Dans son logo, créé sur mesure, un peu comme ce qu’elle fait avec chaque vêtement qu’elle revisite, il y a tout ce qui définit sa personnalité : une longue silhouette, qui tutoie le ciel, un look à la fois élégant et androgyne, et, au bout d’une laisse (affective), l’inséparable Cleo.
Ce n’est pas pour sa chienne, qu’elle adore pourtant, que Caline Chidiac a baptisé sa marque Underdog, mais plus pour sa signification : « C’est une expression américaine qui définit une personne autodidacte qui réussit dans un domaine qui n’était pas vraiment le sien, explique-t-elle de sa voix grave. Une personne qui arrive à ses fins grâce à sa persévérance et sa détermination. »
Lorsqu’elle a choisi Underdog, sans doute pensait-elle à son propre parcours qui l’a menée des lunettes (elle a un diplôme en optométrie) à la musique (elle est DJ dans sa version nocturne ) en passant par le design et les vêtements. « C’est exactement moi, confie-t-elle. Je suis autodidacte, et ce qui aurait pu être une faiblesse, j’en ai fait une force. »
Les pièces vintage 2020 de Caline Chidiac sous le label « Underdog ». Photo C.H.
Son univers, où tous les détails sont sentis et instinctifs, est à présent immédiatement reconnaissable. Coloré, constitué de collages de couleurs, de sensations, de broderies et d’envies, il s’est précisé dans ce troisième événement informel qu’elle présente chez Nada Debs, avec une cinquantaine de pièces : vestes, chemises, robes, tee-shirts, kimonos et chapeaux. Elle présente également des chaises et des luminaires, ainsi que des tabourets signés Nada Debs, que Caline Chidiac a revisités « en les pensant comme des vêtements ».
Aujourd’hui, le geste est plus sûr, et la collection, sa troisième, plus affirmée. Le résultat d’un confinement dont elle a su tirer le meilleur avec un mot d’ordre « Changer en mieux, dans une éthique qui revalorise l’ancien ». Toujours inspirée par le vintage, elle choisit et achète ses pièces dans les puces de Londres essentiellement. « J’aime, dit-elle, le vécu qui s’en dégage et ce côté pièce unique qui les rend éternelles. Encore plus en cette période où la société de consommation, cette société de l’éphémère, doit se remettre en question. » Puis elle intervient en déposant sa touche, des broderies, des tissus, des boutons, tout ce qui personnalise le vêtement et lui donne une nouvelle identité.
Pour ce pop-up baptisé Nada Debs roots for Underdog, la collaboration semblait logique pour les deux femmes qui ont travaillé ensemble durant 10 ans. « J’ai énormément appris de Nada, confie Caline Chidiac, qui était responsable des ventes puis PR. C’est un peu comme si j’étais à présent prête à voler de mes propres ailes avec le bagage que j’ai constitué durant ces années. »
La collaboration Nada Debs-Caline Chidiac, des tabourets revisités. Photo DR
« J’ai trouvé cette collaboration logique, renchérit Nada Debs. Caline et moi, nous avons de nombreux points communs. Nous avons toutes les deux emprunté un parcours qui nous a menées ailleurs, j’ai étudié l’architecture d’intérieur pour finir par faire du design. Et développé une passion qui est devenue un savoir-faire. J’ai observé Caline durant ces années et j’ai pu voir grandir sa passion qui a commencé par des collages personnels pour finir, entre autres, sur des coussins que nous avions fait à base de tissus obi. J’aime encourager les passions des personnes talentueuses. Et puis je trouve très intéressant sa manière de récupérer l’ancien pour en faire quelque chose d’autre, à travers un regard neuf. Ce que j’ai moi-même fait en prenant un artisanat ancien et en le rajeunissant avec des techniques modernes. Enfin il y a cette connexion émotionnelle et l’appréciation de son travail pointu, féminin et ressenti. » Et tellement personnel.
« Nada Debs roots for Underdog », les 24, 25 et 26 juin. Studio Nada Debs, immeuble Saad, 2e étage, Gemmayzé.
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