Rechercher
Rechercher

Société - Liban solidaire

Chauffeurs de taxi en détresse et familles défavorisées : la solidarité au rendez-vous

Alors que la crise économique fait rage depuis plusieurs mois, le confinement a mis de nombreux Libanais au chômage forcé. Nées récemment, des initiatives d’entraide citoyenne permettent aux plus nécessiteux de survivre, en attendant la fin de la pandémie.

« Servissak aal beit », une initiative pour offrir de l’aide alimentaire aux chauffeurs de taxi réduits au chômage à cause du confinement.

La détresse de ce chauffeur de taxi qui a brûlé son véhicule, mardi dernier à Beyrouth, après avoir reçu une amende, a eu l’effet d’un électrochoc quant à la précarité croissante de la société libanaise. Alors que la crise économique était déjà bien installée au Liban, le confinement imposé par les autorités pour contrer la propagation du coronavirus n’a fait qu’aggraver la situation. Sommés de rester chez eux, de nombreux Libanais ne peuvent plus subvenir aux besoins de leur famille et doivent désormais compter sur la générosité de leurs concitoyens pour survivre.Sur les réseaux sociaux, un appel a été lancé il y a quelques jours par un groupe de militants de la société civile désireux de venir en aide aux chauffeurs de taxi du pays dont la clientèle a disparu. À défaut de pouvoir manifester comme ils le faisaient avant les mesures de confinement, les jeunes de l’Observatoire populaire pour la lutte contre la corruption ont décidé de contribuer de manière positive grâce à la campagne « Servissak aal beit » (Service à domicile), en référence aux taxis-service qui sillonnent les rues du pays. Leur but ? Offrir des boîtes d’aide alimentaire de façon régulière aux chauffeurs de taxi et leur famille, et leur permettre ainsi de survivre en attendant le retour à la normale. En fin de semaine, le collectif avait réussi à collecter 6 millions de livres libanaises ainsi que 50 boîtes d’aliments.

« Les chauffeurs de taxi font partie des catégories les plus vulnérables de la société. S’ils ne travaillent pas tous les jours, ils ne peuvent pas s’acheter de quoi manger, tout simplement », explique à L’Orient-Le Jour un des volontaires sous couvert d’anonymat. Le groupe travaille en coordination avec des ONG et des associations afin de pouvoir cibler les personnes ayant besoin d’une aide urgente. « En ce moment, nos aides se concentrent surtout dans les régions de Baabda et du Kesrouan. Nous essayons d’aider ceux qui parmi les chauffeurs sont prioritaires, à savoir ceux qui souffrent de maladies chroniques ou qui louent leur véhicule ou leur appartement », explique le volontaire.



(Lire aussi : L’affaire du rapatriement des Libanais bloqués à l’étranger fait l’objet d’une récupération politique)



La première distribution de denrées alimentaires aura lieu mardi et ciblera 150 familles de chauffeurs. « Chaque caisse offerte contient des produits alimentaires qui peuvent servir une famille pendant 20 à 25 jours. On commence déjà à préparer la seconde livraison de caisses alimentaires », souligne le volontaire qui précise que le groupe travaille grâce à des donations de particuliers.

Sur les réseaux sociaux également, Mada, un collectif d’étudiants qui était actif pendant les manifestations, a décidé lui aussi de lancer une campagne pour les aides alimentaires à travers la page Facebook « Ketfi be ketfak » (Mon épaule contre la tienne).

« On ne peut pas manifester en ce moment, mais on veut faire bouger les choses en aidant les catégories les plus défavorisées qui se retrouvent sans travail et sans argent », explique Karim Safieddine, un des initiateurs de la campagne.

Plus de 50 volontaires se chargent d’acheminer les aides, principalement à Beyrouth et dans les cazas proches de la capitale, mais le groupe essaie d’élargir ses activités aux autres régions. « On a au moins 70 familles à qui on va distribuer des caisses d’aide alimentaire à partir de la semaine prochaine, souligne M. Safieddine. Nous achetons la nourriture grâce à des donations et en coopération avec des ONG. Ceux qui ne peuvent pas donner de l’argent ou des produits peuvent se porter volontaires pour l’acheminement des aides », ajoute-t-il.



(Lire aussi : Plusieurs essais seront nécessaires pour trouver le traitement au coronavirus, estime le professeur Jade Ghosn)



Les aides alimentaires en priorité
Du côté des ONG, l’association Banine, fondée par le basketteur vedette Fady el-Khatib, a également lancé une vaste collecte de dons il y a quelques jours dans le but de combattre la précarité induite par la crise économique et le confinement. Baptisée « 10 452 », en référence à la superficie du Liban, la campagne se promet d’aider « au moins 10 452 familles réparties sur l’ensemble du pays ». « À terme, nous espérons pouvoir venir en aide à trente à quarante mille familles dans le besoin, explique à L’OLJ Fady el-Khatib. Chaque famille que nous aidons recevra prochainement deux caisses de nourriture, une caisse de produits hygiéniques et une caisse contenant 5 kilos de pommes de terre et du pain. Chaque caisse devrait suffire à couvrir les besoins d’une famille pendant 3 semaines à un mois », souligne-t-il.

