Il n’y a plus matière à finasser. Par quelque bout que l’on prenne ce pays, il se trouve toujours une crasse enfouie dans le fatras de l’esprit tortueux de ceux qui le pilotent. L’énigme de la semaine tourne cette fois autour d’une question lancinante : y a-t-il ou non du gaz, au fond du clapotis nauséeux ondulant au large de nos côtes ? Au-delà du scepticisme des uns et des assurances des autres, la réponse s’impose d’emblée : tout le monde s’en tape. Surtout le populo, qui en termes de gaz se contente depuis longtemps des lacrymogènes de la police et des flatulences lâchées çà et là par les enragés de la politique.
Mais cette fois la bataille sera homérique. Visons un peu le paysage : d’un côté un chef de parti aux chevilles enflées, de l’autre un seigneur féodal qui a pris le melon. Les deux hommes ne peuvent se blairer ni au propre ni au figuré. Chacun en revanche tire derrière lui une guirlande d’applaudisseurs dont les faciès très peu comestibles s’agitent sur fond de mer polluée et de montagne déboisée.
Il y a d’abord le Basileus, dit le Gendrissime, dit aussi « Moi j’voulais, mais on m’a pas laissé ». Sous perfusion permanente d’un quarteron d’émigrés, il a des démangeaisons présidentielles. Alors il rue dans les brancards, paye plus vite que son ombre, mais n’affiche jamais ses tarifs. Ce qu’il affiche, en revanche, ce sont les listes kilométriques de ses sous-fifres, dont on ne peut pas dire qu’ils ont des fins de mois difficiles.
Face à lui, Soliman le Franju, toujours fidèle à sa devise : « Au Nord c’était les curetons, la terre c’était les biftons, le ciel c’était saint Maron, et les hommes des meneurs de bas-fonds. » Prosyrien de charme et fier de son amitié avec le Tyranneau de Damas, il n’a jamais caché lui aussi son intention de poser sa rondelle sur le fauteuil présidentiel.
À voir ces deux-là s’agiter autour de ce misérable strapontin, on se croirait en pleine course à la Maison-Blanche. D’ailleurs pourquoi s’en priveraient-ils, tant qu’Istiz Nabeuh, lui, continue d’empiler les mandats et les triglycérides, affalé dans un autre fauteuil bien à lui celui-là ?
Alors avec un tel tableau, qu’importe qu’il y ait du gaz, de l’eau dans le gaz ou abondance de boissons gazeuses… De toute façon, les Libanais n’auront jamais le temps ne serait-ce que d’en renifler les premières émanations, avant que les larrons habituels ne l’aient pompé, englouti et vendu.
Faut absolument que les linguistes s’emploient à traduire cul-i en arabe.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (6)
Traduire un CUL-I en arabe serait tellement complexe, car ça demanderait au départ un CUL-I très élevé de celui qui oserait le faire, denrée assez rare dans le coin... Mais si cet exploit est accompli: la traduction pourrait ressembler à ceci: rapport entre le nombre de flatulences et les étincelles de neurones quotidiens!!
Saliba Nouhad
17 h 37, le 15 mai 2020