça ton pouvoir Nabih Berry ? C’est ça ce que vous vouliez, Saad Hariri, Gebran Bassil, Walid Joumblatt, Samir Geagea, Sleiman Frangié ? Vous, vos sbires, vos partisans, vos complices ? C’est ça ? ! Un pays en agonie ? Un pays qui pue la mort et le désespoir ? Un pays foudroyé dans ses entrailles ? Là, dans sa capitale ? Cette capitale, mille fois morte et à qui vous venez d’asséner le coup de grâce ?
Et depuis ce 4 août, jour funeste digne d’un film d’horreur, vous n’avez rien fait. Les rues jonchées de cadavres, de débris, de blessés errants, n’ont été secourues que par le peuple, la Croix-Rouge et les ONG. On n’a pas vu un membre des forces de l’ordre prêter la main pour secourir ce peuple ensanglanté qui paie leurs salaires. Pas un policier, pas un soldat. Ils préfèrent être assis sur le bord de la route, ils mangent les sandwiches offerts par des jeunes qui cherchent désespérément à aider ceux dans le besoin. Ces gens qui n’ont plus rien. Et alors que le monde entier s’est indigné, s’organisant dès la première heure pour nous apporter son soutien, vous êtes restés chez vous, assis sur ces milliards que vous nous avez dérobés, accrochés comme jamais à vos sièges de peur d’en être délogés comme ces 300 000 personnes à qui vous avez tout pris. Vous ne nous regardez même pas. Vous ne voyez même pas la détresse et la peur dans nos regards.
Vous êtes le diable incarné. Ce n’est plus la haine qui nous habite. Ce sont la rage et la colère ! Vous ne savez pas ce qui se dit dans les rues de notre Beyrouth meurtrie. Vous ne nous avez jamais écoutés, mais vous allez nous entendre. Nous voir. Nous sentir. Vous allez goûter à notre souffrance. Vous allez vivre notre cauchemar. Et si vous croyez que nous avons encore peur de vous, bande de lâches, vous vous trompez. Nous vous nommons un par un. Et nous allons, un par un, vous prendre avec nous dans cette spirale macabre où vous nous avez emprisonnés.
“Ah ça ira ça ira ca ira ! ...”
22 h 59, le 07 août 2020