
Le Premier ministre libanais Hassane Diab, s'entretenant le 18 juillet 2020 à Dimane avec le patriarche maronite Mgr Béchara Raï. Photo Ani
A l'issue d'un entretien avec le patriarche maronite Mgr Béchara Raï qui multiplie les appels à la neutralité du Liban et ses critiques à l'encontre de la majorité au pouvoir, et implicitement du Hezbollah, le Premier ministre libanais Hassane Diab a affirmé samedi que la question de la neutralité du Liban doit faire l'objet d'un "dialogue approfondi" entre les forces politiques du pays.
Jeudi, Mgr Raï avait clairement accusé, dans une interview accordée à un site du Vatican, le parti chiite d'imposer sa "mainmise sur la politique et le gouvernement" et d'entraîner le Liban dans des guerres. Les dernières prises de positions de Mgr Raï sont saluées par les figures politiques d'opposition et plusieurs chancelleries.
"La question de la neutralité est de nature politique par excellence. Elle requiert un dialogue politique approfondi entre toutes les forces politiques et une clarification concernant l'ampleur de cette neutralité", a déclaré M. Diab lors d'un point presse à l'issue de sa rencontre avec le patriarche à Dimane, siège estival du patriarcat maronite. Au cours de cet entretien, la situation économique et financière du pays a été évoquée. "Le patriarche nous a donné des conseils, et nous l'écoutons afin de profiter de son expérience et de sa sagesse", a souligné le PM.
Entré en fonction après la chute du gouvernement de Saad Hariri sous la pression du mouvement de contestation contre la classe dirigeante en octobre dernier, le cabinet de Hassane Diab a obtenu la confiance au Parlement grâce au soutien du Hezbollah et de ses alliés. "Le sujet du gouvernement du Hezbollah est devenu un disque rayé", a déclaré le chef du gouvernement sur ce sujet.
Dans un entretien accordé à la chaîne locale de télévision LBC après sa rencontre avec le président du Conseil, Mgr Raï a de son côté insisté sur le fait que le Liban est "fondamentalement neutre". "Le Pacte national prévoit la neutralité et l'ouverture à tous les pays sauf Israël. Notre salut est dans la neutralité", a-t-il ajouté. Le dignitaire a encore annoncé que des conférences de dialogue allaient être organisées afin de "dissiper tout malentendu" éventuel à ce sujet, soulignant qu'il ne fallait pas que "chaque personne comprenne la neutralité à sa manière", mais qu'elle devait devenir un "concept national et juridique". Le patriarche a encore souligné "ne pas être affecté par les attaques personnelles" contre sa personne et les accusations de collaboration avec l'ennemi.
Le patriarche a brièvement réitéré son appel lors d'une messe organisée à l'occasion de la Saint Charbel à Békaakafra, près de Dimane. "Le système libanais ne peut être que neutre", a-t-il affirmé dans son homélie, soulignant qu'il ne s'agissait "pas d'une question politique ou partisane, mais bien morale".
"Je ne démissionnerai pas"
Par ailleurs, lors de son point presse, Hassane Diab a défendu l'action de son gouvernement, réaffirmant qu'il ne démissionnera pas malgré les critiques sur la lenteur de la mise en oeuvre des réformes qui conditionnent l'octroi d'aides financières internationales.
"Je ne démissionnerai pas car en cas de démission, trouver une alternative ne serait pas chose aisée, et l'expédition des affaires courantes pour une longue période serait un crime contre les Libanais", a affirmé le Premier ministre, ajoutant que "des réformes dont les Libanais ne sont pas au courant ont été mises en oeuvre".
Le Liban vit la pire crise économique de son histoire moderne, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une explosion de l'inflation et des restrictions bancaires draconiennes sur les retraits et les transferts d'argent à l'étranger. Près de la moitié de la population libanaise vit dans la pauvreté et 35% de la population active est au chômage.
En défaut de paiement, le pays a adopté un plan de relance fin avril et promis des réformes, mais les négociations, initiées mi-mai avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir une aide cruciale pour la population et rétablir la confiance des créanciers, sont au point mort. En cause, des divergences internes sur la répartition des pertes entre l’État et ses créanciers, et sur l'estimation d'autres pertes du secteur bancaire.
Ces dernières heures, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a déploré qu'"aucune avancée" n'a été enregistrée dans les négociations avec le Liban.
A l'issue d'un entretien avec le patriarche maronite Mgr Béchara Raï qui multiplie les appels à la neutralité du Liban et ses critiques à l'encontre de la majorité au pouvoir, et implicitement du Hezbollah, le Premier ministre libanais Hassane Diab a affirmé samedi que la question de la neutralité du Liban doit faire l'objet d'un "dialogue approfondi" entre les forces politiques du...
commentaires (25)
Les sionistes veulent repousser le châtiment divin mais persister dans le refus qui a provoqué ce châtiment. La base du sionisme est donc une rébellion contre Dieu. Voilà pourquoi ses théoriciens étaient athées, et pourquoi une partie non négligeable des juifs religieux sont antisionistes. Voilà pourquoi jusqu'à la rupture avec Vatican II le Vatican a toujours refusé de reconnaître la légitimité d'Israël, et interdit aux catholiques de le faire. Avec nos 2 voisins immédiats, la seule neutralité possible est celle de la mutuelle inimitié, c'est cela l'immense différence entre le Liban et la Suisse. Mutuelle inimitié qui peut largement être compensée par des alliances multiples avec les USA, la Russie, la Chine, et nos voisins mais + lointains comme la Turquie l'Égypte et la Jordanie.
Citoyen libanais
00 h 04, le 20 juillet 2020