Dans les rues du Mont-Liban et de certains quartiers de Beyrouth, les déchets s’amoncellent déjà, rappelant aux riverains les très mauvais souvenirs de la crise des déchets de 2015-2016. Depuis la fermeture de la décharge de Jdeidé jeudi dernier, les poubelles de tout le Mont-Liban nord et d’une partie de la capitale traînent dans les rues, n’étant plus collectées par la compagnie Ramco. Vendredi, une réunion s’est tenue à l’initiative du Premier ministre Hassane Diab et du ministre de l’Environnement Damien Kattar. Elle a regroupé les présidents des conseils municipaux de Bourj Hammoud et Jdeidé (les deux localités de la décharge), ainsi que les députés du Metn. Aucune décision finale n’a filtré de cette réunion.
M. Kattar étant injoignable, Eddy Maalouf, député du Metn, affirme à L’Orient-Le Jour que les députés de la région ont exprimé le ras-le-bol des citoyens. « Nous ne pouvons plus être confrontés aux mêmes problèmes à intervalles réguliers, déplore-t-il. Il est nécessaire de mettre en place des solutions durables, quelles qu’elles soient par ailleurs. » Le député confirme que la discussion a principalement porté sur la solution d’urgence qui consiste à stocker les déchets en hauteur à Jdeidé afin de donner un sursis au gouvernement en attendant une solution plus durable (sachant que la réouverture de la décharge de Naamé n’est pas au point, selon ce qui a été déclaré durant cette réunion). Il souligne cependant que les municipalités sont appelées à donner leur accord en cas de prolongement de la durée de vie de la décharge de Jdeidé.
Interrogé par L’OLJ sur la question, le principal intéressé, Antoine Gebara, président du conseil municipal de Jdeidé-Bauchrié, assure que « la priorité est d’éviter une nouvelle crise des déchets dans les rues ». « Le gouvernement actuel ne peut être tenu pour responsable des ratages successifs des gouvernements précédents, poursuit-il. Voilà pourquoi nous avons informé les responsables qu’il existe certains endroits non encore totalement exploités sur les 325 000 mètres carrés de la décharge. Les déchets vont fatalement être stockés en hauteur, mais nous espérons que nous ne serons pas obligés d’atteindre un mètre supplémentaire. »
M. Gebara fait remarquer qu’outre la fermeture physique du site, les contrats avec l’entrepreneur – Dany Khoury – et la société de collecte – Ramco – sont arrivés à expiration. « Ces sociétés ont besoin de recevoir des documents officiels de la part des autorités si elles doivent prolonger leur durée de travail, ajoute-t-il. Mon estimation, c’est que des formalités seront engagées la semaine prochaine en vue de renouveler les contrats pour trois mois, ce qui donnerait un sursis au gouvernement. Nous aurions ainsi évité la crise de justesse… pour le moment. »
L’élu fait lui aussi part de son insistance en vue d’une solution durable parce que cette région a déjà payé plus que sa part la mauvaise gestion de ce dossier. Les deux décharges côtières de Bourj Hammoud-Jdeidé et de Costa Brava (au nord comme au sud de la capitale) étaient au cœur d’un plan de sortie de crise il y a cinq ans : saturés prématurément (Costa Brava a déjà été agrandie), ces deux sites, sources de nuisance pour de larges populations, n’ont pas ouvert la voie vers une sortie de crise, en l’absence de toute planification et de rationalité dans le traitement de ce dossier.
Dans l’urgence de la situation, le gouvernement doit choisir entre plusieurs options détaillées dans une étude qui lui a été présentée par le Conseil du développement et de la reconstruction en avril (voir L’OLJ du 1er mai) : elles consistent en plusieurs choix, allant de l’agrandissement partiel de la décharge de Jdeidé à une réouverture de la décharge de Naamé, fermée définitivement en 2016.
commentaires (4)
Vous avez rien compris!! La priorité est la construction du QG du CPL! a Nahr El Kalb!
Jack Gardner
12 h 10, le 04 mai 2020