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Économie - Rapport

Le Liban parmi les pays les plus touchés par le conflit syrien, estime la Banque mondiale

Le taux de pauvreté des pays voisins a augmenté de 4 % en Jordanie, de 6 % en Irak et de 7,1 % au Liban.


Le Liban parmi les pays les plus touchés par le conflit syrien, estime la Banque mondiale

Le conflit syrien est responsable d’une baisse annuelle moyenne de 1,7 point de pourcentage du PIB libanais sur l’ensemble de la dernière décennie (Hay el-Tanak à Tripoli). Photo d’archives OLJ/ João Sousa

Alors que le Liban traverse la pire crise économique et financière de son histoire récente, un nouveau rapport de la Banque mondiale publié la semaine dernière rappelle que les malheurs du pays du Cèdre ne sont pas uniquement dus à la mauvaise gestion des dirigeants qui se sont succédé à sa tête ou à son système économique pas assez productif. Intitulé « The Fallout of the War : The Regional Consequences of the Conflict in Syria » (Les retombées de la guerre : les conséquences régionales du conflit syrien), le rapport expose sur plus de 200 pages les conséquences de cette guerre, aussi interne que régionale, sur les économies des voisins directs de la Syrie  : l’Irak, la Jordanie et le Liban. Il s’agit du troisième rapport d’une série de trois (« The Toll of War » – « Le bilan de la guerre » – publié en 2017 et « The Mobility of Displaced Syrians » – « La mobilité des déplacés syriens » – daté de 2019). Hasard du calendrier, il est publié une semaine avant le début de la conférence de Bruxelles sur la Syrie qui aura lieu mercredi.

Faible résilience institutionnelle

Selon le rapport, le conflit syrien a eu de grandes retombées économiques sur ses voisins, en comparaison à des situations similaires d’il y a quelques décennies, en raison notamment de la migration forcée des Syriens et de la forte exposition de ces pays aux retombées économiques, accentuées par la « faible résilience institutionnelle ».

Avant le début du conflit syrien en 2011, l’Irak avait une des plus faibles capacités d’État au monde – difficulté à mettre en place et à faire respecter les lois – alors que c’était le contraire pour la Jordanie qui, elle, subissait une baisse du revenu provenant des impôts. Concernant le Liban, il cumulait à lui seul les deux problèmes des autres pays, additionnés à un haut ratio dette/PIB s’élevant à 175,6 %, selon le gouvernement de Hassane Diab. De plus, le tourisme et les investissements directs étrangers (IDE) constituent une source essentielle de financement pour le Liban et la Jordanie, qui ont vu cette manne financière se réduire depuis le début du conflit syrien en raison de l’instabilité de la région.

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L’Irak a quant à lui fait face à une insurrection du groupe jihadiste État islamique. En raison de la baisse du commerce de transit et du tourisme, la Jordanie a connu une chute de 3,1 points de pourcentage de PIB, contre -2,9 points pour le Liban, bien que l’arrivée des réfugiés syriens dans les pays d’accueil ait impliqué une augmentation de 0,9 points dans les deux pays en raison de la hausse de la demande. Au niveau social, l’impact des réfugiés a accru le taux de pauvreté de ces pays : +4 % en Jordanie, +6 % en Irak et enfin +7,1 % au Liban. Dans ce dernier pays, le gouvernement a estimé dans son plan de redressement adopté en avril dernier que le taux de pauvreté a atteint 48 % cette année, une estimation proche de celui de la Banque mondiale qui l’anticipait à 52 %. Cette situation a exercé une plus grande pression sur les services publics, tels que l’électricité, l’eau et la gestion des déchets, dégradant ainsi la situation sociale de ces trois pays. Au pic de cette crise, le nombre de réfugiés représentait plus du quart de la population locale en Jordanie, au Liban et dans la région irakienne du Kurdistan, soit la plus forte concentration de réfugiés au monde.

Arrêt des politiques de court terme

Au total, il ressort que le conflit syrien est responsable d’une baisse annuelle moyenne de 1,7 point de pourcentage du PIB libanais sur l’ensemble de la dernière décennie (il s’est élevé à 56,64 milliards de dollars en 2018, selon la Banque mondiale). Un impact presque identique à celui exercé sur l’économie jordanienne (1,6 point pour un PIB de 42,21 milliards de dollars en 2018), mais supérieur à celui ayant frappé le PIB irakien (1,2 point avec un PIB de 224,28 milliards de dollars).

Pour rappel, le PIB libanais a commencé sa baisse depuis 2012, soit un an après le début du conflit syrien, selon les chiffres de la Banque mondiale. En 2019, année au cours de laquelle les premiers signes de la crise actuelle ont commencé à se manifester, le PIB libanais s’est contracté de 6,9 %, tandis que le gouvernement s’attend à ce qu’il recule de 13,8 % en 2020.

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La Banque mondiale liste enfin les moyens qu’elle estime nécessaires pour adresser ces questions, en recommandant notamment l’arrêt des politiques de court terme qui n’ont pas permis de doter le pays d’infrastructures suffisantes pour répondre à la crise. Elle recommande plutôt de miser sur une stratégie à moyen terme, comme par exemple instaurer des mesures de sécurité sociale.

Une approche régionale apportera les meilleurs résultats selon l’institution internationale, les problèmes et les opportunités étant transfrontaliers, comme l’infrastructure et le commerce de transit. Selon la Banque mondiale, l’histoire de la région du VIIe au XIXe siècles a montré que les « chocs démographiques » constituent des opportunités afin de créer des liens transfrontaliers, et de pénétrer ainsi plus facilement de nouveaux marchés.

À cela s’ajoutent les « asymétries » ou inégalités de richesse, avec une élite qui concentre une grande partie des richesses du pays (au Liban les 10 % les plus aisés possèdent 69 % de la richesse, selon l’étude du think tank The Triangle, de 1990 à 2016). Or, toujours selon la Banque mondiale, un accord supranational procurerait un sentiment de « sécurité » à cette élite qui serait davantage encline à entreprendre les réformes économiques et sociales nécessaires.

Alors que le Liban traverse la pire crise économique et financière de son histoire récente, un nouveau rapport de la Banque mondiale publié la semaine dernière rappelle que les malheurs du pays du Cèdre ne sont pas uniquement dus à la mauvaise gestion des dirigeants qui se sont succédé à sa tête ou à son système économique pas assez productif. Intitulé « The Fallout of the...

commentaires (2)

Secret de polichinelle. Nous sur place on le sait bien. C'est du vécu. Un constat. Du coup?? Vous êtes contents?? On continue comme ça ou on nous aide Syriens et Libanais une bonne fois pour toute??!!

Sybille S. Hneine

15 h 14, le 22 juin 2020

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Commentaires (2)

  • Secret de polichinelle. Nous sur place on le sait bien. C'est du vécu. Un constat. Du coup?? Vous êtes contents?? On continue comme ça ou on nous aide Syriens et Libanais une bonne fois pour toute??!!

    Sybille S. Hneine

    15 h 14, le 22 juin 2020

  • ET PUISQU,ILS LE SAVENT QU,ONT-ILS FAIT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 32, le 22 juin 2020

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