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Nos Lecteurs ont la Parole

Confinement : écouter l’appel de la nature

En ces temps de confinement j’apprends à goûter aux petites choses simples de la vie. Dès que le soleil réchauffe l’atmosphère je me promène sur la terrasse de ma maison pour prendre soin des rosiers qui bourgeonnent, signe de vie. Je me dis aussi que cette année je pourrais profiter des gardénias qui fleurissent au mois de mai alors qu’il m’est arrivé de programmer des voyages à cette même période et j’étais frustrée de ne pas voir s’épanouir ces fleurs odorantes. Réflexion banale, certes, mais en temps de corona tout est acceptable. Au loin, j’observe une chatte qui couve ses petits. Les oiseaux emplissent de leurs chants l’atmosphère purifiée et qui leur appartient désormais en exclusivité.

Certes, la vie s’est figée, mais elle ne doit pas pour autant figer notre cœur, notre esprit, notre corps. Le long de ces journées de solitude, la lecture, nourriture de l’esprit, rompt la monotonie des heures. Je reprends des classiques : Proust, Maupassant, Stendhal, l’incontournable Stephan Zweig ou des auteurs de nos jours, Leila Slimani, et notamment le dernier-né d’Amin Maalouf Le naufrage des civilisations, et je me demande ce que pourrait dire notre académicien de cette pandémie, lui qui parlait il y a dix ans du « dérèglement du monde ». Est-ce la réponse de la planète Terre de ce que nous en avons fait ?

La musique classique, des chansons à thèmes de Barbara, Ferrat, ou des variétés, sont aussi pour moi des moments arrachés à la solitude. S’offrir une marche dans la forêt de Yarzé me revigore.

« La nature est là qui t’invite et qui t’aime, plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours. Quand tout change pour toi, la nature est la même, et le même soleil se lève tous les jours » (Lamartine Le Vallon).

Appendre aussi à aimer le silence qui nous enveloppe. Baabda a toujours été une ville calme et paisible, mais certains soirs ce silence me semble chargé de menaces. Je souhaite des fois les embouteillages des matinées que l’on maudissait… J’avoue aussi que les carillons du dimanche de notre église paroissiale des saints Abda et Phocas annonçant les messes de 8h et de 10h30 me manquent, mais la prière est présente dans les cœurs.

Maintenir le contact avec les proches et les amis au Liban et au-delà des frontières est heureusement à notre portée et cela rompt la solitude. Par contre, le WhatsApp est trop envahissant et il faut jongler pour faire la distinction entre les vraies informations et les fake news. De même, passés les premiers jours de la pandémie, j’ai limité l’écoute télé concernant ce mal maudit. Par contre, garder le sens de l’humour est essentiel pour dédramatiser la situation et faire un pied du nez à ce virus, qui se veut invulnérable, et que l’homme vaincra par son intelligence et ses recherches scientifiques, à condition de se donner la main et de conjuguer les efforts.

En ces temps de Covid-19 et de l’isolement volontaire il est bien difficile aussi de lutter contre le détour au passé : plonger avec nostalgie dans des photos de famille, des lettres précieusement conservées, une paperasse qu’en tant que journaliste j’ai accumulée au fil des ans, sans me décider à tout balancer… En revoyant aussi des cartes d’invitation, de réceptions d’ambassades, d’expos, de concerts, de vœux... j’ai réalisé à quel point nous vivions ces dernières années dans une frénésie incroyable ; les activités culturelles, sociables et mondaines se suivaient sans relâche et dans l’opulence.

L’essentiel est de garder foi en l’avenir, se dire que le virus sera surmonté ainsi que nos multiples problèmes financiers, économiques et sociaux qui pèsent de tout leur poids sur les Libanais en ces moments difficiles. Comment ne pas rendre un vibrant hommage à tous ceux qui se dépensent sans compter pour lutter contre le Covid-19 : médecins, infirmiers, hôpitaux, Croix-Rouge, armée, FSI, sans compter les dons généreux et le rôle des ONG au secours des démunis.

Pas de recette magique pour vivre ces longues semaines de confinement. Chaque cas est à part, chaque situation nécessite d’inventer ses moyens pour surmonter le quotidien et regarder vers des lendemains meilleurs.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

En ces temps de confinement j’apprends à goûter aux petites choses simples de la vie. Dès que le soleil réchauffe l’atmosphère je me promène sur la terrasse de ma maison pour prendre soin des rosiers qui bourgeonnent, signe de vie. Je me dis aussi que cette année je pourrais profiter des gardénias qui fleurissent au mois de mai alors qu’il m’est arrivé de programmer des voyages...

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Talon! Vous puisez votre inspiration dans Achille Talon!

M.E

23 h 13, le 15 avril 2020

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Commentaires (1)

  • Talon! Vous puisez votre inspiration dans Achille Talon!

    M.E

    23 h 13, le 15 avril 2020

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