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Nos Lecteurs ont la Parole - Mirna SABRA

Coronavirus : le rôle de l’ONU dans la guerre sanitaire planétaire

Le terme coronavirus désigne une grande famille de virus respiratoires ayant déjà causé des épidémies sévères comme celles du SRAS en 2002 ou du MERS en 2012. L’épidémie actuelle de Covid-19 est liée au coronavirus SARS-CoV-2. Le virus est apparu dans la ville chinoise de Wuhan en décembre 2019 et concerne désormais l’ensemble de la planète. Aujourd’hui, le monde entier fait face à une guerre sanitaire mondiale contre cette pandémie qui suscite de nombreuses inquiétudes, notamment dans les pays peu ou pas développés.

Le virus est arrivé au Liban en mars 2020 et se répand dans tous les pays, y compris ceux qui sont, économiquement, les plus fragiles au monde. Le principal défi du Liban est sa lente progression vers la reconstruction des institutions civiles et la mise en œuvre de la réforme économique, qui ont été encore entravées par l’instabilité politique existante depuis 2004. Les crises successives ont retardé la coopération entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le ministère de la Santé publique (MOPH) sur les points suivants : la préparation aux situations d’urgence, le rétablissement et le renforcement des services de santé, l’expansion de nouveaux projets tels que le système d’alerte précoce et de réaction (SAPR), la décentralisation et l’autonomisation des bureaux de santé régionaux.

Le Liban fait partie des pays qui n’ont pas les moyens de payer les factures d’eau, d’électricité ou les loyers de leurs citoyens durant la pandémie de Covid-19 comme le font certains pays européens. De même au Liban, le revenu minimal de subsistance n’existe pas, pas plus que l’aide au chômage, parce que l’État n’a pas les moyens. Dans cette deuxième partie du monde, entre coronavirus et se nourrir, l’homme choisira de se nourrir.

Oui, l’humanité entière affronte aujourd’hui un ennemi commun : le Covid-19. Ce virus n’épargne aucune nationalité, communauté, sexe ou religion. Sauf que tous les pays ne sont pas égaux face à cette pandémie. Il est de même indispensable que sur une partie de la planète on débloque des milliards de dollars ou d’euros pour qu’on puisse subvenir aux besoins essentiels. Alors que l’humanité partout dans le monde se bat soudainement pour sa survie contre un virus qui frappe partout et aveuglément, Washington a décidé de maintenir les sanctions contre l’Iran et a fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de lever les sanctions imposées à Téhéran. La Chine, pays qui a pris une grande place en Iran, a demandé aux États-Unis de lever leurs sanctions pour permettre à ce pays de lutter efficacement contre l’épidémie. Le domaine de la santé n’est certes pas soumis aux sanctions, mais l’Iran n’a plus accès aux marchés financiers et a donc du mal à se fournir en matériel médical provenant de l’étranger. « La pression accrue de Washington est un crime contre l’humanité », déclara un responsable iranien.

De plus, nous demandons aux États les moins riches et à leurs citoyens, souvent les plus exposés, à la fois de survivre au Covid-19, mais aussi de continuer à survivre économiquement et rembourser leurs dettes aux institutions internationales.

Le Conseil de sécurité de l’ONU ne peut pas rester si longtemps silencieux et doit réclamer une réunion en « extrême urgence » et sans délai pour aider le monde à lutter collectivement contre la propagation du coronavirus. L’ONU doit déclarer le monde en guerre contre ce virus et déployer partout des moyens égaux et uniformes afin de la gagner. Il faut, dans chaque pays touché, définir urgemment des aides financières, sans contrepartie et proportionnelles au foyer épidémique comme aux ressources du pays. Il faut également établir un système pour s’assurer que ces aides arrivent bien aux citoyens afin qu’ils ne meurent ni de faim ni du coronavirus. De cette solidarité entre les pays les plus riches et les plus pauvres, c’est la sécurité sanitaire de l’humanité tout entière qui s’en trouvera garantie.

Le Conseil de sécurité doit aujourd’hui s’engager non pas uniquement dans le combat du maintien de la paix, mais aussi du maintien de la vie. Il sait intervenir rapidement dans des conflits armés, mais se trouve figé et accablé devant une guerre sanitaire. Il se doit d’agir au nom du droit d’ingérence humanitaire, comme il le fait en envoyant les Casques bleus pour maintenir la paix. Il doit également rapidement lever des fonds pour le maintien de la vie et pour l’élaboration de plans d’urgence, en particulier dans les pays où les systèmes de santé sont les plus précaires.

Quant aux États, ils doivent uniquement dépenser pour sauver leurs citoyens et leur permettre de se battre. Le rôle des États est de montrer à leurs citoyens comment se battre, mais aussi de leur donner les moyens de le faire. Ce combat qui induit aujourd’hui le confinement des personnes pour ne plus être le vecteur de diffusion du virus est antinomique avec une vie économique normale. Le fait de fermer les frontières physiques quand le virus se fait trop présent fait certainement partie de l’arsenal de guerre. Mais, en parallèle, il faut ouvrir les frontières financières car il n’y a pas de guerre gagnée sans moyens financiers. Dans les pays les moins riches, il faut continuer à travailler, mais pas au péril de sa vie. Cette crise sanitaire majeure, mondiale, nous amènera inéluctablement à repenser le système dans lequel nous évoluons. Bien que la progression des technologies ait contribué à rapprocher les personnes et le monde, nous nous retrouvons aujourd’hui dans des mondes séparés, chacun luttant individuellement dans sa guerre contre le virus.

Cet appel part du Liban, mais il s’adresse, au nom de tous les pays les plus pauvres, au monde entier.

Docteure en virologie à la faculté de médecine de l’Université libanaise

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Le terme coronavirus désigne une grande famille de virus respiratoires ayant déjà causé des épidémies sévères comme celles du SRAS en 2002 ou du MERS en 2012. L’épidémie actuelle de Covid-19 est liée au coronavirus SARS-CoV-2. Le virus est apparu dans la ville chinoise de Wuhan en décembre 2019 et concerne désormais l’ensemble de la planète. Aujourd’hui, le monde entier fait...

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