« Nous avons collecté les produits et nous sommes en train de les empaqueter en ce moment, confie M. Khatib, qui précise avoir reçu 16 000 demandes d’aide jusqu’à présent. Certains demandent des médicaments et de l’argent. Mais on préfère leur offrir de l’aide alimentaire pour qu’ils n’aient pas à sortir pendant la période de confinement. »

Si les initiatives privées fleurissent, qu’en est-il des aides de l’État ? Si le gouvernement a lancé mercredi un plan « d’aide sociale durable » de 12 milliards de livres pour venir en aide aux catégories sociales les plus lésées par les mesures de confinement, il n’en demeure pas moins que les initiatives des autorités dans ce domaine sont rares et qu’un grand nombre de Libanais n’ont pas de couverture sociale ou médicale.

Contacté par L’OLJ, l’ancien député Robert Fadel rappelle qu’il avait présenté en 2014 une proposition de loi pour établir un système d’aide pérenne via le ministère des Affaires sociales. « Cette proposition a été présentée à nouveau il y a quelque temps par la députée Paula Yacoubian. La mise en place de ce programme ne devrait pas être difficile puisque le ministère a déjà recensé les familles qui ont besoin de son aide », explique l’ancien député.

Selon M. Fadel, cette aide pourrait bénéficier à 300 000 à 500 000 familles sous le seuil de l’extrême pauvreté. « Ce projet n’a jamais vu le jour parce que la classe politique veut maintenir le clientélisme, et les partis veulent que l’accès aux aides passe par eux », déplore-t-il.



Lire aussi

I- Lui nous voit

La MEA prête à rapatrier les expatriés

Coronavirus : Nasrallah pour un "rapatriement étudié, rapide et sûr" des expatriés coincés à l'étranger

En France, plus de 600 Libanais veulent être rapatriés

La Quarantaine à Beyrouth, du rempart sanitaire du XIXe siècle à l’antre de la pollution du XXIe

À travers le plan contre le coronavirus, le Hezbollah envoie des messages dans trois directionsle décryptage de Scarlett HADDAD

La position du gouvernement sur les rapatriements fortement critiquée




La détresse de ce chauffeur de taxi qui a brûlé son véhicule, mardi dernier à Beyrouth, après avoir reçu une amende, a eu l’effet d’un électrochoc quant à la précarité croissante de la société libanaise. Alors que la crise économique était déjà bien installée au Liban, le confinement imposé par les autorités pour contrer la propagation du coronavirus n’a fait...

commentaires (3)

Bonjour, je pense qu'il faut rapidement organiser ce métier de chauffeur de taxi, qui est très pratique et caractéristique du Liban de la manière suivante : 1/ lister les chauffeurs par secteur, par exemple Daoura _centre ville, ou jounieh, hdaide etc... 2/leur donner chacun une tranche horaire. Ceci permettra en temps d'épidémie, à tous de travailler pour transporter passager par passager vers les commerces alimentaires, le corps médical etc, donc un minimum de travail journalier. On peut imaginer, comme à Chypre un système de réservation téléphonique :tu veux aller de Batroun chez ton Docteur à Gbeil, tu réserve l'aller retour par téléphone à un central téléphonique dédié.

SABBAGH IMAD

12 h 36, le 30 mars 2020

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Bonjour, je pense qu'il faut rapidement organiser ce métier de chauffeur de taxi, qui est très pratique et caractéristique du Liban de la manière suivante : 1/ lister les chauffeurs par secteur, par exemple Daoura _centre ville, ou jounieh, hdaide etc... 2/leur donner chacun une tranche horaire. Ceci permettra en temps d'épidémie, à tous de travailler pour transporter passager par passager vers les commerces alimentaires, le corps médical etc, donc un minimum de travail journalier. On peut imaginer, comme à Chypre un système de réservation téléphonique :tu veux aller de Batroun chez ton Docteur à Gbeil, tu réserve l'aller retour par téléphone à un central téléphonique dédié.

    SABBAGH IMAD

    12 h 36, le 30 mars 2020

  • IL Y A AUJOURD,HUI, AVEC LE CONFINEMENT, DES FAMILLES QUI SOUFFRENT. ELLES SONT TRES TRES NOMBREUSES. ELLES SONT CELLES DONT LE GAGNE-PAIN EST JOURNALIER ET CELLES DONT LES ECONOMIES SONT BLOQUEES ET VOLEES PAR LES PREDATEURS ET LSSSSOUSSSS BANQUIERS. QUE JUSTICE SOIT FAITE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 30, le 30 mars 2020

  • ...."Ce projet n’a jamais vu le jour parce que la classe politique veut maintenir le clientélisme".....

    Eddy

    09 h 22, le 30 mars 2020

Retour en haut