Malgré la multiplication des appels au rapatriement ces derniers jours, le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a affirmé vendredi que les Libanais se trouvant actuellement coincés à l'étranger ne pourront pas revenir au Liban avant le 12 avril prochain. Cette date est celle de la fin de la mobilisation générale, prolongée de deux semaines jeudi lors du Conseil des ministres, dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus au Liban. Dans ce contexte, l'aéroport de Beyrouth est également fermé jusqu'au 12 avril.
"Je sais qu'il y a des Libanais expatriés qui veulent rentrer dans leur pays parce qu'ils ont découvert que les mesures que le gouvernement a prises sont meilleures que celles adoptées par de nombreux pays où ils se trouvent. Nous nous réjouissons que les Libanais aient plus de confiance en leur pays. Je sais que les familles des expatriés sont préoccupées. Mais vous savez bien que nous avions accordé une période de quatre jours aux Libanais qui désiraient rentrer au Liban avant de fermer l'aéroport" dans la nuit du 19 au 20 mars, a déclaré le chef du gouvernement dans le cadre d'une tournée d'inspection à l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri à Beyrouth.
(Lire aussi : Derrière le gouvernement, l’ombre de Berry..., le décryptage de Scarlett Haddad)
"Aucune exception"
"Nous ne pouvons accorder aucune exception avant que le délai de la mobilisation générale ne prenne fin pour deux raisons : protéger les gens qui veulent rentrer, parce qu’une seule personne atteinte du coronavirus à bord de l'avion pourrait infecter un grand nombre de passagers, sinon tous ; et contrer la propagation de l’épidémie dans le pays, parce qu'une grande partie des infections est causée par des voyageurs contaminés qui sont rentrés au Liban", a-t-il ajouté. "La meilleure chose que ces expatriés puissent faire c’est de rester sur place, se confiner et se protéger. Ceci pour leur propre bien. Quoi qu'il en soit, nous examinons les possibilités de rapatriement à terme, et nous aurons une idée claire avant le 12 avril", a-t-il conclu.
Jeudi pourtant, le chef de la diplomatie libanaise, Nassif Hitti, avait indiqué que les Libanais se trouvant à l'étranger pourraient rentrer au Liban, à condition de subir au préalable des tests de dépistage pour éviter tout risque de propagation du nouveau coronavirus dans le pays qui a enregistré jusqu'à ce jour plus de 390 cas, dont sept décès. M. Hitti n'avait toutefois donné aucune date pour le retour des Libanais qui auraient été dépistés.
Vendredi, le directeur général de l'Aviation civile, Fadi el-Hassan, a publié une circulaire à l'attention de toutes les compagnies aériennes opérant à l'Aéroport international de Beyrouth, prorogeant la suspension de tous les vols commerciaux et privés jusqu'au 12 avril (compris), conformément à la décision prise par le Conseil des ministres dans le cadre de la mobilisation générale.
Berry appelle le cabinet à "réétudier" la question
La gestion par le gouvernement de ce dossier a été critiquée par plusieurs responsables de l'opposition, mais également par le président du Parlement, Nabih Berry, qui a appelé vendredi le cabinet Diab à se réunir "le plus rapidement possible" afin de réétudier cette question, mettant en avant le fait que des Libanais se trouvent dans des régions "ne disposant pas d'hôpitaux et ne suivant pas les règles les plus élémentaires en matière de soins de santé". Critiquant la décision prise hier par le gouvernement de ne permettre le retour que des Libanais ayant effectué un test de dépistage, il a déclaré à ce sujet : "Les tentatives de dilapider les dépôts de ces expatriés via l'adoption d'une loi régulant les contrôles des capitaux ne suffisent-elles pas ?" Il a encore reproché au gouvernement de vouloir "faire porter" aux expatriés souhaitant rentrer au Liban "le coût de leur retour, qu'il soit financier ou médical".
"Il est du devoir de l'Etat d'assurer le retour de ses ressortissants retenus contre leur gré à l'étranger", a écrit pour sa part le député de Tripoli et ancien Premier ministre Najib Mikati sur son compte Twitter.
Dans ce contexte, l'ambassade du Liban au Sénégal a annoncé que six Libanais installés dans ce pays d'Afrique de l'Ouest sont porteurs du coronavirus.
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commentaires (3)
La décision n'a pas dû être facile à prendre, mais il a raison...
NAUFAL SORAYA
19 h 17, le 27 mars 2020