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Nos Lecteurs ont la Parole

Les boutiques d’esprit

Nous nous conformons depuis un mois au confinement exigé par l’exécutif. Sans contester telle ou telle décision gouvernementale, l’ouverture des commerces de « première nécessité intellectuelle », par temps de confinement, est pour nous une priorité majeure.

Les libraires de profession, éditeurs, importateurs de livres et lecteurs se posent la question de l’utilité d’ouvrir les librairies de 8h à 11h seulement. La clientèle est ainsi confrontée à l’exigence de restreindre ses visites aux limites horaires prescrites. Or ces quelques heures matinales ne répondent nullement aux souhaits de la majeure partie du lectorat, même pour ceux dont la lecture de la presse représente un aliment complet.

Confinement, distanciations sociales, gestes indispensables de précautions minimales devraient suffire pour obtenir des heures d’ouverture plus commodes dans nos quartiers, où les acquisitions multiples et variées concernent les ouvrages scolaires, pratiques, philosophiques ou de littérature romanesque et d’évasion.

De mondialistes sauvages, nous sommes réduits à de sinistres confinés. Mais le confinement physique est une occasion idéale pour explorer l’espace infini de notre imaginaire et trouver le temps de l’occuper. Car ce temps précieux qui nous a toujours manqué est aujourd’hui à notre portée.

Le noyau dur de notre clientèle, pour ne citer que lui, mérite donc un aménagement horaire. Sans compter l’émergence d’un autre lectorat, hier improbable, qui pourrait se lancer dans une recherche introspective, mais réelle de ses premières lectures, ou de lectures longtemps délaissées, pour peu que l’on lui en donne le temps.

Nous tenons des boutiques d’esprit, comme on les appelait au XIXe siècle, et réclamons une extension significative des heures de fréquentation. Sans crainte de devoir endiguer les foules ou de contenir les marées humaines, car ces temps sont malheureusement révolus.

Alors, vital ou secondaire, le rôle du libraire par temps d’épidémie ?

Du livre « marchandise » au livre « ferment », il serait difficile de trancher entre comparable, indispensable et unique. Mais il est indéniable que ce ferment fait jaillir la réflexion, ou un bien-être qui nous fait oublier notre quotidien.

Le temps de la « résonance » d’Hermut Rosa vient succéder au temps de « l’accélération », et la Peste camusienne est épuisée.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Nous nous conformons depuis un mois au confinement exigé par l’exécutif. Sans contester telle ou telle décision gouvernementale, l’ouverture des commerces de « première nécessité intellectuelle », par temps de confinement, est pour nous une priorité majeure.Les libraires de profession, éditeurs, importateurs de livres et lecteurs se posent la question de l’utilité...
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