La démocratie libanaise cache des usages souvent fort éloignés de ceux qu’on enseigne dans les manuels : Constitution cornecul sans cesse bidouillée au bénéfice de bouviers imbuvables ; lois électorales pondues tous les quatre ans pour changer la règle du jeu juste avant d’aller voter ; et, cerise sur ces gâteries gâtées, un président du Parlement indéboulonnable depuis 30 balais. Rien qu’en salaire, ce légataire universel de la République aurait déjà pu équiper en fibre optique et réseau 5G l’ensemble de la Békaa et du Liban-Sud.
Réalisant sans doute qu’il manquait une touche scandinave à notre praxis politique, Istiz Nabeuh a eu une idée. L’événement mérite à lui seul d’être signalé. Le concept est très simple et ne nécessite pas plus d’un neurone : insister lourdement pour faire passer une loi légalisant le cannabis thérapeutique, tout en moulinant frénétiquement son chapelet de plaisance. Il est vrai qu’en ces temps de chienlit économique et de clafoutis sanitaire, il n’y avait rien de plus urgent que de noyer dans les volutes de fumette les derniers cerveaux encore disponibles parmi ses partisans.
Déjà que les bouseux qui vont cultiver cette plante ne font pas la différence entre un ordinateur portable et un parapluie afghan, le taulier de la Chambre a la certitude qu’ils sauront extraire le cannabis médicinal et balancer le récréatif dans le caniveau. Surtout lorsqu’ils seront efficacement contrôlés par un État pas plus fichu de gérer les ordures ménagères que de maîtriser les cons finis qui refusent de se confiner.
Il n’en fallait pas plus en tout cas pour faire tousser les députés du Parti barbu, effarés à l’idée que le prix du pétard n’aille rejoindre les fonds abyssaux de la monnaie de singe locale. Contrairement à leurs collègues socialo-progressistes, qui eux croient encore aux vertus de l’État providence engraissé par la feuille de « Cannabis sativa ».
Avec quelques tours de manivelle de retard, les Libanais finiront par comprendre qu’au vu de leur pétrole qui ne vaut plus que de la roupie de sansonnet avant même d’être extrait, le chanvre du terroir – thérapeutique ou pas– garantira le retour du miracle économique. Quant aux patrons politiques, gageons qu’ils seront suffisamment défoncés pour se mettre d’accord sur tous les sujets qui coincent.
Ne manque plus que la feuille de réformes de Tonton Hassane pour rouler les joints.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (11)
La manne des Hébreux dans le désert du Sinaï et la manne dans la plaine du Hermel. Que le cannabis soit thérapeutique, médical, de kif ou pour le kief, il reste dangereux pour la santé. Selon des sources non-confirmées dans les milieux automobiles, des agents sont à la recherche d'une superficie de 10.000 m2 dans le région pour construite une usine de montage de voitures Rolls Royce et Bentley.
Un Libanais
19 h 13, le 24 avril 2020